« UN TEST, un bisou ». Voilà la juste récompense pour les diabétiques qui pratiquent l’autosurveillance glycémique (ASG), selon Lifescan. Le laboratoire, filiale de Johnson & Johnson, mène actuellement une campagne de sensibilisation sur la nécessité de ce geste pluriquotidien. Elle s’installe pendant trois semaines à la télévision (chaînes hertziennes et TNT) et à la radio. Les 5 spots TV mettent en scène un diabétique (enfant, jeunes adultes, seniors) dans son cadre quotidien. Il confie qu’il teste sa glycémie plusieurs fois par jour. « Je mérite bien un petit bisou à chaque fois, non ? », suggère ensuite le personnage du spot. Renvoi est fait au site www.untestunbisou.fr, qui donne le fin mot de l’histoire (l’octroi du fameux baiser par le conjoint ou le nounours, pour ce qui est du petit garçon) et va plus en avant dans l’importance de l’ASG pour prévenir les nombreuses complications du diabète. Les pharmaciens sont associés à cette campagne, qui disposent de posters et de brochures à remettre aux patients. Le message de cette campagne inédite est léger, voire infantilisant aux yeux de certains. À cela Pascale Chapuis, directrice marketing, répond qu’il faut « donner des tests glycémiques une image positive et impulser un élan aux patients et à leur entourage », sans accent dramatique.
Oubli, refus, déni.
La non-observance de l’ASG est en effet très répandue parmi les diabétiques. Selon une étude française récente, 62 % des diabétiques non insulinodépendants (traités per os) ne mesurent jamais leur glycémie. Plusieurs faits sont en cause, explique le Pr Gérard Reach, chef du service diabétologie à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Il y a d’abord le simple oubli. Et des patients refusent aussi ce suivi parce qu’ils rejettent l’autorité médicale. D’autres pratiquent le déni, par exemple en remplissant un carnet de suivi avec de fausses données. En fait, l’observance obéit à un phénomène psychologique qui dépasse le cadre du traitement. « Lorsque le patient a le choix entre une récompense immédiate et concrète, qui est celle de la non-observance, et la récompense lointaine et abstraite, celle de l’observance, il choisit souvent de manière naturelle la première », estime le Pr Reach. La non-observance est donc plus marquée chez les patients en situation de précarité et les jeunes, qui vivent davantage dans l’immédiateté. Il revient aux soignants d’inciter les patients, devenus plus autonomes dans leur prise en charge, à l’observance.
Tant au plan du traitement que de son suivi. Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques (AFD), admet que la tâche n’est pas aisée pour les soignants. « Le patient doit se sentir épaulé par une équipe coordonnée. C’est lui, et non son traitement, qui doit être au centre des préoccupations médicales », souligne t-il. L’amélioration de la qualité de vie est un argument à mettre en avant. « Un lecteur de glycémie n’est pas un mouchard. On ne doit pas considérer de mauvais résultats comme une sanction », affirme Gérard Raymond. Les officinaux sont en toute première ligne pour promouvoir l’observance, sans discours angoissant ou culpabilisant. Cela aussi mériterait un bisou.
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