Comme le relevait le doyen de la faculté de pharmacie de Strasbourg, le Pr Jean-Pierre Gies, lors de la cérémonie de signature avec la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin, les pharmaciens sont souvent les premiers professionnels de santé de proximité vus par les patients après leur séjour à l’hôpital, mais ne sont pas formés à les accueillir de manière spécifique, et ce d’autant moins que l’officine ne se prête pas toujours à des échanges confidentiels. Pour améliorer la situation, la faculté a d’ailleurs créé un diplôme universitaire dédié à l’accompagnement du patient cancéreux à l’officine (voir encadré).
Menées expérimentalement depuis deux ans et désormais officialisées, les rencontres patients/étudiants connaissent un grand succès auprès de ces derniers : « leur participation est volontaire, sans note d’évaluation, mais nous faisons salle comble », constate le Dr Nelly Etienne-Selloum, pharmacien MCU-PH au Centre de lutte contre le cancer Paul Strauss de Strasbourg. Elle note « le grand intérêt des étudiants pour cette nouvelle modalité pédagogique… notamment chez celles et ceux qui ne sont pas réputés pour leur assiduité ! »
Pour cette enseignante, trop de pharmaciens suivent des patients depuis des années sans savoir qu’ils ont eu un cancer, alors que la levée du silence et des tabous profiterait aux uns comme aux autres. Les huit « patients ressources » qui rencontrent les étudiants en pharmacie, sont des anciens patients formés par la Ligue au dialogue avec les étudiants. Ils rencontrent également des étudiants en médecine de second cycle, là aussi désormais de manière officielle, puisque la faculté de médecine a signé la même convention avec la Ligue.
Des mots simples et compréhensibles
Pour ces patients ressources, il s’agit d’aider les futurs professionnels à éviter les attitudes ou les paroles maladroites, et à manifester plus d’empathie aux malades. De plus, une véritable « coopération » entre le patient et le professionnel, y compris sur le plan humain, profite tant aux patients eux-mêmes qu’à la pratique du soignant. Ces échanges doivent aussi inciter les professionnels à parler aux patients avec des mots simples et compréhensibles.
À Strasbourg, les journées de rencontre étudiants/patients se déroulent peu avant les stages en officine, et constituent souvent, pour les premiers, leur première rencontre avec ce type de patients. L’émotion est parfois vive, car la confrontation avec certains parcours douloureux n’est pas forcément aisée pour des étudiants qui, même bien formés théoriquement, n’ont jamais vraiment rencontré de malades.
Les premières rencontres étudiants/patients semblent d’ailleurs porter leurs fruits, selon le doyen Gies. En effet, un étudiant strasbourgeois ayant suivi cette expérimentation vient de remporter le premier prix du concours national de commentaire d’ordonnance, qui portait sur un cas de patiente atteinte d’un cancer du sein : il a gagné en montrant, selon le jury, plus d’empathie que ses concurrents.
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