L’ALLEMAGNE faisait partie des derniers pays européens, avec la Pologne et l’Italie, à réserver la pilule du lendemain à la prescription, en avançant principalement des raisons médicales et de sécurité. Le syndicat et les sociétés savantes de gynécologues, mais aussi l’Ordre, se sont toujours opposés à son switch vers l’OTC, et considèrent que sa prescription doit se faire dans le cadre d’une consultation globale, notamment pour prévenir une banalisation de la prise. À l’inverse, de nombreux mouvements féminins et certains partis de gauche incriminent, eux, le poids des traditions chrétiennes, voire des arrière-pensées natalistes dans l’attitude des médecins et des autorités face à la pilule du lendemain.
Quoi qu’il en soit, la polémique est désormais close, suite à la décision européenne qui sera officiellement validée le 6 mars, avec un switch effectif à partir du 15. Il concernera non seulement la spécialité Ellaone (Ulipristalacetate), objet de la décision européenne, mais aussi la pilule d’urgence PiDaNa (Levonorgestrel). Toutefois, l’Ordre des pharmaciens met en place des procédures et des check-lists de délivrance, qui ne pourront avoir lieu qu’à l’issue d’un conseil du pharmacien comprenant un interrogatoire protocolisé. Les associations de formation continue travaillent actuellement d’arrache-pied pour que les tous les pharmaciens aient pu recevoir cette formation d’ici la mi-mars.
Pour les pharmaciens, cette mise en vente libre constitue une victoire car elle renforce leur mission de conseil et d’information, alors même que certains médecins continuent d’estimer qu’ils ne sont pas à même de jouer ce rôle : ces derniers jours, plusieurs piques assez violentes ont encore eu lieu à ce sujet entre les deux professions, par médias interposés.
Les pharmaciens des pays voisins, notamment français, risquent par contre de perdre une partie de leur clientèle allemande venant acheter la pilule chez eux, dans les zones frontalières en urgence, mais aussi parfois lors de voyages planifiés, dans l’optique d’en avoir de côté. Depuis plus de dix ans, les revues féminines et les sites Internet expliquent à leurs lectrices qu’il est très facile d’obtenir la pilule du lendemain en France, et leur conseillent de le faire. L’un des principaux sites d’information sur la sexualité indique même aux lectrices ce qu’il faut demander, et comment le prononcer. Pour un gosier allemand en France, dire « Je voudrais la pilule d’urgence, s’il vous plaît », se prononce le plus simplement du monde : « Sche wudrä la pillüll d’ürschohs sil wuplä »… Un exercice vocal qui risque toutefois de perdre bientôt sa raison d’être.
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Françoise Amouroux
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