Antibiorésistance inexpliquée chez une tribu d’Amazonie

Par

Publié le 22/04/2015

Contre toute attente, des chercheurs ont découvert que les Yanomami, une tribu d’Amazonie, étaient résistants aux antibiotiques. Jusqu’alors, l’antibiorésistance s’expliquait par une exposition massive et/ou répétée aux antibiotiques, rendant les bactéries résistantes par un phénomène de sélection favorisant les gènes résistants. En l’occurrence, les Yanomami ont été choisis pour une étude, publiée dans la revue « Sciences Advances », parce qu’ils vivent quasiment coupés du monde extérieur, dans des montagnes reculées du Venezuela, qu’ils n’ont jamais pris un antibiotique ni même mangé d’animaux élevés aux médicaments. Or des échantillons (peau, bouche, selles) prélevés sur 34 membres de la tribu de 54 personnes, montrent qu’ils présentent des gènes 30 fois plus résistants aux antibiotiques que les autres, dont une demi-douzaine qui pourraient « inactiver des médicaments modernes ». Selon les chercheurs, le microbiome (les bactéries intestinales) des Yanomami a évolué de manière à lutter contre les toxines existant dans leur environnement et la structure moléculaire des bactéries pourrait être semblable à celle des antibiotiques utilisés en médecine moderne. Leur microbiome est aussi beaucoup plus varié que celui des communautés rurales du Venezuela et du Malawi, il a le plus haut niveau de diversités de bactéries jamais observé dans un groupe humain. « Ce résultat n’est pas surprenant puisque la variété du microbiome diminue lorsqu’on mange de la nourriture industrielle, lorsqu’on prend des antibiotiques ou encore lorsqu’on se lave les mains avec du gel antibactérien », précisent les chercheurs. L’étude note par ailleurs que les Yanomami sont généralement en bonne santé, ils ne présentent aucun cas d’obésité ou de malnutrition.