LA NOUVELLE LOI sur la santé électronique, qui vise en particulier à développer la télémédecine et l’utilisation de cartes et de dossiers médicaux informatisés, a été officiellement transmise cette semaine par le ministère de la Santé aux députés du Bundestag, qui seront amenés à en débattre et à l’adopter dans les semaines à venir. Comme en France, la question du dossier médical informatisé a pris beaucoup de retard, essentiellement en raison de problèmes de confidentialité. Les futurs dossiers incluent un « plan de médication » qui concernera tous les patients prenant plus de trois médicaments en même temps. Les pharmaciens, qui ont développé dans plusieurs régions des projets expérimentaux de suivi pharmaceutique, en coopération avec les médecins, espéraient depuis longtemps être chargés de cette partie du dossier. Toutefois, le ministère de la Santé a choisi une autre voie : ce sont les médecins qui, lors des consultations, inscriront leurs prescriptions dans le plan, l’objectif étant de déceler plus facilement les éventuelles incompatibilités et interactions. La liste des médicaments consommés trouve aussi tout son intérêt en cas d’accident et de soins d’urgence. Les médecins bénéficieront d’un complément d’honoraire pour la réalisation du plan. Les pharmaciens, eux, devront se contenter de le mettre à jour, en y inscrivant uniquement les OTC qu’ils délivreront à leurs patients. Par contre, cette opération ne leur sera pas rémunérée, le gouvernement estimant qu’elle fait partie du conseil normal déjà couvert par leur honoraire de délivrance. En d’autres termes, les pharmaciens sont non seulement chargés d’une tâche supplémentaire, mais voient, de plus, une activité par définition pharmaceutique leur échapper au profit des médecins. Toutefois, promet le gouvernement, une rémunération des pharmaciens pour le « suivi du suivi » est prévue à moyen terme… mais sans qu’aucune date ne soit arrêtée pour le moment.
Les pharmaciens redoutaient déjà, depuis quelques mois, une évolution du projet de loi dans ce sens, et n’ont jusqu’à présent rien pu faire pour le modifier. La déception était vive dans la profession, au lendemain de la présentation du texte. Une partie de la presse professionnelle estime d’ailleurs que ce projet est une claque pour les représentants officiels des pharmaciens, qui n’ont pas su défendre leurs intérêts lors de sa préparation. Par ailleurs, l’Ordre a rappelé solennellement que « les plans de médication n’ont de sens que si les pharmaciens y sont étroitement associés », et réclame d’urgence une réécriture du projet de loi. Mais le pire pourrait encore être à venir : d’autres volets de la réforme, portant notamment sur l’amélioration de la qualité des soins et sur la prévention, n’accordent qu’une place minime aux pharmaciens, et négligent, selon eux, toutes les initiatives qu’ils ont prises dans ce domaine depuis plusieurs années.
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