Médecine vétérinaire

Le niveau d’exposition animale aux antibiotiques en baisse

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Publié le 10/11/2014
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L’exposition des animaux aux antibiotiques a atteint pour la première fois un niveau inférieur à celui de 1999, année de lancement du plan de surveillance. En parallèle, on observe une diminution des résistances aux antibiotiques. Des nouvelles encourageantes, même si des efforts restent à faire, notamment chez les carnivores domestiques.
Contrairement à la consommation humaine, la consommation animale d’antibiotiques est en recul

Contrairement à la consommation humaine, la consommation animale d’antibiotiques est en recul
Crédit photo : AFP

EN 2013, l’exposition globale des animaux aux antibiotiques a diminué de 7,3 % par rapport à 2012, d’après le rapport annuel de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sur le suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires. Le volume total des ventes d’antibiotiques a atteint 699 tonnes en 2013, contre 782 en 2013 et 913 en 2011. « Toutes espèces animales confondues, le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques est pour la première fois inférieur à celui de 1999, année de lancement du plan de surveillance (- 5,5 %) », précise l’ANSES. Néanmoins, ce chiffre global ne doit pas masquer les disparités qui demeurent entre les espèces animales. Si l’exposition aux antibiotiques a baissé entre 2012 et 2013 de 6,6 % pour les bovins, de 5,4 % pour les volailles et de 4 % pour les porcs, elle a en revanche augmenté de 3,6 % pour les lapins. Globalement, ce sont les filières ayant mis en place des actions spécifiques qui enregistrent les baisses les plus significatives. Ainsi, l’exposition des porcs aux céphalosporines de 3e et 4e générations a chuté de 66 % entre 2010 et 2013, grâce à un plan de restriction volontaire de l’utilisation de cette famille de médicaments dans les élevages porcins. Toutes espèces confondues, cette exposition a baissé de 9,8 % par rapport à 2012. Elle a cependant augmenté de 25 % chez les carnivores domestiques, chiens et chats notamment.

Quant aux fluoroquinolones, autres antibiotiques dits « critiques », leur utilisation a baissé seulement d’1,5 % toutes espèces animales confondues, mais a augmenté de 12,2 % chez les carnivores domestiques. Par ailleurs, l’ANSES constate que l’exposition par voie orale a diminué de 24,3 % sur les cinq dernières années, alors que la voie injectable est en augmentation de 9,4 %, ce qui traduit selon elle « une diminution de l’utilisation des antibiotiques en prévention ». En effet, la diminution de l’exposition par voie orale est liée à une baisse de l’usage de prémélanges médicamenteux, de 45,9 % sur cinq ans et de15,4 % entre 2012et 2013.

Résultats positifs.

La baisse de l’exposition des animaux à ces médicaments se traduit par une diminution de la résistance aux antibiotiques critiques, comme les céphalosporines de 3e et 4e générations et les fluoroquinolones. « Cette tendance n’est pas la même dans toutes les filières, ni pour tous les antibiotiques, mais des résultats positifs majeurs ont néanmoins été obtenus », souligne l’ANSES. Elle recense néanmoins encore de nombreux cas de multirésistance, c’est-à-dire de résistance à au moins trois familles d’antibiotiques : 23,4 % chez les bovins, 16,9 % chez les porcs, 10,5 % chez les chevaux et les chiens. Ce phénomène est moins important chez les poules et poulets (6,2 %) et chez les dindes (3,4 %).

Pour l’ANSES, ces résultats semblent confirmer « l’impact positif des différentes actions menées en matière d’usage raisonné des antibiotiques. En deux ans, la réduction observée est de 12,7 %, elle est donc pour l’instant en ligne avec l’objectif du plan Ecoantibio 2017 », qui prévoit une baisse de 25 % en cinq ans. L’Agence note cependant que « des efforts restent à consentir pour atteindre cet objectif ambitieux ». Elle estime nécessaire de disposer de données plus précises sur l’utilisation des antibiotiques par espèce et catégorie d’animaux et recommande donc la mise en place « d’outils de suivi pérennes des pratiques au plus près de l’administration d’antibiotiques dans les élevages ».

ANNE-GAËLLE MOULUN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3130