LE DÉPISTAGE du VIH n’est pas encore rentré dans les pratiques régulières des Français et des Françaises et l’on compte encore trop de diagnostics tardifs qui oblitèrent les chances de traiter avec succès. En effet, plus la prise en charge est tardive plus les risques sont élevés et la réactivité de la cellule CD4 à un traitement antiviral est moins bonne. L’élargissement du dépistage dans la population générale ne semble pas avoir bénéficié aux seniors, dont la proportion de séropositifs est passée de 13 à 18 % entre 2003 et 2012. C’est d’autant plus regrettable que cette population de plus de 50 ans fréquente le système de santé. On ne lui propose pas de dépistage du fait qu’elle ne parle pas de ses prises de risques et qu’elle n’en a pas toujours conscience ; ce sont des occasions manquées.
L’enquête réalisée par Opinion Way pour Janssen fait émerger des différences entre les générations et montre qu’il convient de mieux connaître et comprendre la perception des seniors vis-à-vis du VIH et leur sexualité. Georges Vigarello, sociologue et philosophe, remarque que les seniors « ne sont plus des retraités, et par conséquent ils ne sont plus des retraités du sexe, ils sont en prise directe avec la vie. Mais plus ils avancent en âge, plus ils pensent que la transmission du virus ne les concerne pas, et c’est là qu’on note une différence avec les jeunes. » Leur génération a connu l’apparition du sida au début des années 1980 et ils en ont beaucoup entendu parler à l’époque.
Prises de risque.
Aujourd’hui, l’information ne circule plus de la même façon, la thématique n’est plus centrale. Les 50-70 ans stigmatisent comme populations les plus à risque, les drogués, les homosexuels et les jeunes, et ils estiment ne pas en faire partie. C’est pourtant une génération qui fait des rencontres sur Internet et qui fait l’amour ; c’est une moindre perception du risque encouru et la mauvaise mesure du risque qui renvoient à l’absence de conduites préventives.
La génération d’hétérosexuels qui a grandi et vécu en couple pendant les années sida a le sentiment de n’avoir aucune raison d’utiliser le préservatif, qui ne lui est pas forcément familier. Les prises de risque sont aussi plus grandes chez les 50-70 ans qui ont plusieurs partenaires : certains avouent faire confiance à leur nouvelle partenaire et ne pas avoir besoin de faire un dépistage. « La sexualité des seniors n’est pas questionnée dans notre pays, ils n’ont pas de lieux de santé sexuelle pour en parler et ils fréquentent très peu les centres de dépistage, déplore le Pr Gilles Pialoux, infectiologue à l’hôpital Tenon. Qui parle clairement de la prescription de médicaments contre la dysfonction érectile pour ceux qui ont des soucis d’érection avec le préservatif ? On sait qu’avec l’âge les muqueuses sont plus perméables au virus mais qui parle de lubrification chez les femmes ? Qui va voir un gérontologue à 65 ans pour un problème de sexualité ? On assiste à un phénomène étrange : les jeunes pensent que le VIH est un truc de vieux et les vieux pensent que c’est un truc de jeunes. » Il faut façonner de nouveaux messages, les ajuster à la psychologie des 50-70 ans et faire des campagnes de prévention et de dépistage qui ne leur parlent pas comme à des vieux.
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