Présenté comme une alternative thérapeutique à la désensibilisation traditionnelle, le patch épicutané Viaskin pourrait combler un fossé médical jusque-là insatisfait. L’on connaît la recrudescence actuelle des allergies, et le problème de santé publique mondial qu’elles représentent : plus de la moitié des enfants des pays développés pourrait être touchés d’ici 2 015.
Si la technologie Viaskin apparaît aujourd’hui comme un traitement révolutionnaire, c’est qu’elle désensibilise le sujet allergique sans l’assujettir à un risque de choc anaphylactique : « on peut traiter sans aucun risque les patients super allergiques ou très fragiles, comme les très jeunes enfants » avance le Dr Pierre-Henri Benhamou, co-fondateur et Président Directeur général de DBV technologies. Une innocuité qui serait liée à l’administration transcutanée de l’allergène. Ce dernier, apposé sur la peau au moyen du patch, se concentre dans l’épaisseur cutanée sans franchir la barrière sanguine. La transmission est alors confiée aux cellules de Langerhans dont la mission est de rendre les cellules immunitaires progressivement tolérantes à l’allergène.
Utiliser la peau comme voie d’accès au système immunitaire, « personne n’y avait pensé » indique le Dr Pierre-Henri Benhamou. Et pourtant, « la peau est le lieu de nombreux échanges et des plus grandes concentrations de cellules immunitaires de l’organisme » explique-t-il. Déjà plusieurs études sont en cours, les plus avancées étant celles concernant le Viaskin Peanut, pour le traitement de l’allergie à l’arachide chez l’adulte et l’enfant. L’étude pilote Arachild, sponsorisée par l’APHP, a fourni ses premiers résultats en juin 2013 : 66 % des enfants de 5 à 11 ans étaient répondants. La réponse des adolescents était, en revanche, moins solide. D’autres résultats sont en attente, dont ceux de l’étude VIPES, étude pivot en phase IIb, qui aboutira à l’enregistrement du produit auprès de la FDA à l’horizon 2016. Pour une première commercialisation aux États-Unis aux environs 2018.
Très peu d’effets secondaires.
Tandis que les recherches avancent, d’autres pistes thérapeutiques fleurissent. Entre autres, l’allergie aux protéines de lait de vache (demande d’AMM prévue en 2017), l’allergie aux acariens (phase clinique prévue en 2015), l’œsophagite à éosinophiles, le vaccin contre la coqueluche, l’allergie aux pollens, l’hémophilie A, la maladie de Crohn, etc. C’est ainsi tout un pan de la médecine immunitaire qui s’apprête à parier sur cette nouvelle technologie brevetée. La durée du traitement est encore inconnue, mais pourrait se rapprocher de celle de la désensibilisation traditionnelle. Les effets secondaires ? Ils se réduiraient à une rougeur cutanée autour du patch. Quant à son efficacité, l’espoir est de taille, puisque les études montrent à ce jour une action épigénétique du patch sur les gènes inflammatoires. Ce qui laisse espérer une efficacité définitive de l’allergie après traitement. Mais les essais cliniques sont longs, et il faudra attendre quelques années avant de pouvoir proposer ce patch aux patients.
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Françoise Amouroux
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