L’HTA touche plus de 12 millions de personnes âgées de 35 ans et plus. C’est la maladie chronique la plus fréquente en France, quatre fois plus que le diabète. Un hypertendu consulte son médecin généraliste six à dix fois par an, soit pour renouveler son ordonnance, soit pour soigner les maladies associées à l’HTA. Le cas d’un patient nouvellement diagnostiqué ne doit pas être banalisé par le corps médical ; les premiers instants de rencontre sont les éléments fondateurs de la réussite de la prise en charge. Or il se produit souvent une distorsion et une inertie thérapeutique mutuelle entre le médecin et le patient dès la consultation d’annonce.
D’après la dernière étude Flashs 2012, seulement 54 % des hypertendus suivent leur traitement convenablement. Déni de la maladie, trop de médicaments à prendre, crainte vis-à-vis des traitements, ignorance des objectifs à atteindre et des complications possibles, méconnaissance de leurs propres chiffres tensionnels…, les causes de mauvaise observance évoquées par les patients sont nombreuses. Seulement 41 % des hypertendus traités ont un appareil d’automesure tensionnelle, 49 % l’utilisent de temps en temps, 85 % ont fait prendre leur dernière mesure de pression artérielle par le médecin. Ceux qui respectent les recommandations de la « règle des 3 » (voir encadré) sont rares, et ils ne sont que 2 % à le faire correctement avant une visite médicale.
Le cap du 200e jour.
« Les patients manquent d’informations et de conseils, il y a encore trop d’incompréhension mutuelle, constate le Pr Xavier Girerd, vice-président de la Fondation de recherche sur l’HTA (FRHTA). La moitié des hypertendus qui ont débuté un traitement l’auront stoppé avant le 200e jour ; la grande période à risque dans l’observance est la première année, il faut passer ce cap. En cas d’abandon, le médecin doit reconduire le patient dans sa thérapeutique. »
Les chiffres le prouvent : 50 % des personnes traitées sont bien contrôlées, les médicaments sont efficaces, ils protègent et sont bien tolérés. En 2012, une monothérapie est prescrite chez 47 % des hypertendus, 35 % reçoivent deux médicaments, et 18 % trois et plus. « Les médecins prescrivent encore trop de monothérapies déplore le Pr Girerd. Les bi et trithérapies s’avèrent plus efficaces pour contrôler l’HTA, qui est le plus souvent une maladie multifactorielle. Malheureusement, en France, les autorités de santé refusent le remboursement des trithérapies, on a besoin de nouvelles molécules, mais il y a peu de programmes de recherche en cours. »
Les grands rendez-vous à ne pas manquer.
Le parcours du patient s’inscrit dans la durée, il doit comprendre l’intérêt de chaque visite chez le médecin, les préparer et les appréhender sereinement. Cette notion de temporalité conduit à fixer les grands rendez-vous à ne pas manquer pour qu’il s’implique davantage dans le suivi de son traitement. « Après le dépistage d’une HTA et la confirmation du diagnostic, le rythme et le contenu des consultations sont différents à chaque étape de la maladie, explique et détaille le Pr Jean-Jacques Mourad, past président du Comité français de lutte contre l’HTA (CFLHTA). Lors de la consultation d’annonce, le médecin donne les informations essentielles concernant la pathologie (définition, origine, conséquences, réversibilité, moyens thérapeutiques, objectifs à atteindre…). Ensuite, il ne faut pas rester sur l’inertie de l’annonce mais donner une dynamique à six mois avec des visites mensuelles. Le médecin dispose de six mois pour adapter le traitement jusqu’à obtenir un contrôle satisfaisant de la tension artérielle. Si l’équilibre se maintient, le suivi peut se poursuivre sur un rythme trimestriel ou semestriel. »
À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre l’HTA, le 18 décembre 2013, le Comité français de lutte contre l’HTA a lancé sa nouvelle campagne « Hypertendus : prenez vos consultations en main ! ». La nouvelle brochure éditée par le CFLHTA a pour objectif de faire comprendre au patient que chaque visite chez le médecin n’est pas un éternel recommencement. Il doit savoir au-devant de quoi il va et participer activement à sa prise en charge. Le livret donne tous les conseils nécessaires pour que chaque consultation soit réussie. Il est téléchargeable gratuitement sur le site www.comitehta.org.
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