Élargissement des compétences vaccinales des officinaux, pharmacien correspondant, dépistage du cancer colorectal, dispensation à domicile, à l'unité… la convention pharmaceutique signée en mars par les représentants de la profession et l'assurance-maaldie ouvre de nouvelles perspectives pour les pharmaciens. « Ce sont de grandes avancées pour nous, mais aussi et avant tout pour les assurés sociaux », veut souligner Philippe Besset.
Pour Thomas Fatôme, le travail intense mené pour aboutir au texte final de la convention pharmaceutique donne également le sentiment d'une « mission accomplie » mais le travail n'est pas fini pour autant, notamment en ce qui concerne le numérique. « Nous avons pris le pari d'enclencher certains sujets même s'il manque des éléments, au niveau informatique, législatif ou sur la formation, explique Philippe Besset. Notre objectif était de montrer la voie même si, pour chaque dispositif, il manque à chaque fois quelque chose pour le mettre en place tout de suite. Il y a maintenant un gros effort à mener pour déployer ces mesures et les expliquer aux pharmaciens. Mon objectif, c'est que 100 % des officinaux s'y mettent mais je resterai à l'écoute des difficultés de certaines officines, notamment les plus petites », promet le président de la FSPF.
Pharmacien : un métier nouveau
Comme le rappelle Philippe Besset, la principale conquête remportée par les officinaux avec la nouvelle convention est l'autonomie offerte au pharmacien pour de nombreux actes. Longtemps dépendant des prescriptions des autres professionnels de santé, le pharmacien change peu à peu de rôle. « Il ne s'agit plus seulement de servir les patients, maintenant il faut proposer. C'est un nouveau métier, il faut identifier la personne qui est en face de nous et voir comment on peut améliorer son parcours de soins », résume Philippe Besset. Si elle a éreinté les officinaux, la crise du Covid aura eu un avantage indéniable. Elle a servi d'accélérateur à la transformation du métier de pharmacien. « L'implication des officinaux pendant la crise a influencé toutes ces décisions, confirme Thomas Fatôme, même si cela a seulement confirmé ce que l'on pressentait avant, avec notamment la mise en place de la vaccination antigrippale et des TROD angine en officine. Néanmoins, sans le Covid, cela n'aurait pas pu aller aussi vite. »
Pour Philippe Besset, la crise sanitaire de ces derniers mois a aussi permis de mettre en lumière un autre aspect. « La pharmacie ce n'est pas juste un titulaire, c'est une équipe, et cela, je pense que les autorités ne l'avaient pas compris avant. Un pharmacien seul n'aurait jamais pu assumer toutes ces missions. Maintenant, on voit que nous sommes arrivés au bout de ce que les équipes officinales peuvent faire, il faut donc nous donner les moyens de renforcer nos équipes. Nos salariés, comme tous les autres, sont confrontés à l'inflation et à la problématique du pouvoir d'achat. Nous avons accordé une première revalorisation de 3 % en novembre et une seconde, de 3 % également, en juin. Nous avons pu l'assumer en 2022 grâce aux missions Covid mais la donne sera différente en 2023. On espère donc que la CNAM nous soutiendra », indique d'ores et déjà le président de la FSPF.
Nouvelles missions : un travail de pédagogie à mener auprès des pharmaciens
Si l'ensemble des nouvelles missions prévues dans la convention sont théoriquement opérationnelles depuis le 7 mai, il faudra néanmoins attendre le 7 novembre et la fin du délai de 6 mois qui suit la parution au « Journal officiel » de l'arrêté portant approbation de la convention pharmaceutique pour les voir s'appliquer sur le terrain. Seule exception, la distribution des kits de dépistage de cancer colorectal. « À ce jour, 3 000 pharmaciens ont déjà commandé des kits », se félicite Thomas Fatôme. De son côté, la FSPF proposera dans les prochains jours aux pharmaciens une solution d’e-learning pour permettre aux pharmaciens de se lancer.
Le calendrier complexe de la mise en place de ces nouvelles mesures conventionnelles a parfois suscité de l'incompréhension chez de nombreux pharmaciens, mais aussi chez les assurés, qui n'ont pas toujours bien compris que l'élargissement de la vaccination en officine n'était pas possible dès aujourd’hui par exemple. « L'assurance-maladie n'a pas forcément donné toute la visibilité nécessaire, nous devons faire un effort de transparence. Des pharmaciens et des assurés ont pu être déçus », concède Thomas Fatôme, qui a par ailleurs précisé que la suppression du fameux délai de 6 mois pourrait être envisagée à l'avenir. « Cet automne, des délégués de la CNAM vont aller à la rencontre des pharmaciens. Des mails leur seront également envoyés pour les accompagner dans la mise en place de ces nouvelles missions », annonce-t-il également. À la rentrée, la FSPF organisera elle aussi un « Tour de France » avec le même objectif. « Nous irons dans toutes les régions, mais aussi dans les universités, pour expliquer comment tout cela va se mettre en place. À chaque étape, un dispositif sera évoqué. Le but c'est que les pharmaciens soient prêts en 2023 », précise Philippe Besset.
Thomas Fatôme, lui, veut également se projeter sur l'avenir. « Nous avons encore beaucoup de travail devant nous, sur l'insuffisance cardiaque, les opiacés, la transition écologique… Je suis également certain que de nous aurons dans les mois qui viennent de nombreux débats sur la question de l'accès aux soins et les compétences des différents professionnels de santé. » Pour les pharmaciens, la transformation du métier n'est sans doute pas encore terminée.
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