DEPUIS quelques jours, le président de l’Union nationale pour la pharmacie vétérinaire d’officine (UNPVO) ne s’en sépare plus. « J’ai toujours sur moi les courriers que les syndicats d’officinaux ont adressé aux ministres de la Santé et de l’Agriculture pour protester contre le sort fait aux pharmaciens vétérinaires, confie Guy Barral. Au cas où… » Car, il en est sûr, s’il n’est pas encore sérieusement inquiété par les inspecteurs du ministère de l’Agriculture, cela ne saurait tarder. Le président de l’UNPVO est en effet l’un des rares représentants de la pharmacie vétérinaire à pouvoir encore exercer son art librement, alors que pas moins de 215 de ses confrères ont reçu ces dernières années la visite d’inspecteurs et ont fait l’objet, pour la plupart, de condamnations. Le mobile de ces poursuites ? Une suspicion de compérage avec les vétérinaires et la mise en évidence d’irrégularités dans le cadre de la délivrance de médicaments destinés aux animaux. Pour les pharmaciens, la coupe est pleine. Dénonçant sempiternellement le conflit d’intérêt prescripteur-vendeur qui pénalise la santé publique, les officinaux revendiquent le découplage de ces deux activités et, avant tout, que cesse cette vague d’enquête vétérinaire opérée presque exclusivement sur leur seule profession.
Trois courriers, un même message.
Le message des pharmaciens spécialisés semble enfin avoir été entendu. Du moins par les syndicats d’officinaux qui viennent, chacun de leur côté, de solliciter un entretien avec la ministre de la Santé à ce sujet. Dans une lettre ouverte à Marisol Touraine et Stéphane Le Foll, Gilles Bonnefond a ainsi souhaité alerter les ministres sur les « profonds dysfonctionnements dans la distribution du médicament vétérinaire en France ». Pour le président de l’USPO (1), le conflit d’intérêt ne fait pas de doute. Et de rappeler que « le parlement européen s’est récemment ému des risques d’une surconsommation de médicaments vétérinaires en particulier d’antibiotiques dénonçant le conflit d’intérêt manifeste quand le prescripteur est bénéficiaire d’une rémunération directe ou indirecte sur les médicaments prescrits et vendus ». Les mêmes arguments, avancés sur le même ton, sont présents dans le courrier que Philippe Gaertner, président de la FSPF (2), a lui aussi adressé aux deux ministères.
Objectif, découplage.
Mais ce qu’il faut surtout noter dans ces interpellations, relève en substance Guy Barral, c’est que, au-delà du dossier vétérinaire, les syndicats affichent clairement leur sentiment que la profession est attaquée. Et ce, de façon inéquitable par rapport aux vétérinaires. « Alors que moins de 5 % des médicaments vétérinaires sont dispensés en pharmacie, les contrôles se multiplient actuellement dans les officines qui délivrent ces médicaments. Nos confrères ont le sentiment que des opérations de même ampleur ne sont pas diligentées dans les cabinets vétérinaires, pourtant distributeurs de la quasi-totalité des spécialités pharmaceutiques concernées », souligne ainsi la FSPF. Même message et même ressenti du côté de l’UNPF (3) qui, sollicitant par écrit un entretien avec la ministre de la Santé, « s’étonne de la méthodologie et de la sévérité des contrôles effectués ».
Les syndicats d’officinaux s’accordent enfin à dénoncer l’incompatibilité du conflit d’intérêt existant chez les vétérinaires avec la nécessaire maîtrise des prescriptions antibiotiques dans les élevages. Ils appellent de leurs vœux le découplage entre prescription et délivrance, du moins en ce qui concerne les antibiotiques à usage vétérinaire. « Si l’issue de la démarche est bien incertaine, déclare Guy Barral, on peut du moins se réjouir d’un début de prise de conscience dans l’opinion. Syndicats professionnels et presse grand public s’emparent désormais du sujet. L’espoir est permis. »
2) Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
3) Union nationale des pharmacies de France
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