Traiter les patients présentant une hypertension artérielle légère à faible risque n'apporte aucun bénéfice, selon une étude britannique publiée dans le « JAMA Internal Medicine ».
Pourtant, « les recommandations américaines et européennes préconisent la prescription d'un traitement antihypertenseur chez les patients souffrant d'HTA légère, en se basant en grande partie sur les résultats d'un essai à grande échelle ayant montré des bénéfices chez les patients à risque élevé », indique au « Quotidien » James Sheppard, premier auteur de l'étude.
Aucun bénéfice sur la mortalité
Au total, 38 286 patients ont été inclus entre 1998 et 2018. Tous présentaient une HTA légère chronique comprise entre 140/90 et 159/99 lors d'au moins trois mesures successives sur 1 an, et étaient considérés à faible risque. Les patients traités ont été comparés aux patients non traités, au cours d'une période de 5,8 ans.
Le traitement hypertenseur n'a été associé à aucun bénéfice, que ce soit en termes de mortalité (critère principal) ou de maladie cardiovasculaire. Néanmoins, une augmentation du risque d'événements indésirables a été observée, (hypotension, syncope, lésions rénales…).
Privilégier les mesures hygiénodiététiques
Interrogé par le « Quotidien », le Dr Thierry Denolle, président de la société française d'HTA (SFHTA) relativise ces résultats : « comme il s'agit de patients à faible risque, le bénéfice est nécessairement inférieur à ce qui a pu être observé pour des patients à haut risque. De plus, il n'y a rien de surprenant à constater davantage d'événements indésirables chez des patients traités ».
Pour le Dr Denolle, ces résultats ne sont pas à opposer aux recommandations, puisque « quel que soit le risque, les mesures hygiénodiététiques sont à privilégier pour retarder au maximum la mise en place du traitement médicamenteux ».
S'il ne s'agit là que d'une étude observationnelle, James Sheppard estime qu'« elle doit encourager les médecins et les patients à discuter des avantages et des inconvénients du traitement avant de décider de la meilleure façon de traiter cette maladie ».
JAMA inter Med. doi : 10.1001/jamainternmed.2018.4684.
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