Des croquettes vegan

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Publié le 21/09/2021
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Les préoccupations écologiques passeraient-elles la barrière des espèces ?

On pourrait le dire, dans un sourire, en se penchant sur la gamelle de nos amis à quatre pattes. C'est ce qu'ont fait les fondateurs de la start-up Bond Pet Foods basée à Boulder (Colorado). À l’origine de son projet industriel, un constat. Rich Kelleman, l'un des co-fondateurs, a en effet découvert un jour avec effroi les conclusions d'une étude californienne selon laquelle les animaux de compagnie américains consommaient autant de calories d'origine animale que toute la population française. Pour cet ancien communicant - et nouveau végétalien - qui imaginait il y a quelques années la stratégie publicitaire de Burger King, c'est le déclic. Alors que 14 % des émissions de gaz à effet de serre sont liées à l'élevage industriel, l'entrepreneur se donne alors pour mission de développer une formule riche en protéines animales apte à nourrir les chiens et les chats, sans tuer ni veaux, ni vaches, ni cochons. « Je suis arrivé à la conclusion que si une entreprise parvient à trouver la bonne formule, sa commercialisation sera beaucoup plus facile que si c'était de la nourriture pour les humains », raconte-t-il. Techniquement, la start-up a tout de même eu recours à un animal d'élevage… mais sans l'envoyer à l'abattoir. Bond Pet Foods prélève du sang d'un poulet haut de gamme, qui coule, paraît-il, des jours heureux dans une ferme du Kansas. Les biologistes en ont extrait l'ADN pour l'insérer dans un microbe. Celui-ci est mis à fermenter pour produire des protéines animales.
Le résultat est une poudre brun clair au goût de noix, avec des notes de parmesan. Lorsqu'elle sera validée par les autorités sanitaires, la formule écologique et économique devra aussi convaincre un lobby très puissant, celui des fabricants de Petfood. Ces derniers jouent d'un argument qui pèse plus lourd qu'une croquette : « les aliments pour animaux proviennent de toute façon des sous-produits de la volaille ou du bœuf que les humains ne consomment pas : les transformer en croquettes évite donc le gaspillage. »

Avec AFP

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien