« CERTES, la polémique autour du dépistage du cancer de la prostate est aujourd’hui dépassée, mais la véritable question qui reste posée est le choix de la stratégie à proposer au patient, déclare Roland Muntz, président de l’association nationale des malades du cancer de la prostate (ANAMACAP). Chaque proposition de dépistage doit donc s’accompagner d’une information claire et d’une possibilité de réflexion en cas de résultat positif pour ne pas s’engager à la légère dans une démarche thérapeutique. Un mode de prise en charge plus personnalisé et un choix éclairé du patient devraient permettre de rendre le dépistage « plus intelligent » à l’avenir. »
La mise en œuvre de nouvelles techniques diagnostiques (biologiques, moléculaires, imagerie) permet d’identifier les hommes à haut risque de cancer de la prostate et susceptibles de développer un cancer mortel ou altérant gravement leur qualité de vie. Elle permet aussi, à l’opposé, pour les hommes qui n’ont pas ce risque, d’éviter des examens et des traitements douloureux ou qui sont suivis de complications et de séquelles.
Selon les cas, le médecin dispose de plusieurs options thérapeutiques, mais la décision prise peut être perçue par le patient comme un processus complexe. « Trois critères apparaissent comme essentiels pour l’évaluation de la situation : les caractéristiques du cancer (valeur de PSA, taille et agressivité de la tumeur, présence ou non de métastases), le profil médical du patient, ainsi que ses préférences, d’autant plus que son choix doit intégrer les effets secondaires potentiels des thérapeutiques », précise le Pr François Haab (Hôpital Tenon, Paris). La stratégie de surveillance active et de traitement différé est désormais une nouvelle option possible dans la prise en charge de certains cancers localisés. Elle consiste à retarder la thérapie agressive et repose sur la possibilité de repérer les formes à évolution lente en suivant la cinétique de PSA. Le traitement différé jusqu’à douze mois ne modifie pas le pronostic, mais cette stratégie nécessite pour le patient d’accepter un risque lié à la sous-estimation éventuelle des critères d’évolutivité. Il paraît nécessaire d’encourager l’émergence de nouvelles techniques moins invasives ou réversibles (imagerie, ultrasons focalisés, hormonothérapie de courte durée…).
Le patient au cœur du choix thérapeutique.
Dès l’annonce d’un risque de cancer ou d’un cancer déclaré, le patient doit être informé de la multiplicité des traitements envisagés, de leurs avantages et de leurs inconvénients. Il doit participer aux choix thérapeutiques de façon responsable et active. Le Centre de diagnostic et de suivi des cancers de la prostate, créé à l’initiative de l’Hôpital Tenon, en juin 2009, propose les moyens les plus récents pour diagnostiquer et traiter précocement les cancers, tout en identifiant ceux à pronostic favorable qui ne justifient pas de traitement invasif. Ce centre d’expertise multidisciplinaire, unique en France, s’adresse aux hommes à haut risque individuel ou familial ou atteints d’un cancer à faible potentiel évolutif. À partir d’une démarche volontariste du patient, et en lien avec son médecin traitant, différents spécialistes vont mettre en commun leur compétence pour informer, conseiller, accompagner et surveiller de façon individualisée chacun des patients souhaitant s’impliquer dans sa prise en charge.
L’inscription au Centre se fait sur demande écrite du médecin référent en accord avec le patient. « Après un premier bilan incluant un examen clinique et des examens complémentaires, le coordinateur élabore un schéma personnalisé de suivi qui est expliqué lors d’une consultation », précise le Pr Olivier Cussenot responsable du Centre à l’hôpital Tenon. Les consultations de surveillance se poursuivent soit dans le Centre, soit à l’extérieur, en collaboration avec les médecins habituels.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques