Ce dimanche 12 décembre, des pharmacies ont ouvert exceptionnellement pour vacciner et dépister. Une possibilité dont se sont saisis des officinaux mais qui ne suscite pas l'enthousiasme de tous.
On ne saura jamais si l'ex-pharmacienne Roselyne Bachelot aurait réellement ouvert le dimanche, comme elle l'a affirmé vendredi dernier sur « BFM TV ». Loin des faciles déclarations d'intention, des officinaux, eux, ont bel et bien travaillé le 12 décembre pour vacciner leurs patients. C'est notamment le cas d'un titulaire à Blois à la tête d'une équipe de 9 personnes (3 pharmaciens, 4 préparateurs et 2 apprentis) qui a accepté de partager son expérience au « Quotidien du pharmacien ». « Cela m'embêtait de ne pas pouvoir proposer de rendez-vous avant plusieurs mois à des patients fidèles, alors j'ai travaillé le 12 décembre avec deux préparateurs. Nous avons proposé des créneaux sur Doctolib, ils ont très rapidement trouvé preneur. Hier, nous avons vacciné 66 personnes entre 10 heures et 13 h 30. On a reçu quelques personnes venues pour d'autres raisons, nous les avons redirigés vers la pharmacie de garde et cela s'est bien passé. » Submergé en semaine par les tests et toutes ses autres missions, le pharmacien a décidé d'ouvrir de nouveau le dimanche 19 décembre pendant quelques heures. « Ensuite on verra. Si les centres prennent le relais, je ne vais pas continuer. » Ses associés qui travaillent dans d'autres pharmacies de la ville ont, eux, fait le choix de ne pas ouvrir. « C'est une décision qui est propre à chacun. Dans mon équipe, des salariés se sont portés volontaires pour ouvrir le dimanche, mais ailleurs cela peut être plus compliqué », admet-il.
Pharmacien à Strasbourg, Guillaume Kreutter, lui, n'a pas pu ouvrir ce 12 décembre. Avec seulement 4 salariés, son équipe officinale n'est pas suffisamment fournie. Explosion du nombre tests, manque de doses pour le vaccin Pfizer, fatigue après des mois harassants… les raisons sont multiples. Le pharmacien alsacien n'est pas opposé à la possibilité d'ouvrir exceptionnellement le dimanche pour vacciner et dépister, mais la forme actuelle ne lui plaît guère. « Il faudrait que cela soit organisé différemment. On pourrait par exemple mettre en place un roulement sur un même secteur. Cela ne doit pas se faire de manière anarchique comme c'est le cas en ce moment. J’ai déjà eu des retours de confrères qui font état d'une désorganisation du système de gardes. Certains pharmaciens ont profité de leur ouverture dominicale pour vendre d'autres produits, y compris des coffrets de Noël », déplore-t-il. Guillaume Kreutter n'exclut pas totalement la possibilité d'ouvrir un dimanche pour vacciner dans les prochaines semaines. Il regrette cependant qu'une certaine pression soit mise sur les pharmaciens par le gouvernement et les médias, qui semblent parfois ignorer leurs difficultés du quotidien et les deux années qu'ils viennent de vivre. « Tous les pharmaciens que je connais ont perdu au moins un salarié ces derniers mois. On assiste à une explosion des arrêts maladie et des burn-out. Si l'on commence à ouvrir le dimanche sur le long terme, cela présente un risque : effrayer des candidats. La profession aurait alors encore plus de mal à recruter », analyse Guillaume Kreutter.
Aucun chiffre n'a pour l'instant été publié concernant le nombre de pharmacies qui ont décidé d'ouvrir le dimanche. Mais, selon un sondage interne de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), environ 10 % du réseau officinal se déclarait prêt à le faire.
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