Les dermatophytes responsables de la teigne animale sont-ils aussi responsables de la teigne humaine ?
OUI : la teigne féline et canine est principalement provoquée par Trichophyton mentagrophytes (responsable de la teigne humaine de la barbe et du corps) et Microsporum canis (responsable de la teigne humaine du cuir chevelu), celle des NAC (cochons d’Inde et lapin en particulier) est due à T. mentagrophytes, celle des ruminants surtout à T. verrucosum (teigne humaine de la barbe). Toutefois la teigne des chevaux est principalement provoquée T. equinum, une espèce différente de celles qui infestent l’Homme, c’est pourquoi elle est moins souvent contagieuse pour ce dernier.
La contamination humaine par un animal atteint de teigne est-elle fréquente ?
OUI, la teigne est une zoonose assez fréquente même si les chiffres exacts des contaminations ne sont pas connus étant donné l’absence de déclaration obligatoire en cas de contagion humaine d’origine animale. Par exemple, la teigne représente la pathologie cutanée la plus fréquente des bovins ce qui explique les transmissions régulières aux professionnels de l’élevage (et aux vétérinaires). Outre la transmission directe de l’animal à l’homme, la dissémination des spores dans l’environnement ainsi que sur le matériel et l’extrême résistance de ces spores (jusqu’à 1 an) permet une contamination humaine indirecte efficace.
La teigne est-elle une mycose très contagieuse ?
OUI, en particulier pour les jeunes animaux ou les animaux immunodéprimés. Le plus souvent ce sont les animaux âgés qui contaminent les plus jeunes. Ainsi les teignes animales sont plus fréquentes dans les rassemblements animaux (élevages, chenils, chatteries, concours équestres…). Lors de transmission à l’homme, ce sont surtout les enfants et les personnes immunodéprimées (ou sous traitement immunosuppresseur) qui sont atteintes et présentent des lésions. Les contaminations interhumaines sont également possibles, mais dans ce cas ce ne sont pas les mêmes champignons qui sont incriminés, mais des champignons anthropophiles. En d’autres termes, un animal peut contaminer son maître mais ce dernier ne transmettra pas cette teigne à son entourage.
Les animaux contagieux sont-ils toujours porteurs de lésions ?
Les dermatophytes sont des champignons filamenteux se nourrissant de la kératine contenue dans les poils et les phanères (ongles, cornes). Ils se reproduisent en formant des spores très résistants qu’ils disséminent dans l’environnement et sur le matériel. Certains animaux présentent régulièrement des lésions lorsqu’ils sont infectés (chiens, bovins, chevaux) alors que d’autres, comme les chats et les NAC (cochons d’Inde, lapins) restent plutôt asymptomatiques. De ce fait, une lésion de teigne chez un enfant peut très bien avoir été transmise par contact avec son chat porteur asymptomatique ! Dans ce cas une visite de contrôle chez le vétérinaire de l’animal suspect s’impose (attention aussi aux teignes asymptomatiques des NAC élevés dans les salles de classe…).
Les lésions de la teigne sont-elles typiques chez l’animal ?
NON. Si la teigne du chien peut se manifester par de petites dépilations typiques rondes (« à l’emporte-pièce ») non prurigineuses, ayant tendance à une extension centrifuge, certaines lésions peuvent être bien plus étendues, recouvertes de croûtes, prurigineuses, rouges ou recouvertes de pellicules, nodulaires ; bref, elles peuvent ressembler à peu près à n’importe quelle lésion cutanée ! De ce fait, le diagnostic de certitude de teigne ne peut être établi que par un prélèvement au niveau des lésions et une mise en culture. Quant aux animaux asymptomatiques, plusieurs prélèvements de poils, répartis sur l’ensemble du corps sont nécessaires pour avoir des chances d’obtenir une culture positive.
Quelle est la conduite à tenir en cas de teigne animale ?
Étant donné le risque de zoonose, la première chose à faire, si une teigne animale est diagnostiquée, est de prendre des mesures d’hygiène de base : bien se laver les mains après chaque contact avec l’animal ou mieux porter des gants et une blouse pour le manipuler. Utiliser des serviettes à usage unique pour se sécher les mains. Ne pas dormir avec son animal pendant la durée du traitement !
Tous les animaux de la maison doivent être traités selon les prescriptions du vétérinaire qu’ils soient symptomatiques ou non. Il est essentiel de respecter scrupuleusement la durée du traitement prescrit (souvent longue et au minimum de 4 à 6 semaines, parfois plusieurs mois). Le traitement ne s’arrêtera qu’après la disparition des lésions ET l’obtention de 2 cultures négatives espacées de 4 semaines (après la disparition des lésions une culture est réalisée, si négative le traitement est interrompu et une nouvelle culture est réalisée 4 semaines plus tard. Si positive reprendre le traitement avec culture toutes les 4 semaines ; si négative arrêter le traitement). La tonte des animaux à poils longs peut être nécessaire (se fait chez le vétérinaire, avec élimination immédiate des poils). Le protocole thérapeutique associe un traitement oral (itraconazole généralement) à un traitement local (énilconazole à appliquer sur l’ensemble du pelage chez le chat et les NAC et non pas uniquement sur la lésion contrairement au chien ; efficace aussi chez les bovins et les chevaux) pour diminuer rapidement le nombre de spores du pelage et réduire les risques de contagion.
La désinfection de tout le matériel utilisé pour s’occuper des animaux est obligatoire (brosses, collier, laisse, serviettes, coussins de couchage, jouets, …) ainsi que de tous les endroits visités par l’animal (voiture, canapé, cage pour les NAC, litière, arbres à chats…) car des spores y sont régulièrement déposés. L’eau de javel est adaptée si les surfaces la supportent (attention l’odeur de l’eau de javel attire les chats qui viennent uriner dessus !). L’énilconazole peut aussi être utilisé sur les surfaces fragiles.
La désinfection de l’environnement est également essentielle : passage hebdomadaire de l’aspirateur (jeter le sac ensuite), désinfection hebdomadaire des sols qui le supportent avec de l’eau de javel diluée (1/10e). Il a été montré qu’il peut y avoir jusqu’à 1 000 spores par m3 d’air dans une maison où vit un animal atteint de teigne !
En cas d’apparition d’une lésion humaine, en particulier aux endroits de contact avec l’animal (bas du cou, bras…) consulter immédiatement un médecin et l’informer qu’un animal est porteur de teigne afin qu’il réalise des prélèvements pour vérifier si ce ne serait pas une transmission zoonotique. Par précaution, toute personne immunodéprimé, suivant une chimiothérapie ou atteinte d’une maladie chronique mal équilibrée (diabète) ainsi que les jeunes enfants et les personnes âgées devront éviter tout contact direct avec l’animal atteint.
La teigne peut-elle récidiver chez l’animal ?
OUI, mais en général cela est dû à une mauvaise observance du traitement (arrêté trop tôt) et à l’absence de décontamination de l’environnement.
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Françoise Amouroux
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