LA SURVEILLANCE de la coqueluche en France est uniquement hospitalière, assurée par le réseau RENACOQ et depuis 1986 la maladie n’est plus à déclaration obligatoire. Devant la persistance d’une incidence élevée des cas de coqueluche observés chez de très jeunes nourrissons contaminés par des adolescents ou de jeunes adultes, un rappel vaccinal est recommandé depuis 1998 en France, entre 11 et 13 ans, et pour ceux qui ont échappé à ce rappel, un rattrapage doit être pratiqué à l’âge de 16-18 ans. En complément de la vaccination, la stratégie du cocooning, adoptée en 2004, consiste à vacciner les adultes au contact de nourrissons : ceux qui sont susceptibles de devenir parents dans les mois ou années à venir, ainsi qu’à l’occasion d’une grossesse ; la vaccination a ensuite été étendue à tous les membres de l’entourage familial (enfant qui n’est pas à jour pour cette vaccination et adultes n’ayant pas reçu de vaccination contre la coqueluche au cours des 10 dernières années).
L’enjeu est d’éviter la circulation de Bordetella pertussis dans la population des adolescents et des adultes. Toutefois, peu de données existent sur l’incidence de la coqueluche dans cette population.
Dans l’étude publiée dans « Eurosurveillance » (n° 5, 3 février 2011), Andrea Lasserre et coll. ont cherché à estimer cette incidence parmi les patients des médecins du réseau Sentinelles. L’objectif était aussi d’évaluer la faisabilité d’une surveillance renforcée par la participation des 1 294 médecins libéraux du réseau Sentinelles.
L’étude pilote a d’abord été menée auprès des médecins de Paris et d’Île-de-France entre mai 2008 et mars 2009. L’analyse porte sur les données transmises par 44 des 64 répondants parmi les 129 médecins de la région, un échantillon représentatif des médecins parisiens (sexe, âge, volume d’activité). Tous les patients âgés de plus de 13 ans présentant une toux récente mais persistant depuis plus de 7 jours accompagnée d’au moins un signe évocateur de coqueluche devaient être inclus. Un prélèvement nasopharyngé était ensuite réalisé au laboratoire s’il s’agissait d’une toux de moins de 21 jours puis analysé à l’Institut Pasteur ; la sérologie ne devait être effectuée que pour une toux de plus de 21 jours.
Parmi les médecins de l’étude, 34 ont inclus 230 patients. Huit des dix qui n’ont recruté aucun patient ont expliqué qu’ils suivaient les recommandations et que tous leurs patients ciblés par la stratégie du cocooning avaient été vaccinés contre la coqueluche. Une coqueluche a été confirmée chez 22,5 % des 204 patients pour qui un examen biologique était disponible. Une vaccination contre la coqueluche était évoquée pour 27 d’entre eux, documentée pour moins de la moitié (12). Trois des patients dont le carnet de vaccination mentionnait une vaccination avaient été vaccinés au cours des cinq dernières années, ce qui avait conduit le médecin à écarter le diagnostic de coqueluche.
Des adolescents mieux vaccinés.
Sur la base des données de l’étude, les auteurs ont estimé l’incidence de la coqueluche à 145 pour 100 000 habitants par an. Celle-ci semble en baisse par rapport à 1999 (l’incidence à Paris était de 866 pour 100 000). Il est difficile de dire, selon A. Lasserre et coll., si la diminution observée est due à l’impact des stratégies mises en œuvre. Une confirmation de la tendance au cours de prochaines années est nécessaire. Toutefois, ils notent que très peu de jeunes (entre 13 et 18 ans) ont été inclus dans l’étude – 4 l’ont été pour qui le diagnostic de coqueluche n’a pas été confirmé –, ce qui suggère que les adolescents sont mieux protégés que les adultes.
Les auteurs signalent par ailleurs des problèmes dans la réalisation des prélèvements naso-pharyngés. Certains laboratoires d’analyses médicales ne savaient pas les pratiquer chez l’adolescent et l’adulte, ce qui a pu conduire à une sous-estimation de l’incidence (26 patients n’ont pas pu être prélevés). A. Lasserre et coll. estiment qu’une surveillance par le réseau Sentinelles est souhaitable (9 170 000 Parisiens de plus de 13 ans), mais qu’elle ne pourra être possible que si une formation correcte des laboratoires est mise en place. À l’occasion de cette étude, l’Institut Pasteur a d’ailleurs adressé à tous les laboratoires une lettre décrivant la procédure à utiliser et une vidéo toujours disponible sur le site du CNR (www.pasteur.fr) explique la manière de réaliser le prélèvement.
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