Des prérequis
Tout pharmacien travaillant en officine qui veut vacciner doit avoir réalisé une formation validante pour le DPC. Ensuite, le titulaire de l’officine doit en outre déclarer l’activité de vaccination auprès de son agence régionale de santé (ARS) et attester sur l’honneur que ses locaux sont conformes. « La procédure est moins fastidieuse que les précédentes années d’expérimentation : l’accusé de réception du dossier par l’ARS suffit pour démarrer l’activité », précise Olivier Rozaire, président de l’URPS Auvergne-Rhône-Alpes. Une fois ces formalités remplies, la pharmacie est prête à vacciner ses premiers patients. Mais il existe certains pièges à éviter.
Rester dans la cible
Déjà, « il faut vérifier que la personne est éligible à la vaccination », souligne Alain Guilleminot, président de l’UTIP. En effet, le pharmacien ne peut vacciner que les adultes ciblés par les recommandations vaccinales, à l'exception de ceux ayant des antécédents de réaction allergique sévère à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure.
Cette cible comprend donc : les personnes de plus de 65 ans, celles atteintes de certaines maladies chroniques (BPCO, asthme, diabète…), les femmes enceintes, l’entourage de patients immunodéprimés ou de nourrissons de moins de 6 mois avec facteurs de risque de grippe grave (prématurés, ALD…), les personnes obèses avec un IMC supérieur à 40 et les personnes en établissement de soins de suite ou médicosocial d’hébergement. De plus, les pharmaciens peuvent vacciner les professionnels de santé, le personnel navigant des bateaux et avions et les guides touristiques.
« Autrement dit, si une personne non ciblée par les recommandations vaccinales - par exemple, une personne de 40 ans sans facteurs de risque de grippe grave ni pour elle ni pour son entourage - demande à être vaccinée, le pharmacien doit refuser », martèle Alain Guilleminot.
Une prise en charge subtile
Autre écueil de taille : celui de la prise en charge. En effet, toutes les personnes éligibles à la vaccination bénéficient d’une prise en charge, à l’exception des professionnels salariés qui sont ciblés par les recommandations vaccinales (professionnels de santé salariés, personnel navigant, guides touristiques salariés…) et de tout autre professionnel en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère. « En effet, leur vaccination antigrippale est organisée par leur employeur. S’ils se rendent à l’officine, ils pourront se faire vacciner mais devront payer le vaccin ainsi que l’acte vaccinal », commente Alain Guilleminot.
Trousse de secours à jour
Certains éléments doivent être impérativement présents dans la salle de vaccination : du soluté hydroalcoolique en l’absence de point d’eau, une trousse de secours renfermant deux Anapen, un antihistaminique et un autotensiomètre. Sans oublier d'assurer la propreté régulière du lieu où l’on vaccine.
La délicate gestion des déchets
Avec la vaccination, le pharmacien produit pour la première fois des déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI). Il est chargé de leur élimination. Les autorités sanitaires tentent de trouver un accord avec l’éco-organisme DASTRI pour leur prise en charge. Pour le moment, rien n'est acté, mais « les discussions sont en cours et en bonne voie » selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Comment facturer ?
L’acte vaccinal par le pharmacien est facturé 6,30 euros HT en métropole et pris en charge à 60 % par l’assurance-maladie (à 100 % pour les patients en ALD). « Pour s’assurer du taux de prise en charge, le pharmacien regarde le troisième volet (la partie basse) du bon de prise en charge. Si la mention ALD y figure, la prise en charge est de 100 %. Sinon, elle est de 60 % », explique Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO).
De plus, un code spécifique (VGP) identifiant l’acte vaccinal pharmaceutique a été défini et intégré aux logiciels d’aide à la dispensation (LAD). « Il faut donc penser à mettre à jour son LAD afin que soit intégré le code VGP », prévient Olivier Rozaire. « Il ne faudra pas omettre d’indiquer ce code VGP sur la feuille de soins », poursuit-il. Enfin, cette feuille de soins doit uniquement mentionner le vaccin et l’acte vaccinal, mais rien de plus. On ne doit pas facturer un autre médicament dessus.
Traçabilité renforcée
Pour la vaccination, le pharmacien devra organiser une triple traçabilité : une pour l’officine, une pour le patient et une pour le médecin traitant.
À l’officine, à défaut d’enregistrement dans le logiciel d’aide à la dispensation, un registre papier sera tenu.
Pour le patient, le pharmacien inscrit l’acte vaccinal dans le carnet de santé de vaccination ou lui délivre une attestation papier. À l’avenir, cette inscription se fera de façon automatique dans le DMP.
Enfin, pour le médecin traitant, ces informations peuvent être transmises par messagerie sécurisée de santé ou via le patient, et à l’avenir par le DMP. Pour sa part, Gilles Bonnefond invite tous les pharmaciens à ouvrir un DMP à chaque vaccination. « Une fois ouvert, le DMP est alimenté par tout ce qui est remboursé par l’assurance-maladie. La vaccination sera donc automatiquement inscrite au DMP. »
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