Prévention des maladies infantiles

Vaccination : retour aux fondamentaux

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Publié le 26/06/2017
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Nul ne peut sérieusement contester que la vaccination, conjointement aux progrès de l’hygiène publique, a fait considérablement régresser les maladies infectieuses. Ni qu’il s’agit d’un domaine en développement constant. Pourtant, les taux de couverture vaccinale sont souvent insuffisants, voire même parfois diminuent !
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

De fait, on constate l’existence d’une certaine défiance (alimentée par les discours diffusés via Internet et les réseaux sociaux d’associations hostiles à la vaccination) à l’égard de la vaccination (phénomène très hétérogène, il peut s’agir d’un rejet de principe de toutes les vaccinations ou de certaines d’entre elles seulement, d’une peur des adjuvants ou encore de celle d’un « trop grand nombre d’injections »), qui s’est progressivement développée ces 30 dernières années, en France ainsi que dans de nombreux pays, même si la grande majorité de la population demeure très favorable à ce mode de prévention qui a fait très largement ses preuves. C’est pour trouver de nouvelles pistes de réponses qu’avait été lancée en 2016 une Concertation citoyenne par la précédente ministre de la Santé.

Cette relative désaffection (néanmoins, selon une étude publiée en septembre 2016, 41 % des Français douteraient de la sécurité des vaccins et 17 % de leur efficacité…) se traduit, notamment, par une couverture vaccinale insuffisante de la seconde dose contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, de la vaccination contre le méningocoque C des enfants, des rappels Diphtérie-Tétanos-Polio (DTP) de l’adolescent et de l’adulte, de la vaccination contre l’hépatite B (adolescents et adultes à risque). En outre, de manière préoccupante, on observe même depuis peu une diminution de la couverture vaccinale en ce qui concerne les papillomavirus (HPV) et la grippe saisonnière (recommandée à partir de l’âge de 6 mois chez les sujets à risque).

Cette baisse de la pratique vaccinale s’accompagne, très logiquement, d’une résurgence de maladies infectieuses graves et très contagieuses (rappelons à ce sujet que le tétanos est une maladie infectieuse mais non contagieuse, la bactérie vivant dans le sol), comme la rougeole (l’épidémie de rougeole continue de progresser en Europe : 11 000 cas notifiés depuis le début de l’année dans 18 pays ; 32 en signalant des cas). S’agissant de cette dernière, le taux de couverture vaccinale n’est que de 75 % alors que l’objectif est de 95 % ; or, depuis 2008, on déplore dans notre pays environ 28 000 cas de rougeole, 1 500 infections pulmonaires graves, 31 encéphalites et 10 décès.

11 vaccins bientôt obligatoires ?

La nouvelle ministre de la Santé, Agnès Buzyn, vient de déclarer réfléchir à la possibilité de rendre obligatoires (éventuellement pour une durée limitée, de 5 à 10 ans), 11 vaccinations. Ajoutant aux 4 actuelles (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche), la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, l’Hæmophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque C.

Vaccinations obligatoires

- Diphtérie-tétanos-poliomyélite : 2 injections à l’âge de 2 et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. Les rappels ultérieurs sont recommandés à l’âge de 6 ans, avec un vaccin combiné contenant la valence coqueluche acellulaire et les valences tétanique et diphtérique à concentration normale (DTCaPolio), puis, entre 11 et 13 ans, avec un vaccin combiné contenant des doses réduites d’anatoxine diphtérique et d’antigènes coquelucheux (dTcaPolio).

Vaccinations recommandées

Coqueluche : 2 injections, à 2 mois d’intervalle, à l’âge de 23 et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. De plus, un rappel est recommandé à l’âge de 6 ans (dose de DTCP).

- Hæmophilus influenzae de type b : 2 injections à 2 mois d’intervalle à l’âge de 2 et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. Cette vaccination est recommandée pour tous les enfants, en combinaison avec les vaccins diphtérique, tétanique, poliomyélitique, coquelucheux acellulaire et hépatite B. Un rattrapage vaccinal peut être effectué jusqu’à l’âge de 5 ans.

- Hépatite B : avec un vaccin hexavalent, 3 injections à 2, 4 et 11 mois (intervalle de 0, 2 et 7 mois). Avec un autre type de vaccin, un intervalle d’au moins 5 mois doit être respecté entre la 2e et la 3e injection (intervalle de 0, 1 à 2 mois, 6 mois). Pour les adolescents de 11 à 15 ans révolus, non antérieurement vaccinés, la vaccination peut être réalisée soit avec le schéma classique à 3 doses, soit avec un schéma à 2 doses (uniquement avec Engerix B 20) en respectant un intervalle de 6 mois entre les 2 injections. Pour les nouveau-nés de mère porteuse de l’antigène HBs, la vaccination doit être impérativement pratiquée à la naissance (3 injections à 0, 1 et 6 mois), avec le vaccin HBVAXPRO 5 ou le vaccin Engerix B 10 ; la 1re dose étant associée à l’administration d’immunoglobulines anti-HBs.

- Méningocoques C : 1 injection à 5 mois, suivie d’un rappel à 12 mois (un intervalle d’au moins 6 mois doit être respecté entre l’administration des 2 doses ; la seconde dose pouvant être co-administrée avec le vaccin ROR. Ou bien 1 dose unique entre 12 mois et 24 ans révolus.

- Pneumocoque : 2 injections (avec le vaccin conjugué 13-valent) à 2 mois d’intervalle à 2 et 4 mois, suivies d’un rappel à l’âge de 11 mois. Entre 7 et 11 mois (enfants non vaccinés), 2 doses à 2 mois d’intervalle et rappel 1 an plus tard. Entre 12 et 23 mois, 2 doses à au moins 2 mois d’intervalle.

- ROR : 1re dose à 12 mois (co-administration possible avec le vaccin contre le méningocoque C) et une seconde dose entre 16 et 18 mois. Pour les personnes nées depuis 1980 et âgées de plus de 18 mois est recommandé un rattrapage pour obtenir au total 2 doses de ROR quels que soient les antécédents vis-à-vis de ces 3 maladies.

 

Didier Rodde

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3362