Effet bien connu chez le diabétique, l’hypoglycémie reste sous-estimée en termes de gravité et de fréquence chez le grand public. Deuxième cause d’iatrogénie après les anticoagulants, l’hypoglycémie, sous insuline et antidiabétiques oraux, peut entraîner des conséquences graves : crises comitiales, démence chez la personne âgée, complications cardiovasculaires, hospitalisation, coma et décès. Économiquement, la prise en charge des hypoglycémies représente un coût similaire à celui des complications du diabète. Mais pour les patients concernés, la qualité de vie s’en trouve surtout détériorée, avec un retentissement sur leur autonomie et leur vie sociale.
Face à ce constat, l’URPS des pharmaciens des Pays de la Loire, avec le soutien financier de l’ARS et de nombreux partenaires (CHU de Nantes, Groupe Pierre Fabre, réseau Maladies Chroniques 44), travaille depuis deux ans sur la détection du risque d’hypoglycémie, directement au comptoir.
Leur but ? Accompagner les patients diabétiques de type 2, uniquement sous glinides ou sulfamides hypoglycémiants, dans la gestion de leur traitement et du risque d’hypoglycémie. Autre volonté : développer cette démarche en entretiens thérapeutiques reconnus et rémunérés, comme le sont actuellement les entretiens AVK et asthme.
En 2015, une phase pilote a d’abord été mise en place en Loire-Atlantique. Le succès fut au rendez-vous, avec 310 patients recrutés et une satisfaction des pharmaciens volontaires. Cette année, de novembre 2017 à juin 2018, l’expérimentation est renouvelée en Loire-Atlantique et proposée dans deux autres départements, la Vendée et la Mayenne, avec une cible de 2000 patients inclus.
Les entretiens, en pratique
Respectant le cadre protocolaire de l’éducation thérapeutique, le projet « Les hypoglycémies, rôle du pharmacien » se déroule en deux entretiens. Lors du premier rendez-vous, le pharmacien élabore un état des lieux de la situation, en fixant des objectifs d’amélioration de la gestion du traitement et des hypoglycémies. Au terme de 30 minutes, le patient reçoit un bilan, pouvant être transmis à son médecin traitant. Ce coupon « Bilan entretien » est une nouveauté de 2017, favorisant ainsi la communication entre professionnels de santé.
Un second rendez-vous est prévu 6 mois plus tard. L’évolution des connaissances et pratiques du patient est alors évaluée, sans oublier le point de vue des pharmaciens sur l’utilité de ces entretiens.
L’expérimentation, proposée aux pharmaciens titulaires et adjoints, est rémunérée à la hauteur de 50 euros. Aux volontaires est remis un kit richement fourni, comprenant les questionnaires, accompagnés d’un guide pour mener à bien l’entretien et le coupon-bilan. Aux patients sont donnés des outils pratiques : un carnet passerelle, mémo pour reconnaître et traiter l’hypoglycémie, et des fiches nutrition, pour adapter l’alimentation selon certaines situations (Ramadan, petit budget, etc.).
Les questionnaires, tous anonymes, seront à rendre en juin 2018 à l’URPS des Pays de la Loire. Quelques mois d’étude seront nécessaires avant la publication des résultats, attendus pour le début de l’année 2019.
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