Après la vaccination antigrippale, les tests antigéniques seront-ils le prochain objet d'un conflit entre infirmiers et pharmaciens ?
Dans un communiqué publié cette semaine, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL), déplorant que « les tests antigéniques (leur) manquent cruellement », passe à l’offensive. Le syndicat n’hésite pas à incriminer les officinaux : « Les pharmacies, en charge de diffuser les tests (aux professionnels de santé N.D.L.R.), n’ont toujours pas été livrées. » Mais plus grave encore, l’accusation est ouvertement dirigée contre la profession : « Certains pharmaciens font de la rétention de tests, préférant les réaliser eux-mêmes et faisant fi des instructions du ministère de la Santé leur demandant de délivrer les tests aux professionnels de santé habilités. »
Les relations interprofessionnelles qui se mettent en place sur le terrain, notamment par le biais des CPTS, pourraient-elles pâtir de ces nouvelles tensions ? Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), nie tout problème avec les infirmiers libéraux. « Si certains pharmaciens ont refusé d’en délivrer, c’est certainement parce qu’ils n’en avaient pas assez », admet-il. Selon lui, « la vérité, c’est que les relations sur le terrain se passent bien ». Le président de la FSPF en veut pour preuve les échanges plurihebdomadaires entre les organisations syndicales des deux professions.
Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), est plus nuancé et dénonce même les syndicats infirmiers qui ont recommandé à tous leurs adhérents de se procurer régulièrement des boîtes de tests dans les officines. « Rappelons qu’il y a plus de 48 000 cabinets infirmiers en France, à ce rythme cela fait un million de tests consommés tous les deux jours. Ils vont mettre à sac les pharmacies ! C’est une méthode inacceptable, s’insurge Gilles Bonnefond. Pendant ce temps, les pharmaciens, chargés de commander les tests, font les avances de frais. » Selon lui, l’assurance-maladie devrait rapidement effectuer des contrôles. Gilles Bonnefond rappelle que sur les 550 000 tests disponibles en pharmacie le 10 novembre, 60 000 ont été distribués aux médecins, 280 000 aux infirmiers. Or s'étonne-t-il « sur les 150 000 tests qui ont été réalisés depuis, 25 000 ont été effectués par les infirmiers, 125 000 par les pharmaciens ». « Preuve que les syndicats d'infirmiers, affirme-t-il, ont voulu créer la pénurie, c'est irresponsable. »
Pour le SNIIL, l'accord ne sera pas trouvé de sitôt. Le syndicat repousse en effet catégoriquement l'invitation des pharmaciens aux infirmiers de réaliser des tests antigéniques dans les officines. Et juge même inacceptable que « certains représentants de pharmaciens insistent lourdement auprès du ministère afin d’obtenir l’autorisation de faire intervenir des infirmières libérales pour pratiquer les tests antigéniques au sein même de leur officine ». Enfin, le SNIIL joue sur un dernier rapport de force : « Les infirmiers sont les professionnels de santé libéraux les plus nombreux, avec un nombre de cabinets (48 700), très largement supérieur aux 21 152 officines, et beaucoup mieux répartis sur tout le territoire. »
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