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Alunbrig

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Publié le 17/04/2020
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Une nouvelle thérapie ciblée dans certains cancers bronchopulmonaires enrichit l'arsenal thérapeutique.
Alunbrig

Alunbrig

La classe pharmacologique

Alunbrig renferme du brigatinib, un inhibiteur de tyrosine-kinase, et, plus précisément, de l’ALK. ALK est un gène normal de la cellule, pouvant devenir anormal par mutation (par translocation, également dénommée réarrangement) dans certains cancers du poumon non à petites cellules. Cette mutation concerne environ 3,5 % de ces cancers.

Les principales caractéristiques du produit

Ce médicament est indiqué, en 2e ligne et en monothérapie, après un prétraitement par crizotinib (Xalkori), dans le traitement du cancer bronchique non à petites cellules avancé (métastasé) présentant un réarrangement du gène ALK (ALK positif).

Alunbrig est présenté sous forme de comprimés dosés à 30, 90 ou 120 mg.

La posologie initiale recommandée est de 90 mg une fois par jour pendant les 7 premiers jours, puis 180 mg une fois par jour.

En cas d’interruption de traitement pendant au moins 14 jours, le même schéma devra être répété.

La survenue d’effets indésirables peut nécessiter une diminution de la posologie : 60 mg au lieu de 90 pour ce qui est de la première semaine, puis 120 mg (voire 90) ensuite.

L’emploi de ce médicament est déconseillé en cas de grossesse ou d’allaitement.

Le produit dans sa classe thérapeutique

En France, le cancer du poumon (85 % sont des cancers bronchiques non à petites cellules) représente le 2e cancer le plus fréquent chez l’homme (1re cause de décès entre 45 et 64 ans) et le 3e chez la femme ; et 1re cause de mortalité toutes populations confondues. Ce produit de deuxième ligne anti-ALK s’ajoute à l’alectinib – Alécensa et au céritinib – Zykadia. Les essais cliniques ont montré un taux de réponse objective de l’ordre de 50 %.

Le confort du patient

Les principaux effets indésirables sont représentés par une pneumopathie inflammatoire (surtout au cours des 7 premiers jours), une augmentation des CPK sanguines, de la lipase et de l’amylase, et une hypertension artérielle. À noter également le risque de bradycardie, de troubles visuels, de sensations vertigineuses et de fatigue, d’hyperglycémie, ainsi que d’une hépatotoxicité (surveillance des transaminases et de la bilirubine totale).

Vigilance au regard de possibles interactions médicamenteuses avec des inhibiteurs/inducteurs puissants du cytochrome CYP3A.

Les conseils du pharmacien

• Vérifier que les patientes en âge de procréer observent bien une contraception efficace non hormonale (à poursuivre au moins 4 mois après la dernière prise) ; même précaution requise pour les hommes traités ayant une partenaire en âge de procréer (et  3 mois après).

• Rappeler que les comprimés doivent être avalés entiers au cours ou en dehors des repas (s’abstenir de consommer des pamplemousses ainsi que leur jus).

• Qu’en cas d’oubli de dose ou de vomissement survenant après une prise, il convient de prendre la suivante au moment prévu.

• Rappeler l’importance de la surveillance clinique et biologique pendant le traitement.

Par Didier Rodde, pharmacologue

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3596