DÈS LA VITRINE de la pharmacie, une affiche prévient les patients : « Attention ! Baisse de votre vigilance. Médicaments et conduite : votre pharmacien vous informe ». Dans la pharmacie Martin-Pinel, à Pont de Cheruy (Isère), les deux co-titulaires et les cinq adjoints sont sur le pont pour participer au bon déroulement de l’animation éthique du mois : une sensibilisation aux risques de somnolence au volant dus à la prise de certains médicaments. Outre les affiches, des flyers sont distribués aux patients et chaque pharmacien porte un badge rappelant l’opération. En février, toutes les officines du groupement Rhône Vallée Pharmacie (RVP) participent à cette sensibilisation. Pour la préparer, elles ont reçu un road book présentant les objectifs de l’opération, son contexte, et détaillant les médicaments concernés : anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques, antidépresseurs, antiépileptiques, mais aussi antitussifs, antihistaminiques ou encore antalgiques de niveau 2 ou 3.
Au comptoir, chaque patient qui présente une ordonnance avec ce type de médicaments est mis en garde : « Avez-vous conscience que le médicament que vous prenez peut altérer votre vigilance ? » demande ainsi Cécile Coulardeau à sa patiente, Sandra, venue chercher ses médicaments pour une pathologie chronique. Parmi les boîtes qui s’empilent sur le comptoir, plusieurs portent le pictogramme en triangle caractéristique des médicaments ayant un impact sur la vigilance au volant. Cécile explique à Sandra les trois couleurs correspondant aux différents niveaux de danger, de 1 à 3. « Si vous pouvez, il faut prendre ces médicaments plutôt le soir, conseille-t-elle. Si ce n’est pas possible, il est préférable d’éviter de conduire, ou d’être très prudente. »
Un autocollant sur l’ordonnance.
Ensuite, elle colle sur l’ordonnance un autocollant reprenant le même code couleur que les pictogrammes et rappelant la baisse de vigilance possible avec les traitements prescrits. Cet ultime rappel permet aux patients d’avoir un second niveau de mise en garde, sur la boîte et sur l’ordonnance. Coralie Gallay, adjointe à la pharmacie Martin-Pinel, constate que « beaucoup de patients qui prennent un traitement chronique savent déjà que certains de leurs médicaments les font dormir. En revanche cela nous permet de mettre en garde les gens qui prennent un traitement symptomatique et qui ne s’imaginent pas que ces médicaments peuvent faire baisser leur vigilance et être dangereux s’ils prennent le volant ».
Et les patients semblent particulièrement apprécier ce type d’opération, comme en témoigne Sandra. « Je trouve ça très bien, car c’est vrai que le médecin ne nous rappelle pas à chaque fois les risques de ces médicaments pour la conduite, commente-t-elle. Moi j’ai un traitement lourd, donc je suis hyperinformée des effets secondaires de mes médicaments, mais certaines personnes ne s’imaginent pas qu’un simple sirop pour la toux puisse les faire dormir. » Pour elle, « ce rôle de conseil du pharmacien est très important. Il est un peu la béquille après l’équipe médicale. C’est pour cette raison que je suis contre la vente de médicaments en grande surface ! ». Un avis qui conforte David Thierry, co-titulaire de l’officine, dans son opinion que ce type d’opération permet de mettre en valeur le rôle de professionnel de santé du pharmacien. « Il sera difficile de savoir si cette campagne aura un impact réel sur les accidents de la route dus à la prise de médicaments altérant la vigilance, reconnaît-il. Néanmoins, cette sensibilisation doit être au cœur de notre métier, c’est notre rôle d’informer les patients sur les effets secondaires de leur traitement. À terme, notre objectif est d’intégrer cette opération à notre pratique et de la poursuivre tout au long de l’année », conclut-il.
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