Véto pratique

Reconnaître les espèces de tiques pour prévoir les maladies vectorielles potentiellement transmises

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Publié le 20/04/2021

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Avec les beaux jours, les tiques sortent de leur torpeur et reviennent s’installer sur les herbes hautes prêtes à s’agripper sur les promeneurs ou leur animal de compagnie. Chaque espèce de tique peut potentiellement transmettre des maladies vectorielles à l’homme ou à l’animal. Pour prodiguer les meilleurs conseils à vos clients lorsqu’ils vous questionnent sur les tiques il peut être intéressant de connaître la répartition géographique, la période d’activité, les maladies transmises et d’avoir quelques notions des caractéristiques propres à chacune des principales espèces de tiques présentes sur le territoire national (et en Europe).

Rhipicephalus sanguineus
Crédit photo : FLS

Connaître la répartition géographique des principales espèces de tiques

Même s’il existe plus d’une douzaine d’espèces sur le territoire, 3 d’entre elles sont particulièrement répandues : Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus et Rhipicephalus sanguineus. Une petite dernière Hyalomma marginatum, commence à se développer dans le Sud peut-être en raison du réchauffement climatique.
Ixodes est présente partout en France sauf sur le pourtour méditerranéen où elle est peu abondante et à des altitudes > 1 200 m où elle ne se développe pas. C’est une tique qui aime l’humidité et se développe préférentiellement lorsque la température est comprise entre 7 et 20 °C (d’où 2 pics printemps/automne et une très faible activité été/hiver). Elle vit surtout en forêt, dans les sous-bois car elle craint la forte luminosité.
Dermacentor est abondante partout en France sauf sur le littoral (atlantique ou méditerranéen), ainsi qu’au niveau Midi-Pyrénées et en Corse. Elle est plus active aux températures comprises entre 12 et 25 °C. Elle vit surtout à l’orée des bois, dans les prairies et jardins, près des cours d’eau.
Rhipicephalus est la tique la moins répandue sur notre territoire, préférant les climats chauds, en particulier le pourtour méditerranéen, mais remontant de plus en plus le long de la vallée du Rhône. Elle aime la chaleur et est particulièrement active aux températures de 20 à 35 °C, soit toute l’année car elle a la particularité d’habiter dans les maisons (chenils, anfractuosités des murs…) !
Présente en Corse depuis plusieurs décennies, Hyalomma marginatum a fait son apparition sur le littoral méditerranéen, surtout la garrigue. Elle n’attend pas au sommet d’une herbe haute comme les autres mais court sur son hôte lorsqu’elle perçoit les vibrations du sol. Elle est principalement active en été.

Connaître quelques caractéristiques morphologiques de chaque espèce

Difficiles à reconnaître à l’état de larve, les tiques adultes gorgées (surtout les femelles) présentent chacune quelques particularités qui peuvent mettre sur la piste.
Ixodes, la plus répandue présente un très long rostre (pièces buccales) surmonté d’un petit écusson noir sur le dos. Lorsqu’elle est gorgée, l’écusson noir bien visible se démarque bien du reste du corps marron ou plus clair.
Dermacentor à un rostre plutôt court et rectangulaire. Elle est souvent de couleur brune et son corps présente des dessins en forme de « filet ».
Rhipicephalus a un rostre court en forme d’éventail et un corps brun, sans aucun dessin (attention à ne pas confondre les dessins de Dermacentor avec l’intestin de Rhipicephalus vu par transparence !)
Hyalomma marginatum a la particularité d’avoir des pattes rayées.

Connaître les maladies transmises par chaque espèce de tique à l’homme ou à l’animal

Les tiques sont des vecteurs de germes aussi bien chez l’homme que chez l’animal. Toutes les tiques ne sont pas porteuses de germes mais selon l’espèce, les germes transmis ne sont pas les mêmes (voir le tableau récapitulatif des germes potentiellement transmis).

Pour conclure

La connaissance de la répartition et de la prévalence des tiques dans votre région vous permet d’informer plus précisément vos clients sur les risques encourus, les méthodes de prévention et la surveillance en cas de morsure. L’arrivée du printemps est une bonne occasion d’insister à nouveau sur les mesures de prévention pour les animaux de compagnie (antiparasitaires externes) et sur la nécessité de retirer systématiquement toute tique plantée chez l’homme comme chez l’animal à l’aide d’un tire-tique. Insistez également sur l’importance de noter la date d’une morsure de tique et de surveiller l’apparition de symptômes au moins pendant 15 jours. En cas de doute la consultation immédiate du médecin ou du vétérinaire est essentielle.
L’INRAE et l’ANSES ont mis en place le programme CiTique où chacun peut aider (en signalant les morsures et en collectant les tiques) à en apprendre plus sur les germes et les maladies transmises par ces vecteurs. N’hésitez pas à partager cette information.

Dr Vet. Florence Almosni-Le Sueur