Les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à participer aux missions et services au patient, selon les chiffres de l’Observatoire de l’économie. Certains y voient là un levier de croissance pour une marge qui ne décolle pas.
Les missions et services aux patients sont en plein essor, selon les chiffres de l’Observatoire de l’économie officinale fournis par l’assurance-maladie aux syndicats de pharmaciens le 11 décembre. « On relève un énorme investissement des confrères sur les services », constate Guillaume Racle, conseiller économie et offre de santé à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). De son côté, l’assurance-maladie est satisfaite : entre janvier et octobre 2024, on observe une hausse de 190 % du nombre de TROD angine réalisés par rapport à l’année précédente et jusqu’à +1 447 % pour la remise du kit de dépistage du cancer colorectal.
« Ce qui intéresse surtout l’assurance-maladie, c’est le nombre d’officines qui participent », complète Julien Chauvin, président de la commission Études et stratégie économiques de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En tête, la vaccination marche très fort. 93 % des officines réalisent aujourd’hui des rappels de vaccination, pour plus de 300 000 doses administrées chaque mois, sur les deux derniers mois. « La hausse des vaccinations du calendrier vaccinal est spectaculaire, remarque Julien Chauvin. La vaccination à l’officine est entrée dans les habitudes des patients. » Avec le remboursement récent du vaccin contre le zona à tous les plus de 65 ans et aux adultes immunodéprimés, la vaccination par les préparateurs inscrite dans le droit commun et l’arrivée prochaine de nouveaux vaccins, le nombre de vaccinations réalisées à l’officine pourrait doubler d’ici à 2027… où l’acte vaccinal sera mieux rémunéré.
Une hausse conséquente de la participation est également notée sur les autres missions : entre octobre 2023 et octobre 2024, la proportion d’officines réalisant des entretiens courts pour la femme enceinte est passée de 20 % à 30 %, de 60 % à 75 % pour la réalisation de TROD angine, ou encore de 89 % à 99 % pour la remise du kit de dépistage du cancer colorectal. Propulsés dans la convention médicale signée avant l’été, le nombre de bilans partagés de médication (BPM) réalisés à l’officine a grimpé de 107 % et la proportion de pharmacies en réalisant a presque doublé : elle est passée de 6 % à 11 %. Augmentation aussi pour la participation aux autres entretiens d’accompagnement : de 5 % à 8 % pour les entretiens anticancéreux oraux, de 4 % à 9 % pour les entretiens AVK, AOD, asthme… Faut-il y voir un effet de la ROSP exceptionnelle de 400 euros versée à tout pharmacien réalisant au moins un entretien auprès de patients atteints de maladies chroniques en 2024 ?
Dans les nouveautés de l’année, 6 % des pharmacies se sont lancées dans les bilans de prévention et 56 % dans les TROD cystite.
« On est encore sur des montants de rémunération à la marge, c’est quelques dizaines de millions d’euros sur 7 milliards d’euros de marge totale. Ce n’est pas grand-chose en termes de poids financier mais ça commence à l’être pour certaines pharmacies », rapporte Julien Chauvin. « Ce n’est pas l’élément le plus rémunérateur mais c’est le sens de l’histoire. Il faut continuer, car on part de très bas. C’est la variable d’ajustement pour aller chercher la croissance », complète Guillaume Racle.
La croissance, justement, est très timide à l’officine, au regard des résultats de la rémunération globale du réseau. En cumul fixe entre janvier et octobre 2024, l’assurance-maladie constate une hausse de la marge brute de 1,8 % « tout compris, relève Guillaume Racle. Sauf que dans le détail, si l’on regarde les jours ouvrés, il y a eu 1 % de jours ouvrés en plus entre janvier et octobre 2024. Il y aura 1 % de jours ouvrés en moins pour le reste de l’année. Donc à la fin de l’année, on aura plutôt une hausse de 1 %. Avec la hausse des salaires de 1,8 %, les comptes ne seront pas là. »
Sur le cœur de métier, selon les chiffres présentés par l’assurance-maladie, la rémunération liée à l’ordonnance (marge et honoraires) est en hausse de 3 % sur les dix premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2023, à 4,861 milliards d’euros. « C’est la MDL (marge dégressive lissée), à +5,3 %, qui tire la croissance, portée par les médicaments chers, constate Guillaume Racle. Mais les médicaments chers sont répartis de façon très différente selon les pharmacies. » Pour Julien Chauvin, « on reste sur la trajectoire des projections données lors des discussions sur l’avenant conventionnel signé en juin ». Même si les deux syndicats sont d’accord pour constater que les chiffres de l’assurance-maladie sont un peu plus optimistes que ceux constatés par la profession.
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