À partir des données de l’OMS et d’Eurostat de 1970 à 2012, des chercheurs ont estimé la mortalité par cancer en 2018 en Europe, et en particulier en France, Allemagne, Italie, Pologne, Espagne et Royaume-Uni. Ils se sont intéressés aux cancers principaux : cancers de l’estomac, colorectal, du pancréas, du poumon, du sein, de l’utérus, de l’ovaire, de la prostate, de la vessie, leucémie, mais ont aussi pris en compte l’ensemble des cancers. Les chiffres ont été établis par un modèle de prévision et sont ajustés à l’âge.
Les résultats publiés dans « Annals of Oncology » mettent en évidence une baisse du taux de mortalité par cancer jusqu’en 2018 pour la plupart des localisations.
En 2018, ce taux est estimé à 128,8/100 000 chez les hommes et à 83,6/100 000 chez les femmes. Si le taux dimnue, le nombre de décès, lui, augmente de 3,6 % entre 2012 et 2018 (passant de 1 333 362 à 1 382 000), « principalement en raison du vieillissement de la population ».
Hommes et femmes ne sont pas égaux
Le cancer du poumon est le plus meurtrier aussi bien chez les hommes que chez les femmes, représentant en 2018 environ 20 % des décès par cancer. Cependant, hommes et femmes ne sont pas égaux face à ce cancer. Alors qu’entre 2012 et 2018, le taux de mortalité baisse de 13 % chez les hommes, il augmente de 5 % chez les femmes. Le cancer du poumon est en effet en constante augmentation chez les femmes depuis 1970, notamment en raison du tabagisme, dont la lutte reste une priorité. « Ce résultat est un véritable signal d’alarme. Tous les taux de mortalité vont dans le bon sens grâce aux actions de prévention, mais le cancer du poumon chez la femme fait figure d’exception. Il est temps que des mesures soient prises. Le tabac n’est peut-être pas le seul responsable », estime le Pr Fabrice André, oncologue médical à Gustave Roussy (Villejuif).
La seule autre augmentation notée entre 2012 et 2018 concerne aussi les femmes, avec une faible augmentation de 2,8 % du taux de mortalité par cancer du pancréas, peu significative. Chez les hommes, ce taux est stable. Pour tous les autres cancers, le taux de mortalité est en baisse, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les auteurs indiquent que les différences entre hommes et femmes s’expliquent notamment par la différence d’exposition aux facteurs de risque.
L’étude des taux de mortalité entre 1970 et 2018 a par ailleurs permis de montrer les tendances globales par cancer au cours des dernières décennies. Globalement, les taux de mortalité des différents cancers sont en baisse régulière.
Impact positif des mesures de prévention
Le cancer colorectal a fait l’objet d’une attention particulière, car des données hors union européenne ont montré « des tendances croissantes de l’incidence du cancer colorectal/mortalité chez les moins de 50 ans, contrairement aux tendances favorables à des âges plus avancés », explique les auteurs. Le taux de mortalité a diminué de 6,7 % chez les hommes (15,8/100 000 en 2018) et de 7,5 % chez les femmes (9,2/100 000) entre 2012 et 2018.
L’analyse du taux de mortalité par pays entre 1970 et 2018 a montré des inégalités. En effet, alors que les taux de mortalité par cancer colorectal chez les hommes et les femmes diminuent dans la plupart des pays, la Pologne et l’Espagne font exception, avec une augmentation jusqu’en 2002 puis un plateau. Le Pr Fabrice André ne s’inquiète pas de ces résultats puisque « la stabilisation montre que la tendance va dans le bon sens ».
L’analyse par tranche d’âge entre 1970 et 2018 révèle que chez les hommes de plus de 49 ans, le taux de mortalité a augmenté jusqu’au milieu des années 1990, avant de diminuer. Chez les femmes, une diminution régulière est constatée. Contrairement aux observations faites dans d’autres pays comme les États-Unis ou le Canada, en Europe, la mortalité chez les moins de 50 ans n’augmente pas, mais est stable depuis 2008.
« L’analyse du cancer colorectal illustre l’impact positif des mesures de santé publique, telles que le dépistage, et des nouvelles thérapeutiques en situation adjuvante », conclut le Pr Fabrice André.
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