Issue de la mission flash urgences de François Braun avant que celui-ci ne soit nommé ministre de la Santé, la mise en place dérogatoire de six protocoles de soins non programmés a été entérinée par un arrêté au « Journal officiel » ce matin. Quatre d’entre eux concernent directement le pharmacien lorsque celui-ci est intégré à une communauté professionnelle de territoire en santé (CPTS).
Parmi les 41 recommandations de François Braun pour répondre à la crise des urgences, le déploiement simplifié des protocoles de coopération, jusque-là réservés aux centres de santé et aux maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), est étendu aux professionnels de santé libéraux faisant partie d’une CPTS. Quatre protocoles sont spécifiquement tournés vers l’officine : la prise en charge de l’angine, de la cystite chez la femme de 16 à 65 ans, de la varicelle chez l’enfant de 12 mois à 12 ans et le renouvellement du traitement de la rhinoconjonctivite allergique saisonnière chez les 15-50 ans. L’arrêté paru ce matin au « Journal officiel » met en place ces missions de manière dérogatoire jusqu’au 30 septembre prochain.
« Il n’a pas été possible d’étendre la mise en place de ces protocoles aux équipes de soins primaires (ESP) car un numéro FINESS est nécessaire pour la facturation », précise Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Mais, ajoute-t-il, l’USPO continue de défendre une application de ces protocoles au-delà de l’exercice coordonné pour que tous les pharmaciens puissent les utiliser et que tous les patients le nécessitant puissent en bénéficier, sans discrimination d’un territoire à l’autre. À ce jour, au vu des CPTS existantes, ces protocoles pourraient être déployés sur 30 % du territoire. « Les textes prévoient qu’ils ne peuvent être mis en place que si le médecin, le pharmacien et le patient sont dans la même CPTS mais un assouplissement est prévu pour cet été, afin de prendre en compte les patients en vacances. Dès lors, le protocole peut être utilisé même si le patient ne dépend pas de cette CPTS », détaille Pierre-Olivier Variot.
Selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il y a peu de chance que ces protocoles soient déployés cet été. Parce que non seulement le pharmacien doit faire partie d’une CPTS, mais il doit aussi avoir « obtenu délégation de l’un des médecins de la CPTS pour les réaliser ». De plus, la rémunération reposerait, selon les informations recueillies à ce stade par la FSPF, « sur le partage de 25 euros entre les deux professionnels de santé qui doivent s’accorder sur la répartition, et le tarif peut être réglementé différemment d’une CPTS à l’autre ». À cela s’ajoute le fait que certaines des pathologies visées par les protocoles sont saisonnières et surviennent peu l’été. « Ce n’est pas le nombre d’angine ou de varicelle pris en charge à l’officine qui va soulager les urgences cet été », prédit Philippe Besset.
Ses contre-propositions ? « Pour cet été, l’apport des pharmaciens pour éviter les hospitalisations, c’est la lutte contre le Covid. C’est pourquoi j’ai demandé, lors d’une rencontre avec le ministère hier, une amélioration de la mise à disposition du Paxlovid en permettant une dispensation à l’aide d’une grille d’éligibilité et de la consultation du dossier pharmaceutique pour vérifier l’absence de contre-indications. » Une demande faite également par l’USPO et à laquelle le ministère de la Santé va réfléchir. Toujours pour lutter contre le Covid, la FSPF propose de revoir la conduite à tenir dans certains cas, par exemple en prévoyant la délivrance d’oxymètres en fonction de l’âge ou de la vulnérabilité. Quant aux protocoles de coopération, il faudra s’y pencher après l’été, hors contexte d’urgence et dans le cadre d’une rationalisation du parcours patient, en s’appuyant notamment sur l’expérimentation réussie Osys en Bretagne. Une proposition qui rejoint là aussi la vision de l’USPO.
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