Un effet protecteur inattendu

Cancer : le système immunitaire, agent double

Publié le 31/08/2009
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UNE « FAILLE » INATTENDUE dans l’immunosurveillance des cancers vient d’être mise en évidence par l’équipe de David Klatzmann du laboratoire « Immunologie-Immunopathologies-Immuno-thérapies » (UPMC/CNRS/Inserm). Il était admis jusqu’à présent que le système immunitaire avait pour rôle d’identifier les cellules anormales et de les détruire dès leur formation dans l’organisme. Un cancer ne se développait alors que lorsque les cellules échappaient à ce contrôle. L’équipe de David Klatzmann vient de montrer qu’il n’en est rien. S’il existe bien une immunosurveillance des cancers, c’est dans le sens surprenant d’une protection des cellules tumorales. Comme le système immunitaire le ferait pour n’importe quelle cellule normale de l’organisme.

La faute en reviendrait à un déséquilibre initial entre les lymphocytes T régulateurs, qui reconnaissent et protègent les tissus de l’organisme, et les lymphocytes T effecteurs, qui reconnaissent et détruisent les constituants étrangers. L’originalité de ce travail est en effet de s’intéresser aux interactions précoces du système immunitaire avec les cellules cancéreuses, à l’inverse de la plupart des études qui portent sur des stades avancés. Tandis que les lymphocytes T régulateurs sont suractivés en permanence pour protéger les tissus, les lymphocytes T effecteurs ne le sont pas au repos. Ainsi, les chercheurs ont montré chez l’animal que l’apparition de cellules cancéreuses déclenche immédiatement une réponse des lymphocytes T régulateurs. En reconnaissant des molécules exprimées aussi à la surface des « cellules du soi », ceux-ci protègent indûment les cellules cancéreuses de l’action des cellules T effectrices.

De plus, l’équipe de scientifiques a montré qu’en l’absence de ces lymphocytes T régulateurs, les cellules effectrices peuvent réagir de suite et détruire la tumeur. Cette découverte pourrait avoir un impact essentiel dans le développement de thérapies anticancéreuses et suggère une approche nouvelle via la vaccination préventive antitumorale.

Journal of Clinical Investigation,

3 août 2009.

› Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2681