Bien maîtriser les injections d’insuline
Une fois le diagnostic de diabète établi, son traitement passe par des injections d’insuline, spécifiquement vétérinaire, en général deux fois par jour. Ces injections sous-cutanées ne sont pas difficiles à faire : l’aiguille étant particulièrement fine et le volume d’insuline peu important, les animaux sont généralement coopératifs. Toutefois certains propriétaires peuvent être mal à l’aise à l’idée de faire des piqûres à leur chien et ont besoin d’être rassurés sur la technique d’injection. Les points à leur rappeler sont :
Bien conserver l’insuline au réfrigérateur ; la sortir 1 heure avant l’injection pour qu’elle se remette à température ambiante (l’insuline froide est douloureuse et diffuse moins bien) puis la remettre au réfrigérateur juste après l’emploi. Agiter plusieurs fois le flacon avant injection pour bien homogénéiser le produit ; retirer les bulles d’air avant injection ; ne pas piquer l’animal toujours au même endroit ; ne jamais administrer d’insuline après la date de péremption. Un flacon d’insuline se conserve 1 mois après ouverture, il est donc conseillé de noter la date d’ouverture sur le flacon.
L’emploi de stylos injecteurs est souvent plus facile. Ils sont spécifiquement adaptés aux cartouches d’insuline vétérinaire (Caninsuline) et fonctionnent avec des aiguilles à usage unique. Ils ont l’avantage de diminuer les risques d’erreur de dose et délivrent des doses très précisément.
Il est important de préciser que la dose d’insuline ne doit JAMAIS être modifiée sans l’avis du vétérinaire.
Adapter l’alimentation et l’exercice du chien diabétique
Le régime alimentaire fait partie intégrante du traitement et aura été établi par le vétérinaire le plus souvent sous la forme d’aliments diététiques spécifiques. Il est important de ne pas le modifier sans avis vétérinaire et surtout de bien respecter scrupuleusement les quantités et horaires d’administration : la constance est de règle. Comme l’animal reçoit le plus souvent deux injections d’insuline par jour, le repas devra être lui aussi scindé en deux parts égales et donné juste avant l’injection d’insuline (pour être sûr qu’il a été mangé avant d’administrer l’insuline !).
L’exercice est également important, compte tenu du fait que les chiens diabétiques sont bien souvent en surpoids. Toutefois il doit être plutôt modéré qu’intense pour ne pas risquer une crise d’hypoglycémie. Les promenades régulières réparties dans la journée sont donc préférables aux courses fatigantes. Tout comme la dose d’aliment doit rester constante, la quantité d’exercice doit également l’être : tout repose sur l’équilibre !
Savoir repérer l’hypo-/l’hyperglycémie
Il n’existe pas de règle concernant les doses d’insuline à injecter, l’heure des injections… Cela varie au cas par cas et il est donc important que le propriétaire sache repérer l’apparition d’une hyperglycémie ou d’une hypoglycémie. Il doit donc surveiller l’apparition de polydipsie (l’augmentation de la soif est assez facile à quantifier), polyurie (l’évaluation de la quantité d’urine est plus délicate s’il fait ses besoins dans le jardin par exemple) et polyphagie (augmentation de l’appétit). Ces signes, s’ils apparaissent, nécessitent une consultation vétérinaire pour refaire une courbe de glycémie. En aucun cas, ils ne doivent amener à augmenter spontanément la dose d’insuline.
Les signes d’hypoglycémie (par surdosage d’insuline, exercice trop intense ou perte d’appétit, par ex.) doivent également être reconnus dès leur apparition. Plutôt brutaux (crise d’hypoglycémie), ils sont essentiellement neurologiques (faiblesse, tremblements, désorientation, anxiété, perte d’équilibre, convulsions, parfois perte de conscience voire coma et mort de l’animal). Ils nécessitent une réaction immédiate du propriétaire : soit l’administration d’un aliment sucré (miel, petit gâteau) si le chien est capable d’avaler, soit l’application d’un aliment sucré liquide sur les gencives (du miel, du sirop, de l’eau sucrée) s’il n’est plus capable de déglutir. Attention en cas de convulsions à ne pas mettre les mains dans la gueule au risque de se faire mordre ; il vaut mieux prélever le liquide sucré dans une seringue et le faire doucement couler sur les gencives. Si l’état s’améliore, un petit repas est alors administré en prévenant le vétérinaire pour qu’il ajuste la dose d’insuline en conséquence. Il est important qu’un propriétaire d’un animal diabétique ait toujours avec lui un aliment sucré lorsqu’il part en promenade ou ne se trouve pas chez lui.
Surveiller la glycémie à domicile
Lors de l’établissement de la dose d’insuline, le vétérinaire a certainement gardé l’animal une journée pour établir la courbe de glycémie et il réitérera ce bilan 4 à 6 fois par an environ en fonction de l’animal. Toutefois, entre-temps, la surveillance de la glycémie ou de la glucosurie doit également se poursuivre à domicile. Les prélèvements de sang se font chez le chien principalement à l’oreille ou au niveau du gros coussinet d’une patte. Si l’oreille est un peu froide, il est bon de la réchauffer dans ses mains juste avant le prélèvement afin d’obtenir une belle goutte de sang. Le prélèvement doit se faire sur une zone non velue du pavillon auriculaire. Le point ponctionné est ensuite comprimé doucement avec un coton jusqu’à arrêt du saignement. Si l’analyse se fait avec un glucomètre, il est important que celui-ci soit spécifiquement adapté à l’animal et non pas à l’homme. En effet l’appareil se baserait sur la composition du sang humain pour mesurer la glycémie ce qui entraînerait une sous-estimation de celle-ci chez le chien ou le chat.
Si le glucose est mesuré par bandelette urinaire, le propriétaire doit prélever de l’urine lors de la promenade dans un récipient adapté et bien respecter le temps d’attente (1 minute environ) avant de faire la lecture sur le flacon. Il doit aussi avoir à portée de main une feuille (ou son smartphone) pour noter immédiatement le résultat.
Il est très intéressant que le propriétaire remplisse quotidiennement un petit carnet clinique dans lequel il notera la quantité d’eau ingérée et d’aliments consommés, l’heure des repas, la dose d’insuline et l’heure de l’injection, la glycémie/glucosurie et l’heure de la mesure, le temps d’exercice quotidien. Il existe également des applications sur smartphone ou tablette permettant de suivre son animal diabétique (RVC Pet Diabetes App par exemple).
Si le protocole de traitement et son ajustement restent la prérogative du vétérinaire, le pharmacien pourra utilement aider certains propriétaires en leur rappelant les points clés. L’implication du propriétaire est primordiale pour l’équilibrage du diabète de son animal, la prévention des complications (cataracte) et la poursuite d’une bonne qualité de vie.
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