Basé sur les résultats préliminaires de l'étude Covisal, qui a permis d'évaluer leur niveau de fiabilité comparé à celui des prélèvements nasopharyngés, l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur les tests salivaires était très attendu. Lors d'un point presse, le 18 septembre, l'instance s'est déclarée « favorable à l'utilisation et au remboursement de ces tests pour le diagnostic des patients non hospitalisés ayant des symptômes, si ces derniers sont apparus depuis moins de sept jours ».
L'Autorité, qui estime que leur réalisation doit obligatoirement être suivie d'une amplification par RT-PCR, précise en outre que seulement certaines catégories de patients symptomatiques doivent pouvoir y accéder : « Les personnes pour lesquelles l'acceptabilité du test nasopharyngé est aujourd'hui la plus faible (enfants, personnes âgées, personnes présentant des troubles psychiatriques) ou chez lesquelles le test sur prélèvement nasopharyngé est contre-indiqué. » Si la HAS plaide pour une utilisation aussi restrictive des tests salivaires, c'est avant tout à cause de leurs performances, suffisantes pour qu'ils soient inclus dans la stratégie de dépistage, mais pas au point d'en faire bénéficier les personnes asymptomatiques. « Nous raterions 3 malades sur 4, le taux d'erreur serait donc de 75 %, il n'est donc pas raisonnable de les utiliser pour les personnes asymptomatiques », a ainsi expliqué Dominique le Guludec, présidente de la HAS. Interrogée enfin sur la question des professionnels de santé qui seront impliqués, elle n'a pas fermé la porte aux officinaux. Faciles à utiliser, les tests salivaires pourraient en effet être proposés en pharmacie pour que les patients puissent s'autoprélever, comme l'a laissé entendre la HAS. Si cette dernière ne veut pas exclure les médecins, qui « restent les mieux placés pour orienter ou non un patient vers un test salivaire », imposer une prescription médicale ne semble pas à l'ordre du jour.
TROD versus autoprélèvement
Quelques mois après les TROD sérologiques, les officinaux pourraient donc bien disposer très prochainement d'un deuxième outil de dépistage pour le Covid-19. Anesthésiste-réanimateur, le Pr Alexandre Mignon a récemment pris position pour que les pharmaciens soient impliqués dans le déploiement de ces tests salivaires, et ce pour plusieurs raisons. « L’autoprélèvement de salive permet d’éviter l’écouvillon mal utilisé qui peut faire mal et cela permettrait d’éviter les longues files devant les laboratoires d’analyse médicale. Donc oui, faire participer les pharmaciens est une bonne idée, il faut répartir toutes les forces en première ligne et non peser sur un seul groupe de professionnels. Un TROD salivaire ? Pourquoi pas, si ceux qui le réalisent sont formés et que cela permet de désengorger les labos », observe-t-il.
Les TROD salivaires n'ont toutefois pas été évoqués pour l'heure par la HAS, au grand dam des représentants de la profession. « C'est bien d'avancer, c'est bien que les tests salivaires soient maintenant validés scientifiquement. Cela dit, il y a deux décisions qui, pour moi, sont antinomiques, regrette ainsi Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmacies d'officine (UDGPO). D'un côté, la HAS veut réserver ces tests aux personnes symptomatiques. De l'autre, le ministère de la Santé a publié un décret la semaine dernière qui précise bien qu'un TROD antigénique ne doit être réalisé ni sur une personne qui a des symptômes, ni sur un cas contact. En l'état actuel, un TROD salivaire est donc inenvisageable. Or il serait extrêmement dommage, selon moi, que le pharmacien ne puisse pas expliquer le résultat au patient », tient-il à souligner. Son homologue de Federgy, Alain Grollaud, milite lui aussi pour que les pharmaciens puissent réaliser des TROD salivaires ou nasopharyngés pour le Covid-19. « Les pharmaciens d'officine ont démontré leur compétence dans le cadre de la vaccination antigrippale (...) il serait dommageable d'ignorer ce soutien efficace et complémentaire », a ainsi souligné le syndicat dans un récent communiqué.
Et bientôt les tests antigéniques
Président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Gilles Bonnefond estime également que les pharmaciens doivent venir en soutien des laboratoires, débordés par la demande. Il mise en revanche davantage sur les tests antigéniques, encore en cours d'évaluation, que sur les tests salivaires. « L'avis de la HAS à leur sujet est tout de même très mesuré. De plus, si l'analyse doit être réalisée par un laboratoire, ce qui serait le cas avec un autoprélèvement, cela ne va pas contribuer à les soulager ni à permettre aux patients d'éviter d'attendre 15 jours pour avoir un résultat. Honnêtement, je pense que les tests salivaires ne vont pas apporter grand-chose, je ne vois pas comment ils pourraient prospérer », anticipe-t-il. Quant aux antigéniques, le président de l'USPO espère avant tout que l'on « donnera la possibilité aux pharmaciens de faire l'intégralité du test afin que l'on puisse donner au patient un résultat en 15 minutes. Le prélèvement nasopharyngé est aujourd'hui un geste banalisé. Il faudrait donc que les laboratoires mettent à disposition des pharmacies des outils pour que l'on réalise ces tests antigéniques, s'ils sont validés. Nous avons des espaces de confidentialité pour le faire et cela serait complémentaire aux TROD grippe que nous allons également réaliser. Il faut s'appuyer sur le pharmacien, nous ne pouvons plus continuer à laisser les Français attendre sur des trottoirs », fustige-t-il.
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