LES VÉTÉRINAIRES ont accusé réception. Le « message » leur était parvenu au travers d’une manchette du « Quotidien » qui revendiquait autant qu’elle interrogeait. « Qui veut la mort de la pharmacie vétérinaire ? » claquait à la Une de notre édition du 11 février 2013. La riposte n’a pas tardé à venir. À la fois soupçonnés de conflit d’intérêt et de collusion avec l’administration, les acteurs de la médecine vétérinaire se sentent, il fallait s’y attendre, piqués dans leur amour-propre professionnel. Dès lors, les fac-similés de la Une du « Quotidien du Pharmacien » fleurissent rapidement dans les publications dédiées aux vétérinaires. « Les vétérinaires attaqués sur plusieurs fronts » titre ainsi « Le Point vétérinaire », tandis que « La Dépêche Vétérinaire » promettant à sa Une, « Pharmacie vétérinaire d’officine : les dessous d’un clash », consacre pas moins de trois pages à l’événement. Quant à « La Semaine Vétérinaire », ses éditions du 15 et 22 février ne parviennent pas à épuiser le sujet…
Échanges d’arguments.
Mais avant même que la presse vétérinaire ne s’empare du sujet, ce sont les fonctionnaires inspecteurs qui dégainent les premiers. Dans un courrier commun (publié dans notre édition du 21 février), les deux syndicats représentatifs des pharmaciens inspecteurs et des inspecteurs vétérinaires s’offusquent des soupçons dont ils font l’objet. Rappelant le devoir d’impartialité qui s’attache à leurs missions, les fonctionnaires déplorent au passage la pénurie d’effectif et de moyens dont souffre leur profession - mais c’est là un autre débat. Pour conclure, les signataires soulignent l’« intérêt d’une collaboration renforcée entre (les) corps d’inspection ». Manière de faire un premier pas vers la réconciliation des deux professions ? Peut-être.
Dans les colonnes de la « Dépêche Vétérinaire », Claude Andrillon, a, quant à lui, la dent plus dure. Et de rappeler avec force détails dans quelles circonstances certains pharmaciens indélicats se sont rendus coupables de délivrances délictuelles… Celui qui est aussi vice-président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), veut également relativiser l’objet du conflit qui ne concernerait, selon lui, « qu’une trentaine d’officines au fonctionnement spécifique qui ne représentent guère plus de surface, à l’échelle de la pharmacie française, que la bande de Gaza sur le planisphère. »
Le débat avance pourtant.
Entre « pharmaciens extrémistes » soupçonnés d’affairisme, et « vétérinaires écrivains publiques (1) » accusés par leurs pairs de non-confraternité, à en croire les instances vétérinaires, la nouvelle guerre qui vient de s’ouvrir ne serait qu’une mauvaise reprise d’une antienne bien connue. Mais, à y regarder de plus près, le combat mené par les officinaux spécialisés n’est peut-être pas si vain. Souvenons-nous d’abord que,au cœur du débat, il y a la question sensible d’un possible découplage entre prescription et délivrance (voir article ci-dessous). Une éventualité que viennent d’ailleurs de balayer d’un revers de manche les membres de l’Académie vétérinaire de France. Dans un projet d’avis en phase de finalisation, l’institution confirme en effet clairement que « la non-délivrance du médicament par le vétérinaire risquerait de mettre en péril le maintien du maillage (...) sur l’ensemble du territoire », et que « la délivrance du médicament (...) par le prescripteur constitue un lien d’intérêt qu’il convient de ne pas assimiler à un conflit d’intérêt ». Une subtile nuance qui donne à réfléchir…
Quoi qu’il en soit, et preuve que l’idée fait son chemin, le président de l’Ordre des vétérinaires lui-même n’exclut déjà plus l’éventualité d’une perte du droit de délivrance des médicaments par les vétérinaires. Face aux élèves de l’école vétérinaire de Nantes, il débattait même de la question le 18 février dernier. « Le découplage, qui pourrait coûter cher à l’État, n’est pas une fatalité et (...) il est capital que les vétérinaires reconnaissent le lien d’intérêt, l’analysent et répondent en connaissance de cause, le plus important étant finalement de prescrire bien et a minima » (2).
2) Propos relevés dans « La semaine vétérinaire », N° 1529 du 1er mars 2013.
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