À LA QUESTION, « Le pharmacien est-il bien placé pour travailler l’observance », la réponse est affirmative et unanime. Sa proximité, sa disponibilité, la confiance que lui accordent ses patients, tout concourt à en faire un acteur central dans l’amélioration de l’observance. Pourtant, comme le rappelle Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), l’environnement ne lui facilite pas la tâche. « Les médias nous répètent qu’on consomme trop de médicaments en France sous la forme d’un message culpabilisant. Les notices déclinent des pages d’effets secondaires. Des professeurs dénigrent les médicaments contre le cholestérol et conseillent la levure de riz rouge… Et les SMR vont figurer sur les boîtes de médicaments avec un code couleur. Comment voulez-vous rendre un patient observant ? »
Malgré ce climat peu favorable, le pharmacien doit tout faire pour détecter le patient inobservant, essayer de comprendre pourquoi et en discuter avec le médecin. Fort de résultats positifs de la préparation des doses à administrer dans les établissements de soins, Gilles Bonnefond propose d’étendre la pratique en ville pour « le patient âgé ou en perte d’autonomie ». Il souligne aussi le rôle du pharmacien dans l’apprentissage du malade à se servir correctement de ses dispositifs médicaux et dans l’information à lui donner.
Pour Jean-Luc Fournival, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), l’observance passe surtout par l’interprofessionalité. L’équipe soignante doit délivrer un message identique au patient, que cela concerne sa pathologie ou ses traitements. « Le pharmacien doit être clinicien, obtenir tous les renseignements sur la pathologie de son patient et le schéma thérapeutique mis en place, prendre en compte les antécédents, le mode de vie, le comportement face à la maladie, la philosophie de vie, le schéma socioculturel… »
Au bénéfice du patient.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) revient quant à elle sur l’importance de la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST), qui a permis d’instaurer l’accompagnement des patients en officine, et sur la modification du champ de la convention pharmaceutique en 2012, justement pour favoriser le travail sur l’observance et faire évoluer le mode de rémunération du pharmacien. « La volonté des signataires de ces accords sur le suivi des patients sous AVK et des patients asthmatiques a souvent été mal comprise par le corps médical. Le but est de donner aux patients les moyens de comprendre et de s’approprier leurs traitements et les conditions indispensables à ces traitements. Il faut maintenant entrer dans une logique d’évaluation de ce que le pharmacien réalise, de façon à justifier notre investissement dans ces orientations », précise le président de la FSPF, Philippe Gaertner.
Enfin, Martial Fraysse, président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens (CROP) d’Île de France, rappelle que le pharmacien doit s’adapter à chaque malade. Installé à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), il donne l’exemple de l’un de ses patients, de Seine-Saint-Denis, qui a écumé en vain les officines pour obtenir une dispensation. « Il s’agit d’un médicament de rétrocession hospitalière, disponible à l’hôpital. Je me suis engagé à aller lui chercher, et depuis, chaque mois il vient le chercher dans ma pharmacie. Il sait que ce médicament est vital pour lui, mais ce qui le fait venir n’est pas la peur de mourir, c’est le fait que je fasse la démarche d’aller chercher ce médicament à l’hôpital pour lui. Tout doit être fait au bénéfice du patient, en particulier lui consacrer le temps minimum nécessaire pour qu’il s’approprie sa maladie et son traitement. »
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