Pour gérer ce problème, il faut en revenir aux 4 P : problème, patient, propriétaire, produit.
Problème : véritable résistance ou non respect des consignes ?
Lorsque vous délivrez un produit antipuce au comptoir vous ne voyez pas l’animal. Vous devrez donc poser des questions à son propriétaire et vous fier à ses réponses. Si vous donnez un produit disposant d’une AMM, son efficacité sur les puces est, par définition*, comprise entre 95 et 100 %. Il ne peut donc être exclu, même si c’est peu probable que le produit ne soit pas efficace ou que la puce ait développé une résistance au produit. En pratique le nombre d’études confirmant la résistance des puces aux insecticides disposant d’une AMM reste limité. Les échecs restent donc majoritairement liés à une mauvaise utilisation de l’antiparasitaire. Par contre pour un produit sans AMM, par définition aucune étude d’efficacité n’a été menée dans les règles.
Chien ou chat : répond-il aux caractéristiques du traitement donné ?
Vous n’aviez pas vu l’animal la dernière fois et là non plus. Mais vous devez obligatoirement vous renseigner car il est souvent la source du problème.
A-t-il changé de poids depuis la dernière fois ? En effet lorsqu’un chiot/chaton grandit, il est nécessaire d’adapter la dose du produit au poids au moment du traitement et ne pas continuer à utiliser la même présentation si le chiot est passé de 5 kg à 20 kg !
Vit-il seul ou avec d’autres animaux ? Si seul le chien du foyer est traité alors que les chats sortent et reviennent avec les puces du voisin, il est fort probable qu’il y ait toujours des puces sur le chien surtout si le traitement agit par voie systémique (il faut attendre que la puce pique et absorbe le produit pour mourir). Ainsi en présence de plusieurs animaux dans un foyer, il faut les traiter tous, même s’ils ne semblent pas avoir de puces.
Se baigne-t-il ou est-il lavé souvent ? Dans ce cas, il faut peut-être raccourcir l’intervalle de renouvellement des traitements à action topique ou opter pour des traitements à action systémique.
Propriétaire : respecte-t-il bien les consignes ?
L’efficacité du traitement antipuce, quel qu’il soit, repose sur l’application régulière du produit selon les recommandations. Ainsi espacer l’application d’une pipette à action topique d’une ou 2 semaines supplémentaires parce que c’est l’hiver peut expliquer le retour des puces sur l’animal. Certains colliers sont efficaces longtemps et le propriétaire peut avoir oublié de le changer au bon moment (il n’a pas noté la date où il l’a mis).
Les puces présentes sur l’animal ne sont que la face visible de l’iceberg, les larves, nymphes et œufs tombés au sol représentant l’immense partie de la population. Ainsi le traitement environnemental est également important en particulier lors d’infestation massive (ou lors d’un retour dans la maison de campagne par exemple ayant des puces affamées dans le parquet…). Ce traitement a-t-il été fait correctement ?
La mauvaise application du traitement, en particulier des pipettes spot-on, peut aussi expliquer une efficacité non optimale du produit. Sur des chiens de grande taille par exemple il peut être recommandé de répartir la dose sur 3 à 4 points le long de la ligne du dos voire d’appliquer 2 pipettes. Il est donc indispensable de respecter scrupuleusement la notice d’emploi de la spécialité.
Enfin sait-il bien donner un comprimé ? Quelques animaux sont très doués pour ne pas avaler le comprimé et le recracher dès que le propriétaire a tourné le dos… n’hésitez pas à insister sur la méthode d’administration.
Produit : est-il bien adapté à l’animal à traiter ?
Avant tout, privilégiez les produits disposant d’une AMM car c’est la meilleure garantie d’efficacité. Chaque formulation (spot-on, comprimé, collier, lotions…) a ses avantages et inconvénients et peut être adaptée à un animal et pas à un autre. De ce point de vue, le vétérinaire qui connaît bien l’animal et l’examine régulièrement dispose d’atouts pour choisir la galénique qui répondra le mieux aux besoins (selon son mode de vie, son âge, son type de peau, sa sensibilité aux parasites, etc.). Il est parfois nécessaire de changer de produit antiparasitaire non pas en raison du développement de résistances mais en raison d’un changement propre à l’animal. Par exemple l’apparition d’une DAPP nécessite d’administrer des produits efficaces avant que la puce ne pique ou disposant d’un effet létal extrêmement rapide ; le développement d’une séborrhée sèche modifie le sébum servant de véhicule à certains antiparasitaires. Il est donc important de savoir conseiller une consultation vétérinaire si les réponses à vos questions n’ont pas permis de déceler d’erreur véritable d’application du produit. Les puces restent la cause majeure de prurit de nos animaux de compagnie et peuvent également passer sur l’homme ; il est donc primordial de savoir mettre en place une prévention efficace.
* 1- EMEA/CVMP/EWP/005/2000-Rev.3 ; Guideline for the testing and evaluation of the efficacy of antiparasitic substances for the treatment and prevention of tick and flea infestation in dogs and cats, 14 July 2016
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