ON CONNAISSAIT le ver luisant, voici le têtard fluorescent. Fruit de l’imagination d’une jeune start-up française, cette larve d’amphibien, mesurant quelques millimètres, sert de test pour détecter les perturbateurs endocriniens. Ce modèle a le double avantage d’être miniature et transparent, plaide le père de cette lumineuse invention, Grégory Lemkine, ancien chercheur au Muséum national d’histoire naturelle à Paris. L’espèce provient de grenouilles d’Afrique du sud, les xénopes, qui pondent des œufs de 4 à 5 millimètres. Le développement des embryons est visible à l’œil nu. En trois jours, les jeunes têtards comptent déjà quelque 250 000 cellules. Ces petits organismes modèles sont physiologiquement très proches de l’être humain. Grâce à l’insertion de biomarqueurs spécifiques, une protéine fluorescente signale la présence de polluants et de molécules toxiques. « La technologie combine les avantages d’un modèle in vivo - prise en compte du métabolisme, pertinence des tests par rapport à l’homme - avec la facilité, la sensibilité, l’automatisation et le faible coût de l’in vitro », se félicite la société de biotechnologies WatchFrog, qui produit ces larves. Ainsi, lorsque leur système hormonal thyroïdien est perturbé, elles deviennent fluorescentes et l’intensité est proportionnelle à l’exposition au polluant. « En observant au microscope les têtards, dont la tête ou une autre partie du corps s’allume, il est possible de quantifier par la lumière émise l’importance de l’effet biologique, et on voit par transparence là où les polluants agissent », explique Grégory Lemkine.
Les applications sont à la fois industrielles et environnementales. Les larves peuvent détecter les effets toxiques à faibles doses de nombreuses substances thérapeutiques ou chimiques capables de perturber les équilibres hormonaux. Elles permettent aussi de suivre et de mesurer l’effet de polluants dans l’environnement : eau de boisson, eaux de surface, rejets industriels, boues… Jusqu’à maintenant, les grenouilles pouvaient prévoir la météo. Aujourd’hui, leur progéniture repère la pollution.
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Françoise Amouroux
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