Conseil à l’officine
Quelques définitions
• La rémanence : c’est une notion importante dans le cadre des traitements antiparasitaires puisqu’elle conditionne la fréquence de ces traitements. La rémanence correspond à la durée pendant laquelle le produit appliqué continue à exercer son action.
• Les puces : en particulier Ctenocephalides felis ou canis chez le chien et le chat, tandis qu’il s’agit de Pulex irritans chez l’homme. Petit insecte hématophage, de 2 à 4 mm et de coloration brun orangé à foncé, la puce n’est pas toujours visible à l’œil nu. Cependant, en brossant l’animal au-dessus d’un linge blanc, il est facile de mettre en évidence la présence des excréments des puces, petites particules noires qui deviennent rougeâtres après humidification du fait de leur composition sanguine. Et pour bien combattre ces parasites, il est important de connaître leur cycle de reproduction. Les puces ont besoin de chaleur et d’humidité pour se reproduire. Si les infestations peuvent avoir lieu toute l’année, un pic est observé du printemps à l’automne. Leur durée de vie adulte se situe entre 7 et 15 jours.
Les puces femelles pondent entre 300 et 2 000 œufs au cours de leur existence. L’incubation dure 3 jours à 3 semaines et donne une larve. Ces larves se développent à l’abri de la lumière, sur le sol, dans les moquettes ou les couchettes des animaux. Elles peuvent passer au stade adulte ou, si les conditions sont défavorables, persister pendant de long mois au stade cocon, ce qui explique parfois les réinfestations. Cette forme n’est pas détruite par les insecticides. À noter, les puces sont les hôtes intermédiaires d’un ténia, le Dipylidium caninum.
• Les gales : les gales sont des acariens observés chez de nombreux animaux, domestiques ou non. Chez le chien et le chat et notamment le chiot et le chaton, on observe plus fréquemment la gale démodécique (Demodex canis ou cati), se caractérisant par une dépilation et un risque de surinfection à staphylocoque. Le chien peut également être infesté par la gale sarcoptique (Sarcoptes scabiei), entraînant un prurit intense et une chute de poils. Les femelles creusent des galeries dans la peau de l’hôte, où elles pondent les œufs. Chez le chat d’extérieur, on peut citer la gale de la tête. Quelle qu’elle soit, la gale est très contagieuse. Une infestation de gale est souvent liée à de mauvaises conditions d’hygiène. Dans tous les cas, la suspicion d’une gale nécessite une consultation vétérinaire.
• La teigne : cette mycose causée par un dermatophyte est fréquente chez les chiots et les chatons. Elle est très contagieuse et se transmet à l’homme. Les lésions dépilantes commencent au niveau de la tête et des pattes. Elles sont sèches et inflammatoires. Il existe une forme inapparente, diagnostiquée à la lampe de Wood. La suspicion d’une teigne nécessite une consultation vétérinaire.
• La tique : cet acarien hématophage vit dans les endroits broussailleux, au sol ou dans les forêts. Tout au long de son cycle de développement, la tique nécessite un ou plusieurs hôtes, sur lesquels elle se fixe grâce à son rostre. Au cours de son repas sanguin, elle peut transmettre les agents infectieux de la piroplasmose (principalement par Dermacentor reticulatus), de la maladie de Lyme (principalement par Ixodes ricinus) ou de la babésiose (principalement par Rhipicephalus sanguineus). Le risque de transmission augmente avec la durée de fixation de la tique sur l’animal.
• Les aoûtats : encore des parasites qui se nourrissent de sang ! Les aoûtats apparaissent dans les jardins dès les beaux jours. Les larves, en cours d’engorgement, se regroupent par dizaines, donnant un aspect en poudre d’orange sur la peau de l’animal. Les piqûres provoquent une inflammation cutanée associée à un prurit intense. Ces lésions sont généralement localisées au niveau du pavillon auriculaire, des paupières et des espaces entre les doigts.
• Les poux broyeurs : contrairement aux poux suceurs, les poux broyeurs se nourrissent des squames de la peau et des débris cutanés. Observés chez le chien et le chat, ces parasites sont sensibles aux insecticides.
Un peu de physiopathologie
La DAPP.
Au cours de leur repas sanguin, les antigènes salivaires rejetés par les puces sont à l’origine de réactions d’hypersensibilité cutanée chez l’hôte. Il s’agit de la DAPP, dermatite par allergie aux piqûres de puces. Cette affection se manifeste cliniquement par un prurit intense, en particulier au niveau de la région dorsale, sur le dos de la queue, sur les membres postérieurs et au niveau abdominal. Les lésions de grattage risquent de s’infecter.
La piroplasmose.
Il s’agit d’une babésiose, causée par un protozoaire Babesia canis. Il est transmis par la tique. L’infestation a lieu dans les 3 jours qui suivent la fixation de l’acarien sur l’animal. L’agent infectieux parasite les globules rouges et est à l’origine d’une anémie auto-immune. Du point de vue clinique, la piroplasmose provoque une hyperthermie, des troubles digestifs et une perte d’appétit associée à des diarrhées, des urines foncées. Sans traitement, la piroplasmose est mortelle, avec une atteinte rénale et hépatique. Il existe un vaccin, notamment pour les chiens à risque de contamination élevée. Attention, cette maladie peut être observée plusieurs fois dans la vie d’un chien.
Le dipylidium.
Un cestode nommé Dipylidium caninum ! Ce parasite vivant dans l’intestin grêle du chien ou du chat est transmis par les puces. Plus précisément, la larve de dipylidium se développe chez la larve de puce et chez la puce adulte. Le chien ou le chat se contaminent, par léchage, en ingérant ces larves. Adulte en 4 à 6 semaines, ce ténia est à l’origine de carences en vitamines et en glucides, et d’une maigreur.
Les mots du conseil
Outre des conseils pour traiter une infestation non compliquée par les puces, les tiques et les aoûtats chez les chiens et les chats, l’officine est le lieu privilégié pour sensibiliser les clients sur la prévention de ces parasitoses. L’interrogatoire va permettre de cibler le produit adapté au mode de vie de l’animal, à son âge et à son sexe. La prévention permet, outre de limiter l’infestation, d’éviter les complications, notamment le risque de DAPP, de ténia, ou de piroplasmose. Autre règle, traiter l’animal ne suffit pas ! Il est indispensable de traiter les autres animaux et l’habitat, c’est-à-dire la niche, la couchette mais également la voiture, les coussins, les sols. Pour illustrer l’importance de traiter l’habitat, on peut expliquer le cycle de vie de la puce, et notamment l’existence des œufs et des larves sur le sol.
Pour retirer les tiques, il est recommandé d’utiliser un crochet spécial (Exitick, Tire-tic...) ou un feutre imbibé (Tick-away). Notons cependant que la littérature vétérinaire n’est pas unanime pour proscrire l’éther.
Les produits du conseil
Pour lutter contre les puces, les tiques et les aoûtats, le produit doit exercer une action à la fois insecticide et acaricide. Pour prévenir la réinfestation, il est important d’utiliser un produit ovicide et larvicide. Une partie de ces produits sont des médicaments. La délivrance de certains d’entre eux nécessite une prescription vétérinaire (Promeris Duo).
Le traitement contre les puces repose sur l’application d’insecticide d’action rapide et d’insecticide dont la rémanence est longue. Pour l’action rapide, on utilise un shampoing ou une lotion spray. Un conseil, les chats n’aiment pas les sprays ; on leur préférera une poudre. Pour les animaux à poils serrés, on recommande particulièrement le shampoing mousse. Shampoings et lotions s’appliquent sur tout le corps, à rebrousse-poil.
Pour une action prolongée.
Pour obtenir une action longue, on utilise les formes spot-on ou les formes orales en comprimés. Le spot-on est appliqué entre les omoplates de l’animal, partie inaccessible au grattage. La pénétration se fait par voie transcutanée. Le délai d’action est de 24 à 48 heures. L’action est systémique. À noter que la protection est toujours plus courte contre les tiques (1 mois) que contre les puces (2 mois). Parmi les molécules utilisées en spot-on, on peut citer le fipronil (Frontline, Tick Puss), la perméthrine (Pustix Duo), l’imidaclopride (Biocanispot, Advantix) et le pyriproxyfène. Elles agissent en bloquant la transmission nerveuse, entraînant la paralysie puis la mort du parasite. Ces actifs peuvent être associés à un produit ovicide et larvicide, comme le méthoprène (Frontline Combo), qui inhibe le développement et la métamorphose des larves ainsi que la fécondité des femelles. Pour traiter particulièrement l’habitat (panière, niche, coussin, voiture…), on conseillera un fogger et un spray (Advanthome). Les colliers anti tique (Scalibor, Biocanina, Clément-Thékan...) apportent une protection durable contre les parasites.
Insecticides et insectifuges.
Parmi les molécules administrées en comprimé, le lufénuron (Program) inhibe le développement de la puce en bloquant la synthèse de chitine, constituant de l’exosquelette de l’insecte. Ce médicament peut être utilisé chez le chien et le chat, dès le sevrage.
Les colliers antiparasitaires sont également polyvalents contre plusieurs parasitoses externes. Le Propoxur (Biocanina) par exemple est un anticholinestérasique. Attention, il est contre-indiqué chez la femelle gestante ou allaitante. Les autres actifs sont généralement des organophosphorés. Les colliers exercent une action prolongée, de 2 à 4 mois mais en pratique, il est recommandé de changer le collier toutes les 4 à 6 semaines. Selon la taille de l’animal, son pelage ou son mode de vie, le collier peut être insuffisant du fait de son rayon d’action restreint.
À côté des insecticides, on citera les insectifuges tels que la bioalléthrine (Pulvo-Insectol Biocanina aérosol), un dérivé d’extrait de plante, ou le feutre Tick-away aux huiles essentielles de Neem, de lavandula et de pélargonium.
Pour les jeunes chiens et chats, il faut noter que le fipronil (Frontline en flacon spray de 100 ml) ou la tétraméthrine en shampoing ou poudre peuvent être utilisés dès la naissance.
Enfin, il faut retenir que la perméthrine est contre-indiquée chez le chat.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques