Quels produits pour soulager l’arthrose du chat ?

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Publié le 11/05/2023
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Bien que l’arthrose puisse toucher les animaux de tous âges (à la suite d’un traumatisme, un problème de surpoids, ou une activité physique trop intense), la dégénérescence du cartilage concerne plus de 80 % des chats de plus de 11 ans. Comme en médecine humaine, des avancées thérapeutiques majeures ont été réalisées ces dernières années dans la prise en charge de l’arthrose féline.

La difficulté de l’examen orthopédique et radiographique chez le chat complique le diagnostic

La difficulté de l’examen orthopédique et radiographique chez le chat complique le diagnostic
Crédit photo : BURGER / PHANIE

Expression clinique de l’arthrose : un chat n’est pas un chien !

Il est important de souligner la difficulté d’établir le diagnostic d’arthrose chez le chat. Contrairement au chien arthrosique qui exprime assez explicitement la maladie (démarche raide, réticence à la promenade, boiterie fréquente, difficulté à sauter ou monter les escaliers, agressivité), le chat reste plus discret. Cela reflète sa façon différente d’exprimer la douleur et surtout son activité plus nocturne que diurne. La boiterie est beaucoup moins fréquente chez le chat arthrosique. L’identification d’une difficulté locomotrice (difficulté à sauter ou descendre d’un fauteuil) ou d’une douleur est souvent déterminée par l’attention que lui porte son propriétaire : un chat qui souffre a plus de mal à se toiletter (poil terne), peut présenter de la malpropreté voire de l’agressivité. Il n’est pas rare que le propriétaire ne se rende que tardivement compte que son chat présente de l’arthrose.

Signalons enfin que la difficulté de l’examen orthopédique chez le chat et la faible corrélation radiographique avec le tableau clinique, compliquent l’établissement du diagnostic.

Des objectifs thérapeutiques médicamenteux et non médicamenteux

L’arthrose étant une pathologie incurable, l’objectif du traitement est plutôt de freiner et limiter l’évolution afin d’éviter l’aggravation des lésions et de la douleur qui impactent directement le confort de vie et le comportement du chat. Si les anti-inflammatoires occupent une place de choix, plusieurs mesures non médicamenteuses peuvent être proposées avec succès :

La mise en place d’un régime alimentaire adapté aux animaux en surpoids est souvent la première mesure préconisée, associée à un exercice régulier modéré.

Une plante médicinale d’Afrique du Sud aux propriétés anti-inflammatoires, l’Harpagophytum procumbens entre dans la composition de plusieurs spécialités contre l’arthrose. Elle est souvent associée à la glucosamine et la chondroïtine (ex. Cartimaxâ capsule chat/Labo MP ; Arthrovet chien et chat cps/Labbea).

La physiothérapie (massage, laser, cryothérapie) est intéressante chez le chat. Les massages, en particulier, sont faciles à mettre en place par les propriétaires et ont l’avantage de renforcer ses liens avec son animal.

Il ne faut pas oublier d’adapter l’environnement (gamelle et litière au sol, choix de bacs avec des bordures moins hautes, disposition de bacs à tous les étages, aide au toilettage, brossage régulier, couchage souple, rampes pour monter sur les canapés…) ce qui améliore notablement la qualité de vie du chat arthrosique.

Les compléments diététiques alimentaires chondroprotecteurs (à base de glucosamine et chondroïtine sulfate) sont très bien tolérés et classiquement conseillés en soutien, même si le nombre d’études attestant leur efficacité clinique chez le chat reste réduit (ex. Arthroplus chien et chat/Biocanina ; Arthrosenior chien et chat comprimés/Clément Thékan, Seraquin chat/Boehringer Ing…). Ils doivent être administrés pendant au moins 12 semaines.

Les acides gras oméga 3 comme l’EPA (acide eicosapentaénoïque) ou le DHA (acide docosahexénoïque), reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires, donnent aussi des résultats intéressants chez le chat arthrosique. On les retrouve seuls ou associés à la glucosamine et chondroïtine (ex. Seraquin Oméga Boehringer Ing. ; Complément alimentaire Oméga 3-6-9 Wamine…).

Quels sont les traitements médicamenteux disponibles pour améliorer le confort de vie des chats arthrosiques ?

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont démontré leur efficacité contre l’arthrose féline dans le cadre d’une utilisation de longue durée (au moins 4 semaines). Les principaux AINS prescrits incluent le robénacoxib et le méloxicam. Leur administration doit cependant rester sous surveillance vétérinaire pour s’assurer de leur bonne tolérance, notamment chez les animaux âgés présentant une atteinte rénale.

Récemment introduits en médecine vétérinaire, les anticorps monoclonaux anti-NGF sont une innovation majeure dans le traitement de l’arthrose. Le frunevetmab, (disponible depuis 2021 chez le chat, sous forme injectable à répéter tous les mois), est un anticorps monoclonal (MAB) félinisé ciblant le facteur de croissance nerveuse (NGF). Ses effets analgésiques sont équivalents ou supérieurs aux AINS. Il a été démontré que l'inhibition de la signalisation cellulaire médiée par le NGF soulage la douleur associée à l'arthrose.

Il n'y a pas encore de données d’innocuité sur l’association d’AINS et de frunevetmab chez le chat. Lors d’essais cliniques chez l'homme, une arthrose d’évolution rapide avait été rapportée chez des patients traités avec des anticorps monoclonaux humanisés anti-NGF à haute dose ou concomitamment à un traitement avec des AINS sur plus de 90 jours. L’équivalent de cette arthrose humaine à évolution rapide n’a pas été rapporté chez le chat.

Le traitement de l’arthrose du chat a beaucoup progressé ces dernières années. L’association de mesures non médicamenteuses (régime alimentaire contre l’obésité, exercice modéré, physiothérapie, compléments alimentaires chondroprotecteurs et mesures environnementales) aux AINS ou aux anticorps monoclonaux anti-NGF permet d’améliorer considérablement la qualité de vie, notamment des animaux âgés. La contribution des propriétaires dans la détection précoce des signes de douleur de leur animal est déterminante.

 

Dr Vet. Florence Almosni-Le Sueur

Source : Le Quotidien du Pharmacien