Après avoir recommandé il y a un peu plus d'un an la recherche systématique d'un déficit en DPD chez tout patient avant la mise en place d'une chimiothérapie à base de 5-FU ou de capécitabine, l'Agence du médicament impose désormais ce test. S'il n'a pas été réalisé, le pharmacien ne doit pas dispenser les produits de chimiothérapie.
Les chimiothérapies utilisant les fluoropyrimidines, à savoir 5-fluorouracile et capécitabine, présentent un risque vital chez les patients présentant un déficit d'activité en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), l'enzyme permettant d'éliminer ces médicaments. Après avoir alerté sur ce risque début février 2018, puis recommandé le dépistage systématique de ce déficit un mois plus tard, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) le rend maintenant obligatoire. Elle rappelle que ce déficit en DPD est rare, il est estimé entre 0,05 et 0,1 % pour un déficit complet et entre 3 et 8 % pour un déficit partiel en population générale. En France, près de 80 000 personnes atteintes d'un cancer - principalement digestif, du sein ou ORL, sont traités avec une chimiothérapie à base de 5-FU ou de capécitabine.
L'ANSM a demandé une réévaluation européenne de ces médicaments pour renforcer leurs conditions d'utilisation. Dans l'attente de cet arbitrage, l'agence modifie les conditions de prescriptions et de délivrance qui sont désormais subordonnées à la recherche d'un déficit en DPD par le dosage du taux d'uracile par prise de sang. Le prescripteur doit mentionner « résultats uracilémie pris en compte » sur sa prescription et le pharmacien doit s'assurer de la présence de cette mention avant toute dispensation. L'ANSM, l'Institut national du cancer (INCa) et la Haute Autorité de santé (HAS) mettent également à disposition des patients une fiche d'information sur le déficit en DPD et le dosage à réaliser.
Ces décisions interviennent alors que quatre familles victimes de la toxicité de 5-FU ont déposé plainte contre X le 4 février dernier « pour homicide involontaire, blessures involontaires et pour mise en danger de la vie d'autrui » au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris. Elles reprochent aux autorités sanitaires de ne pas avoir recommandé ce test plus tôt. La recommandation de l'ANSM date de février 2018, celle de la HAS et de l'INCa de décembre dernier.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques