• Quels vaccins ?
C’est un arrêté du 21 avril dernier qui établit la liste des vaccins que les pharmaciens d’officine sont autorisés à administrer sur prescription médicale ou lorsque le vaccin est à prescription médicale facultative (PMF) : grippe, diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, papillomavirus humains, hépatite A, hépatite B, méningocoque ABCYW, pneumocoque, rage. Les syndicats de pharmaciens précisent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une ordonnance prescrivant l’acte vaccinal, la seule prescription du vaccin permet au pharmacien de réaliser l’injection si le patient le souhaite.
• Quelle population ?
Ce même arrêté détermine les personnes qui peuvent être vaccinées par les pharmaciens, à savoir l’ensemble des adultes et des mineurs dès 16 ans pour toutes les vaccinations recommandées au calendrier vaccinal en vigueur. Seule exception : pour le vaccin contre la grippe, le pharmacien est autorisé à vacciner les adultes hors population ciblée par les recommandations vaccinales, même si les autorités demandent désormais de prioriser les populations cibles le premier mois de la campagne vaccinale. Les confrères sont invités à ne pas vacciner les personnes présentant des antécédents de réaction allergique sévère à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure.
La limitation de l’administration des vaccins aux 16 ans et plus est appelée à disparaître d’ici au début de l’année prochaine. En effet, la Haute Autorité de santé (HAS) a recommandé en juin dernier de permettre au pharmacien de vacciner les populations dès l’âge de 2 ans. Cette recommandation a reçu l’assentiment de l’assurance-maladie et des représentants de la profession, elle devrait faire l’objet d’une évolution réglementaire en début d’année prochaine. Selon Philippe Besset, président de la Fédération de syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le gouvernement souhaite en effet regrouper les derniers textes manquants concernant la vaccination par les pharmaciens. Or ceux encadrant spécifiquement la prescription ne pourront paraître avant l’entrée en vigueur de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023, donc pas avant le 1er janvier prochain.
• Qui peut vacciner ?
Tous les pharmaciens d’officine, titulaires comme adjoints, tout comme ceux exerçant dans les pharmacies mutualistes et de secours minières, peuvent administrer les vaccins dès maintenant, et pourront prochainement les prescrire. Ils doivent avoir été formés et être déclarés à l’agence régionale de santé (ARS).
Les préparateurs et étudiants en pharmacie, même formés au geste vaccinal par un professionnel de santé et ayant vacciné pendant la crise Covid, ne sont pas autorisés à administrer les vaccins autres que ceux contre la grippe et le Covid. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2023 intègre néanmoins une extension de l’administration des vaccins aux étudiants en pharmacie de 3e cycle. « Nous avons demandé au ministère de la Santé de permettre aux préparateurs et aux étudiants en pharmacie d’administrer ces vaccins. Ce sujet méritera d’être dans une prochaine loi santé, ce qui interviendra probablement courant 2023 », indique Philippe Besset.
• Quelle formation ?
Seuls les pharmaciens qui ont suivi la formation de droit commun pour vacciner contre la grippe sont autorisés à administrer l’ensemble des vaccins listés ci-dessus, qu’ils aient bénéficié d’une formation continue ou initiale sur le sujet. Philippe Besset encourage les confrères à continuer à se former, notamment au calendrier vaccinal qui change chaque année, car « au-delà du geste vaccinal, il faut savoir de quoi on parle, pouvoir répondre précisément aux questions sur la vaccination et pourquoi pas convaincre les personnes réticentes ou hésitantes ».
• Quelle rémunération ?
Comme prévu par la convention pharmaceutique signée entre les syndicats de pharmaciens et l’assurance-maladie, l’honoraire de dispensation de la vaccination est fixé, à compter du 7 novembre, à 7,50 euros TTC en métropole et 7,88 euros TTC en outre-mer (code acte : RVA). L’assurance-maladie souligne que l’acte vaccinal doit être facturé indépendamment de toute autre facturation. Concomitamment à l’entrée en vigueur de la rémunération de l’administration des vaccins, l’acte de la vaccination contre la grippe a été revalorisé au même tarif, donc à 7,50 euros au lieu de 6,30 euros. À noter : les pharmaciens sont autorisés à facturer hors remboursement, comme c’est déjà le cas pour la vaccination contre la grippe chez la population hors cible.
• Quand orienter vers le médecin ?
La question a été posée par un confrère à l’infectiologue marseillais Philippe Brouqui, alors qu’il incitait fortement les pharmaciens à prêter main-forte aux autres vaccinateurs pour améliorer les couvertures vaccinales en France. Selon lui, il ne faut pas hésiter à passer la main au médecin face à des cas compliqués, par exemple « pour des personnes immunodéprimées, des personnes très à risque pour lesquels une consultation est probablement nécessaire ». Il estime cependant que la situation ne devrait pas être si courante car « les personnes immunodéprimées sont certainement très suivies, par un oncologue, un médecin hospitalier spécialisé, leur médecin traitant… », y compris pour leur vaccination.
• Et après ?
Un 2e volet est prévu à l’extension des compétences vaccinales des pharmaciens : la prescription. Pour que les confrères puissent effectivement prescrire des vaccins, une évolution législative est nécessaire et celle-ci est prévue dans la future LFSS 2023 qui doit entrer en vigueur au 1er janvier prochain. Des textes devront ensuite compléter la loi pour préciser les conditions de la réalisation, la population cible et les vaccins concernés. La rémunération – 9,60 euros TTC – et les modalités d’enregistrement sont en revanche déjà prévues par la convention pharmaceutique. Le pharmacien sera invité à renseigner un bon de prise en charge sur le portail de l’assurance-maladie qui vaudra alors prescription.
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