Le dernier chiffre de l’assurance-maladie est sans appel. Seulement 2 990 officines se sont investies dans le processus des bilans partagés de médication (BPM). Voilà l’une des informations importantes à retenir de l’atelier « Bilan de médication et Act-IP » proposé lors du 18e congrès de la Société française de pharmacie clinique à Marseille. Cette session de formation faisait partie de la thématique globale de la première journée : la pharmacie clinique ambulatoire. Et, bien évidemment, le sujet des BPM a été abordé. Julien Gravoulet, pharmacien titulaire dans l’est de la France, a assuré la présentation de cette conférence.
Les données disponibles traduisent encore un faible investissement des équipes officinales dans cette nouvelle activité. Seulement 10 % des pharmacies ont recruté au moins un patient éligible à l’accompagnement. Ce chiffre traduit en fait une réalité de terrain : les difficultés rencontrées par les équipes sont réelles.
Tout d’abord, le recrutement des patients est une étape chronophage. Le pharmacien est bien souvent contraint de réaliser un travail d’explication pour convaincre de l’intérêt de cette démarche. Ensuite, le formalisme entourant cette activité reste contraignant à mettre en œuvre. Le parcours du patient doit rentrer dans un cadre bien défini afin de pouvoir valoriser l’action pharmaceutique. Enfin, la communication au médecin traitant des avis formulés pose beaucoup d’interrogations. Les interventions pharmaceutiques émises restent bien souvent sans action sur les ordonnances.
Comme le vélo
Mais, d’un autre côté, les pratiques commencent à évoluer. De plus en plus de pharmaciens se lancent dans cette démarche d’accompagnement des patients. Comme l’explique Julien Gravoulet c’est un peu « comme apprendre à faire du vélo : au début on a besoin de roulettes, puis on chute et enfin ça roule tout seul ! » En d’autres termes, une fois la courbe d’apprentissage réalisée, le pharmacien acquiert rapidement une autonomie dans la réalisation de cette nouvelle activité.
Les BPM peuvent être également l’occasion d’impliquer le reste de l’équipe officinale. Du recrutement à la préparation des entretiens jusqu’aux consultations, préparateurs et pharmaciens peuvent apporter leur contribution. Une bonne raison supplémentaire de développer la pharmacie clinique en ambulatoire.
Car le risque à court terme est probablement la remise en cause des BPM si la situation n’évolue pas. L’assurance maladie, en ciblant certains patients, s’attend à une forme de “retour sur investissement”. Et ce gain espéré repose sur la diminution de la iatrogénie médicamenteuse. Car ces erreurs sont encore aujourd’hui source de dépenses importantes de santé. Avec seulement 17 000 patients ayant bénéficié d’un BPM, les objectifs sont loin d’être atteints (la cible potentielle compte près de 3,9 millions d’assurés).
À terme, les BPM pourraient être supprimés devant la faible implication de la profession. Et par effet de ricochet l’opportunité pour le pharmacien de valoriser son côté clinicien s'arrêtera.
D’autres acteurs pourraient également profiter de la situation pour se positionner avec une offre de sous-traitance des BPM.
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