Depuis le 15 février, les clients ne peuvent plus acheter d'autotests en GMS et le monopole pharmaceutique sur ce dispositif a été restauré. Impossible donc de trouver des autotests en dehors des officines, du moins, c'est ce que l'on croyait.
« À ma connaissance, il y a eu déjà une dizaine de signalements venant de pharmaciens qui ont constaté que des supermarchés continuaient à vendre des autotests bien après le 15 février, explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Si des pharmaciens sont témoins de faits similaires et veulent que cela cesse, ils peuvent le signaler à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRRECTE) » (ou à la DGCCRF).
À la date butoir du 15 février, des grandes et moyennes surfaces se sont retrouvées avec des stocks d'autotests sur les bras. À tel point que certaines d'entre elles tentent désespérément de contacter des pharmaciens pour leur proposer leurs invendus. D'autres, refusant de voir dormir dans des cartons une belle source de revenus, ont donc décidé de continuer à en garnir leurs rayons, ignorant ainsi la réglementation en vigueur. « Nous avons alerté le ministère de la Santé et l'Ordre sur ce sujet, précise Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Il y a encore eu des signalements en fin de semaine dernière, ce qui prouve que cela ne s'est pas limité aux quelques jours suivant la fin de l'autorisation de la vente en GMS. Honnêtement, je pensais que c'était un phénomène très marginal, mais cela semble bien plus important que ce que l'on pouvait penser au départ. À ce jour, nous avons déjà recensé entre 20 et 25 signalements », précise-t-il.
La DGCCRF va-t-elle agir ?
Impossible de quantifier avec précision le phénomène, les cas étant remontés au compte-goutte par des pharmaciens qui veulent dénoncer cette pratique. Selon les syndicats, il s'agit tout de même d'un peu plus que quelques cas isolés, davantage que quelques brebis galeuses. « Je suis contacté tous les jours par des confrères et des consœurs qui m'envoient des photos sur Facebook pour me montrer des autotests encore en vente aujourd'hui dans les rayons des GMS », confirme Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO). Des signalements qui concernent de nombreuses enseignes.
Alors qu'il a déjà engagé une procédure contre Intermarché (et Bastide), coupables selon lui d'avoir fait de publicité hors les murs pour les autotests après la parution d'un arrêté interdisant pourtant cette pratique, Laurent Filoche reconnaît avoir quelques doutes sur la capacité d'action des autorités de régulation. « On a vu que la DGCCRF avait été très active pour contrôler les pharmacies sur les prix des SHA ou des masques au début de la crise. Va-t-elle agir de la même manière avec les GMS qui vendent des autotests aujourd'hui ? J'en doute. »
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