Cas de comptoir
Le contexte : « J’ai découvert des puces sur mon chien. Qu’est-ce que vous avez comme traitement efficace ? »
Votre réponse : Plusieurs traitements existent : les comprimés anti-puces s’administrent lors de l’infestation pour éliminer les puces présentes sur l’animal. L’effet est rapide car 95 % des puces adultes sont éliminées dans les 6 heures et les 5 % restants dans les 24 heures. Le comprimé doit être administré directement dans la gueule de l’animal ou bien mélangé dans un peu de nourriture. D’autres traitements curatifs sont disponibles comme les sprays ou les shampoings. Tous sont à associer à des moyens de prévention, tels que les pipettes ou les colliers anti-parasitaires afin d’éviter de nouvelles infestations.
Quelques définitions
Cestode : Ver plat à corps segmenté, parasite de l'intestin de l'homme et de certains animaux, muni de ventouses et de crochets à l'extrémité céphalique et se nourrissant par osmose. Les principaux cestodes infectant les chiens sont les ténias, les échinocoques, transmissibles à l’homme, et les dipylidium, à l’origine de démangeaisons anales.
Nématode : ver rond et effilé colonisant le tube digestif des animaux. Trois espèces peuvent parasiter les chiens : les ascaris, touchant notamment les chiots, les ankylostomes, se fixant au niveau de l’intestin grêle et pouvant être transmis aux hommes, ainsi que les trichures, se fixant au niveau de la paroi du côlon.
Puce : Insecte hématophage appartenant à l’ordre des siphonaptères, sans aile, de petite taille (1 à 4 mm), au corps aplati latéralement, favorisant son déplacement dans le pelage, et aux pattes postérieures longues et adaptées au saut. Les espèces retrouvées généralement sont Ctenocephalides felis, puce du chat et du chien, et Ctenocephalides canis, spécifique du chien et plus fréquemment rencontrée dans les zones froides du Nord Est.
Pulicose : Prurit lié au déplacement des puces dans le pelage de l’animal et à l’action irritative de la salive
Tique : Acarien hématophage, possédant quatre paires de pattes aux stades nymphe et adulte, se fixant sur la peau des ruminants, des chiens et parfois de l’homme grâce à un rostre hérissé de spicules. Ils ne piquent pas mais dilacèrent la peau des hôtes et sucent leur sang par leurs chélicères, proches de la bouche. Les trois espèces fréquemment retrouvées chez le chien sont : Rhipicephalus sanguineus (tique des chenils), Dermacentor reticulatus et Ixodes ricinus, la plus répandue en France.
Un peu de physiopathologie
Cycle de la puce
La puce vit entre un et trois mois. Le cycle de reproduction dure un mois et débute par le repas sanguin qui stimule la ponte. Les puces se reproduisent ensuite très rapidement, 48 heures après leur repas sanguin, et pondent quelques centaines d’œufs. Ces derniers, blancs et de petite taille, tombent de l’hôte et contaminent l’environnement : litière, tapis, planchers, tissus… Vient alors le temps de l’éclosion des œufs, libérant des larves vermiformes et photophobes. Le stade larvaire se déroule en trois temps pour aboutir à la formation de nymphes protégées dans un cocon, puis de puces adultes. En cas de conditions défavorables, les nymphes survivent jusqu’à 6 mois.
Cycle de la tique
Le cycle complet de la tique, durant 3 ans, se compose de trois stades de développement : larve, nymphe et adulte. Après s’être accouplée sur un animal, la femelle, gorgée de sang, tombe au sol et pond ses œufs. Au bout de 20 à 50 jours, les larves éclosent des œufs et parasitent un autre animal de type rongeur. Les larves effectuent alors un nouveau repas sanguin puis une mue au niveau du sol pour atteindre le stade nymphe. Après la fixation sur un nouvel hôte, une 2e mue permet la transformation des nymphes en tiques adultes. Ainsi, à chaque stade du cycle, la tique prend un unique repas sanguin, durant entre 2 et 15 jours, en changeant d’hôte, alors que la phase de métamorphose se déroule toujours dans l’environnement.
Maladies transmises par les puces et les tiques
Les puces et les tiques étant hématophages, une contamination massive sur des jeunes animaux peut provoquer une anémie.
On parle de Dermite par Allergie aux Piqûres de Puces (DAPP) en cas de réaction allergique à la salive des puces, chez les chiens et les chats. Seules quelques piqûres suffisent à provoquer un prurit intense, la survenue de papules, de croûtes voire la chute des poils, notamment au niveau des régions dorso-lombaire et abdominales mais tout le corps peut être atteint.
Les puces peuvent également transmettre des cestodes du type, Dipylidium caninum chez le chien. Les signes cliniques sont : prurit anal caractéristique du « signe du traîneau », démangeaisons cutanées au niveau des flancs liées à l’irritation des terminaisons nerveuses de l’intestin grêle et troubles digestifs. La présence d’anneaux en forme de grains de riz, au niveau de la marge anale, signe le développement du vers dans l’intestin.
La bactérie Bartonella henselae est également transmise par la puce du chat. Elle est responsable de la maladie des griffes du chat, responsable d’une atteinte bénigne de l’état général chez l’homme contaminé en cas de griffures.
Les tiques sont connues pour transmettre différentes maladies, en tête, la maladie de Lyme ou borréliose, commune à l’homme et au chien. Il s’agit de la bactérie Borrelia burgdoferi, transmise par la tique au cours de la piqûre, asympatomatique et qui est responsable ultérieurement d’une arthrite, d’une claudication intermittente, de fatigue et de perte d’appétit. Sans traitement antibiotique (d’une durée d’un mois minimum) par bêtalactamines ou tétracyclines, des atteintes cardiaques, nerveuses ou rénales peuvent survenir.
Autre maladie, la piroplasmose ou babésiose, résultant de la transmission du protozoaire Babesia canis par la tique chez le chien. Le pouvoir pathogène du parasite a un tropisme marqué au niveau des globules rouges, engendrant une anémie et une hémolyse. Le chien présente alors une apathie, une hyperthermie, des troubles digestifs, une pâleur des muqueuses et un ictère. La protection repose sur l’administration d’un vaccin, dès l’âge de 5 mois, avec un rappel annuel ou semestriel selon le risque épidémiologique. En cas d’infection, le traitement curatif consiste en l’injection d’imidocarbe, un antiparasitaire sanguin.
Enfin, chez les chats, les puces et les tiques peut aussi transmettre un mycoplasme, Mycoplasma haemofelis ou Mycoplasma haemominutum, responsable de l’hémobartonellose féline. Les parasites, en se fixant et détruisant les globules rouges provoquent une anémie hémolytique dont l’issue peut être fatale sans traitement antibiotique.
Les mots du conseil
Les périodes à risques des puces et des tiques
Les puces se sont adaptées à tous les environnements extérieurs et intérieurs. Elles peuvent donc être retrouvées toute l’année. Cependant, les pics d’infestations les plus importants se situent au printemps et à l’automne. Il est aussi fréquent d’observer des invasions au retour de vacances ou en cas d’habitation dans des logis inhabités depuis quelque temps. La nouvelle présence d’hôte, signalée par les pas et la libération d’acide carbonique, permet la libération des nymphes en dehors de leur cocon.
Les pics d’infestations les plus importants se situent au printemps et à l’automne (puces)
Des températures situées entre 0 et 20° et un certain degré d’humidité, telles sont les conditions pour le développement des tiques. Le printemps et l’automne sont ainsi les deux saisons d’infestation. Les tiques sont présentes dans les herbes, broussailles, forêts mais aussi dans les haies et parcs.
La mise en évidence des puces, des tiques et des vers
En brossant le pelage de l’animal (à rebrousse poils ou à l’aide d’un peigne fin), les puces peuvent être repérées au niveau de la croupe, derrière les oreilles ou à l’intérieur des cuisses. Leur déjection, en forme de petits tortillons noirs, traduit leur présence sur l’hôte. En les écrasant sur un papier absorbant humidifié, des traînées rouges vont apparaître, confirmant l’infestation. Rappeler qu’une puce repérée sur l’animal n’est pas isolée et qu’une centaine se situe dans l’environnement.
En cas d’exposition au risque d’infestation par une tique, l’animal doit être soigneusement examiné. Si une tique est accrochée au pelage de l’animal, elle doit être éliminée afin d’éviter son engorgement, sans utiliser de l’alcool, de l’éther ou des sources de chaleur. En effet, ces moyens se révèlent inefficaces et facilitent la régurgitation des tiques et la transmission d’agents pathogènes. Seul le tire-tique est recommandé pour décrocher avec succès la tique.
Quant aux vers, ils sont plus difficiles à détecter même s’ils peuvent être retrouvés dans les selles ou au niveau de l’anus. Ce sont davantage de symptômes qui peuvent alerter telles que des démangeaisons, une baisse de l’état général (fatigue, perte éventuelle d’appétit, amaigrissement), des douleurs abdominales, des diarrhées et des effets dermatologiques comme le poil terne.
Les autres parasites externes
Outre les puces et les tiques, les animaux de compagnie peuvent subir des attaques d’autres parasites. Le pou du chien est spécifique à l’animal et provoque des démangeaisons sévères et des irritations cutanées semblables à une gale. Les infestations restent cependant rares. Le chien et le chat peuvent également être infestés par l’acarien aoûtat, sévissant au printemps et en été, et à l’origine de démangeaisons sévères et de minuscules boutons rouges. Il est ainsi nécessaire d’aérer et d’assainir l’intérieur de l’habitat, de changer régulièrement l’eau et d’utiliser des sprays acaricides pour éliminer les parasites et d’éviter la transmission aux autres individus de la maison.
Traiter l’environnement
Tous les animaux du foyer doivent recevoir en même temps un traitement anti-parasitaire en cas d’infestation de puces. L’intérieur de la maison doit aussi être traité, ainsi que les voitures et les paniers de transport. Avant l’utilisation de produits, il est impératif d’aspirer minutieusement toutes les pièces et recoins de l’habitat. Le sac de l’aspirateur doit ensuite être jeté ou la cuve de l’appareil lavée à l’eau chaude en cas d’aspirateur sans sac. L’emploi de foggers impose la sortie des personnes et animaux lors de l’exposition au produit puis l’aération des locaux pendant quelques heures. Afin d’éviter toute nouvelle contamination, deux traitements préventifs sont à effectuer dans l’année. Les spécialités commercialisées regroupent plusieurs molécules insecticides et acaricides, à effet rémanent. Ce sont les mêmes utilisées pour traiter les animaux contaminés.
Vermifuger son animal
La vermifugation des animaux doit être faite dès le plus jeune âge et très régulièrement car l’action des produits ne persiste pas dans le temps. Elle est d’autant plus indispensable pour éviter le développement d’une helminthiase secondaire à l’infestation par les puces. Ainsi les chiots et les chatons doivent être traités tous les 15 jours jusqu’à l’âge de 2 mois, puis une fois par mois jusqu’à 6 mois. À l’âge adulte, il est conseillé de traiter un animal tous les 6 mois s’il reste en intérieur, tous les 3 mois s’il va en extérieur et même tous les 2 mois en présence de jeunes enfants. Les femelles allaitantes sont vermifugées en même temps que les chiots et les chatons. Quant aux femelles reproductrices, la vermifugation se fait 2 à 3 jours avant la saillie, 15 jours avant et 15 jours après la mise bas.
Afin d’éviter d’éventuelle résistance aux produits, il est préférable d’alterner les molécules. Enfin, les vermifuges pouvant perturber l’action des vaccins, l’animal doit être traité avant d’être vacciné.
Les produits du conseil
Les différentes familles d’insecticides-acaricides
Les organosphosphorés et les carbamates sont des neurotoxiques. Ces inhibiteurs de l’acétylcholinestérase, à spectre large, provoquent une hyperactivité des insectes et acariens avant la mort. Ils ne sont pas rémanents dans l’organisme ni dans l’environnement. Ils sont essentiellement utilisés en spray ou colliers (carbamates).
La perméthrine, chef de file des pyréthrinoïdes, favorise l’entrée des ions sodium dans les cellules nerveuses, bloquant ainsi la transmission nerveuse des insectes et acariens. Ces molécules sont volatiles autour des animaux traités, ce qui est à l’origine d’une effet répulsif « repellent » vis-à-vis des insectes volants et tiques. En raison de la déficience physiologique du chat en enzyme de glucuronoconjugaison métabolisant les pyréthrinoïdes, ces molécules ne doivent pas être administrées chez le chat.
Le fipronil est également un neurotoxique grâce à son action antagoniste des récepteurs GABA, empêchant l’entrée des ions chlore dans les cellules nerveuses. Le spectre d’activité est très large, englobant les insectes et acariens. Le caractère lipophile de la molécule favorise sa diffusion et sa rémanence sur l’ensemble du pelage après application sur la peau de l’animal, même après des shampoings fréquents. Le délai d’action est assez rapide avec l’élimination des puces en moins de 24 heures et en moins de 48 heures pour les tiques.
Quant aux néonicotinoïdes, comprenant l’imidaclopride (Advantage chat et lapin) et le nitenpyram (Capstar), ils agissent comme agonistes des récepteurs post-synaptiques nicotiniques à l’acétylcholine, spécifiques des insectes. L’imidaclopride est une molécule lipophile administrée par voie cutanée, avec un délai d’action de moins de 24 heures. Le nitenpyram est un insecticide systématique administré par voie orale, provoquant la paralysie et l’élimination en 30 minutes des puces après leur repas sanguin. Attention, ce dernier est un traitement curatif et ne protège pas l’animal contre de nouvelles infestations.
Autres neurotoxiques à action paralysante, les macrolides antiparasitaires, tels que la moxidectine et la sélamectine. Leur spectre d’activité est plus large, en touchant les puces et les tiques. Elles sont administrées par voie sous-cutanée.
Le grand groupe des régulateurs de croissance des insectes comprend les analogues de l’hormone juvénile (fenoxycarb, météoprène, pyriproxyfène) et les inhibiteurs de la chitine synthétase (lufénuron). Par contact et ingestion, ces molécules inhibent l’éclosion des œufs puis les mues larvaires. Ils sont utilisés pour traiter l’environnement et l’animal contre les puces.
Les vermifuges
Ils existent sous différentes formes : comprimé, pipette (ou spot-on) pour voie cutanée ou seringue buccale contenant une solution buvable (utilisée chez les chiots et chatons). La plupart des principes actifs sont à large spectre et agissent sur les vers plats et les vers ronds. Ceux les plus fréquentent retrouvés sont : le groupe des lactones macrocycliques (moxidectine, milbémycine), le groupe des benzimidazoles et probenzimidazoles regroupant, entre autres, le fébantel, le flubendazole, l’oxfendazole, le fenbendazole. Sont également retrouvés le pyrantel, la sélamectine, le pratiquantel, le nitroscanate, le niclosamide et la milbémycine oxime… Attention avec cette dernière : certaines races comme les colleys et races apparentés ne peuvent pas être traités avec en raison d’une sensibilité génétique. Le dosage se fait en fonction de l’âge et du poids de l’animal. Le respect des indications dont la cible (chiens, chats, chiots, chatons, femelles en gestation) ainsi que l’utilisation de la forme galénique est impératif pour veiller à l’efficacité et à la sécurité des produits.
Choisir la bonne forme galénique
Lors de la contamination par les puces et les tiques, l’administration de spray, shampoings et poudres (à appliquer à rebrousse-poils) est préconisée. La forme spray est en général la plus facile à utiliser. La non-rémanence de ces produits incite à l’administration régulière afin d’éviter toute nouvelle contamination. Les comprimés anti-parasitaires sont de plus en plus plébiscités grâce à leur facilité d’administration.
3 à 4 mois, est la durée d’action moyenne des colliers à visée préventive
Les colliers, dans un but préventif et curatif, présentent une plus longue durée d’action (3 à 4 mois). Les pipettes, ou spot-on, sous forme de dosettes uniques, agissent par voie topique. Il suffit de déposer l’intégralité du produit entre les omoplates de l’animal. Le principe actif diffuse grâce au sébum, sans traverser la barrière cutanée. L’effet est rémanent pendant plusieurs semaines. Il est recommandé de les administrer régulièrement afin de garantir une protection efficace de l’animal.
Pour l’environnement, l’application de spray insecticide est à réserver pour les petites surfaces et textiles (coussins, intérieurs de voiture, panier…) tandis que les foggers permettent de traiter des espaces de plusieurs dizaines de mètres carrés. Leur efficacité dure en moyenne 6 mois.
Les solutions « naturelles »
Quelques ingrédients naturels sont réputés pour avoir des actions ant-parasitaires dont les graines de courge, qui facilitent l’élimination des vers plats, le vinaigre, utilisé par voie orale et cutanée ainsi que le curcuma aux propriétés anti-inflammatoires et anti-oxydantes. Du côté des plantes, la camomille et l’ail agissent sur les vers. Enfin, les huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé, grâce à leurs propriétés répulsives, peuvent être appliquées sur le pelage de l’animal. Attention cependant : ces solutions naturelles sont plutôt considérées comme des répulsifs à associer avec les anti-parasitaires externes et internes afin de garantir une protection optimale de l’animal.
Qu’en savez-vous ?
1. Quel ver peut transmettre la puce ?
a) Tænia saginata ;
b) Bartonella henselae ;
c) Dipylidium caninum ;
d) Mycoplasma haemofelis.
2. Chez les animaux adultes vivant en extérieur, la vermifugation se fait :
a) tous les 3 mois ;
b) tous les mois ;
c) tous les ans ;
d) en hiver et en été.
3. Il est recommandé d’utiliser, pour retirer une tique :
a) De l’éther ;
b) De l’alcool ;
c) Une source de chaleur ;
d) Un tire-tique.
4. Les molécules dédiées au traitement de l’environnement infesté par les puces sont :
a) Efficaces un an ;
b) Sont toxiques pour les poissons pour certaines ;
c) Les mêmes que celles traitant les animaux infestés ;
d) D’origine naturelle.
Réponses : 1- c) ; 2- a) ; 3- d) ; 4- b) et c).
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