À peine plus d'un mois après leur apparition en officine, les masques grand public n'ont plus le vent en poupe. La demande est en effet en chute libre, à tel point que les entreprises qui se sont mobilisées pour en produire ne savent plus aujourd'hui à qui les proposer quand elles ne se retrouvent avec des annulations de commandes.
Interrogé le 8 juin par le journal « Ouest-France », le délégué général d'une entreprise textile des Pays de la Loire se retrouve ainsi avec « 250 000 masques en stock, une production et 350 salariés à l'arrêt depuis (plus) d'une semaine ». Les quelque 450 entreprises du pays qui se sont attelées à fabriquer des masques réutilisables s'interrogent désormais sur l'avenir de cette activité. Une réunion s'est tenue sur le sujet lundi dernier à l'initiative de Bercy avec « l'ensemble de la filière » pour « préparer le plan d'action futur ». Elle a abouti sur le lancement d'une mission dont l'objectif sera d'inciter les grandes entreprises à équiper leurs employés en masques réutilisables made in France. « Nous avons une mission : convaincre les gros acheteurs de passer du masque à usage unique au masque textile lavable réutilisable », a ainsi annoncé la secrétaire d'État au commerce, Agnès Pannier-Runacher. En prévision d'une nouvelle crise sanitaire, il s'agit donc d'aider les entreprises du secteur textile afin de « pérenniser une filière française ».
« Heureusement, ils ne sont pas périssables »
Les producteurs de masques réutilisables ne sont pas les seuls à se retrouver avec des stocks conséquents sur les bras. De nombreux officinaux ont en effet passé des commandes importantes et se sont vite rendu compte qu'ils auraient bien du mal à les écouler. Concurrence de la GMS qui a pu vendre en masse des masques chirurgicaux, distribution assurée par les entreprises et les collectivités territoriales et surtout recul de l'épidémie… les patients ne se bousculent plus au comptoir pour venir récupérer des masques lavables pourtant si demandés il y a quelques semaines à peine. « On observe une baisse sensible de la demande pour ces masques mais c'est également le cas pour les chirurgicaux, précise Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officines (UDGPO). Concernant les masques réutilisables, j'ai toujours considéré de toute façon qu'ils n'étaient qu'un pis-aller face à la pénurie des modèles chirurgicaux. C'est au gouvernement, qui a de plus commandé des quantités importantes à l'étranger, de trouver des solutions pour les industriels français qui produisent des masques lavables. Pour les officinaux, ces derniers ne sont heureusement pas périssables, on peut donc les stocker en prévision d'une nouvelle vague épidémique. Il est donc encore un peu tôt pour faire un bilan définitif », analyse Laurent Filoche, qui estime en effet que la demande repartira peut-être à la hausse lors de la rentrée de septembre. Il évoque aussi la possibilité que l'État puisse racheter les masques invendus afin de constituer lui-même un stock de précaution.
En attendant, le président de l'UDGPO conseille à ses confrères de ne pas hésiter à pratiquer des politiques agressives sur les prix (qui ne sont pas encadrés) et à prêcher la bonne parole au sujet du port du masque. « L'officinal doit être proactif et rappeler aux patients pourquoi il est important de les utiliser. Sur le long terme, ce serait en effet une bonne mesure sanitaire que pourrait adopter toute personne atteinte d'une infection nasopharyngée pour éviter de contaminer les autres. », souligne-t-il.
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