Interprofessionnalité : ce concept peut se définir comme la capacité à échanger et collaborer entre des métiers différents, pour atteindre un objectif partagé. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), l’interprofessionnalité se produit lorsque deux personnes ou plus, de milieux différents et ayant des compétences complémentaires, interagissent pour créer une compréhension commune. Deux notions fondamentales ressortent de cette définition : l’interaction et la compréhension. Au-delà de la simple transmission d'informations, l'interprofessionnalité doit donc favoriser la réflexion commune. Cela sous-entend une organisation en réseau des compétences professionnelles, qu’il s’agisse des professions médicales, pharmaceutiques, paramédicales et médicosociales. Cette structuration des ressources humaines en santé garantit le fonctionnement optimal d’un système sanitaire. En France, pour que l'interprofessionnalité ne reste pas un vain mot, divers modèles d’organisation sont nés (CPTS, MSP, ESP), avec des missions propres et parfois superposables.
Exercice coordonné : comment bâtir une maison confortable, durable, sûre et adaptée ? L'analogie avec le secteur de la construction permet de mieux comprendre la pertinence de l’exercice coordonné, et surtout les enjeux. L’interprofessionnalité est la clé de voûte de cet exercice coordonné, quel que soit le bâtiment. Cependant, rassembler des compétences autour d’un projet est indispensable, mais ne suffit pas pour garantir le succès. Au préalable, il est essentiel de savoir qui fait quoi, c’est-à-dire de sélectionner et de connaître le périmètre d’action des intervenants. L’autre élément incontournable est la coordination. Sans coordination entre les compétences, on s'expose à un gaspillage de temps, une augmentation des coûts et surtout, à un risque d’avortement du projet. Au contraire, la qualité des intervenants conjuguée à l’articulation de leur savoir-faire garantit un parcours de soins optimal. Pour cela, l'exercice coordonné constitue une réponse efficiente aux soins non programmés. Enfin, le travail en exercice coordonné privilégie l’orientation collégiale au choix isolé.
Projet commun : l’interprofessionnalité sans projet commun est une coquille vide. Ce projet, c'est la santé de la population dans sa totalité : les personnes non malades dont il faut préserver la santé, et les personnes malades qui doivent bénéficier d’une pratique médicale, paramédicale et pharmaceutique efficiente. Au fil du parcours de soins, les professionnels qui travaillent en exercice coordonné s'engagent à adapter la stratégie thérapeutique autour et avec le patient.
Intraprofessionnalité : on évoque souvent l’interprofessionnalité en oubliant que cette démarche commence au sein même de chaque profession. L’intraprofessionnalité permet ainsi d’identifier, au sein de chaque corps de métier, des référents dans des domaines très spécialisés tels que l’infectiologie ou l’oncologie. Cette démarche a deux avantages : le gain de temps et la sécurisation.
L’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) : il s'agit d'un contrat signé en 2017 entre l'assurance-maladie et les représentants des professions de santé, dont les pharmaciens, pour promouvoir l'amélioration de l'accès aux soins, l'organisation des parcours pluriprofessionnels et le développement des actions territoriales de santé. Cet accord pose les modalités de rémunération des structures de santé pluriprofessionnelles (MSP et CSP, CPTS) et de leurs intervenants. Dans le cadre de l'ACI, le financement est conditionné à la validation d'un projet de santé par l'ARS. Ce projet est territoire dépendant.
La société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) : la SISA est un statut juridique. Les professionnels de santé d'une MSP doivent se constituer en SISA pour percevoir les rémunérations de l'assurance-maladie dans le cadre de leur mission relevant de l'exercice coordonné.
Le fonds d'intervention régional (FIR) : créé en 2012, ce fonds de dotation aux ARS (agences régionales de santé) est dédié, en partie, au financement des dispositifs mis en place au niveau d'un territoire pour améliorer la permanence des soins. Les structures d'exercice coordonné, telles que les ESP, peuvent en bénéficier.
Les équipes de soins primaires (ESP) : ces dispositifs ont une mission de premier recours, et s’organisent autour du médecin généraliste. Les ESP accompagnent prioritairement les patients chroniques, ou en situations précaire ou de handicap. Elles sont constituées d’une dizaine de professionnels de santé.
Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et les centres de santé pluridisciplinaires (CSP) : lorsque les professionnels de santé se rassemblent en structures pluridisciplinaires, on parle de MSP (maison de santé pluriprofessionnelle) ou de CSP (centre de santé pluridisciplinaire). Ces structures proposent des activités de soin de premier recours, sans hébergement. Dans les MSP, les professionnels exercent en qualité de libéral. Dans les CSP en revanche, les professionnels sont salariés et regroupés physiquement dans un même bâtiment. Un des atouts majeurs de ces organisations est de lutter contre la désertification médicale avec l'appui financier des collectivités locales (municipalités ou communautés de communes).
Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) : cet acronyme encore inconnu il y a 5 ans est sur toutes les lèvres. Les CPTS ont connu un déploiement important au cours des derniers mois, et ont montré leur raison d’être pour assurer des missions d’urgence comme l’organisation de la vaccination contre le covid. Ces structures correspondent à un regroupement de professionnels de santé autour d’un projet de santé cohérent avec les besoins du territoire. Elles peuvent rassembler une centaine de professionnels de santé et du secteur médico-social ; et une CPTS peut couvrir un territoire de 20 000 à 100 000 personnes. Les objectifs de la CPTS sont consignés dans l’ACI.
Les plateformes territoriales d'appui (PTA) : ces dispositifs organisent la mise en relation entre les structures ou les professionnels, et valorisent les compétences présentes sur un territoire. Les PTA représentent une porte d’entrée unique pour orienter les patients ou leur entourage, notamment dans les situations de perte d'autonomie. Elles ont également un rôle de soutien des professionnels de santé dans la prise en charge des patients relevant d’un parcours de santé complexe.
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