Environnement

Migrateur cherche boussole

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Publié le 12/03/2018
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Depuis que l'homme a pu le raconter, et sans doute même avant, quelque 150 000 grues cendrées quittent chaque automne les plaines d'Europe de l'Est et de Russie, où elles ont nidifié, pour rejoindre l'Éthiopie pour quelques mois. Et depuis autant de temps, les échassiers rejoignent chaque printemps leurs prairies d'origine. Avec la même régularité, elles font sur leur trajet une halte de quelques jours au nord d'Israël pour reprendre leurs forces.

Oui mais voilà, depuis une vingtaine d'années, ce qui était une simple pause dans leur périple, devient un séjour longue durée. Cet hiver, près de 50 000 grues ont ainsi carrément posé leurs valises dans une vallée de Haute Galilée. Les migrateurs seraient-ils en train de perdre le nord ? D'une certaine façon, oui. Mais la responsabilité de l'Homme est clairement évoquée par les observateurs du phénomène. Au niveau planétaire d'abord, car le réchauffement climatique rend plus difficile pour les oiseaux la traversée du Sahara. Mais aussi au niveau régional, car la réserve de Houla (Israël, Haute Galilée), ou hivernent désormais les grues, est bien plus accueillante que les sables du désert. Les marécages des années 1950 y ont été asséchés peu après la création de l'État d'Israël et le lac et les marais offrent aujourd'hui un environnement attrayant pour nombre d'espèces.

Ce constat n'est pas isolé, rappellent les spécialistes. De nombreux oiseaux migrateurs ont déjà modifié sensiblement leurs plans de vol à cause du réchauffement planétaire. Mais toutes les espèces ne réagissent pas de la même manière, précisent les ornithologues. Ces vingt dernières années, certains passereaux, ont décalé de deux ou trois jours par décennie les dates de leur voyage. Mais une étude menée sur 5 espèces de migrateurs, dans une zone et durant une période donnée, a montré que les oiseaux n'ont pas la même capacité à percevoir un changement dans l'environnement et à s'y adapter rapidement. Et donc à y survivre. La capacité d'adaptation comme facteur de survie. Le principe vaut aussi pour l'Homme, non ?

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3418