C’EST UNE NOUVELLE ÈRE qui s’ouvre pour la pharmacie. La parution, le 27 juin, de l’avenant n° 1 à la convention pharmaceutique donne en effet le coup d’envoi de la première mission rémunérée. L’accompagnement des patients sous antivitamine K (AVK) et les entretiens pharmaceutiques qui y sont associés, vont enfin pouvoir commencer. L’enjeu est de taille pour la profession. Car l’objectif premier de cet avenant, conclu en janvier entre les syndicats de pharmaciens et l’assurance-maladie, est de lutter contre les risques d’accidents iatrogéniques, « en s’engageant sur la diminution de leur incidence chez les patients chroniques sous traitement par anticoagulants oraux, ainsi qu’à l’amélioration de l’observance de ces patients », rappelle le texte en préambule. Entre 900 000 et 1 million de patients sont traités par un anticoagulant oral (ACO) en France et quelque 300 000 traitements sont initiés chaque année. Ces médicaments à marge thérapeutique étroite nécessitent une surveillance renforcée en raison du risque hémorragique élevé, mais également du risque thromboembolique en cas de sous-dosage. Et les accidents sont nombreux. Responsables de 17 000 hospitalisations et de 4 000 décès chaque année, les traitements par ACO constituent même la première cause d’accidents iatrogéniques en France. L’implication des pharmaciens dans la réduction de ces risques est donc particulièrement importante.
AVK uniquement.
Pour l’heure, seuls les patients traités par AVK sont concernés par l’accompagnement. Mais l’avenant stipule bien qu’il s’agit d’une première étape en l’absence de données concernant le bon usage des nouveaux anticoagulants oraux. Ainsi, « l’extension de ce dispositif d’accompagnement à l’ensemble des patients sous anticoagulants oraux interviendra par voie d’avenant, dès lors que des référentiels ou recommandations relatifs au bon usage de ces traitements seront rendus disponibles par les autorités sanitaires », est-il ainsi écrit.
Les malades sont informés de l’existence de cet accompagnement par l’assurance-maladie via un courrier d’information leur détaillant le contenu et les modalités du suivi dont ils pourront bénéficier. Un bulletin d’adhésion au dispositif est joint à ce courrier. Toutefois, l’officinal peut aussi le proposer directement au patient, à l’initiation du traitement.
Les malades ne sont pas obligés d’accepter ce suivi. Ils ont en effet le choix d’y participer ou non, tout comme celui du pharmacien qu’ils souhaitent affecter à leur accompagnement. « Le patient peut, à tout moment, désigner un nouveau pharmacien, y compris au sein de la même officine, ou ne plus participer au programme », précise le texte. À noter que, en cas d’absence du pharmacien désigné, l’accompagnement peut être assuré par tout pharmacien inscrit à l’Ordre et exerçant au sein de cette même officine, après accord du patient.
Un guide pour les entretiens.
Afin de permettre au pharmacien de mener à bien cet accompagnement, les partenaires conventionnels ont établi plusieurs supports, élaborés à partir des référentiels de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Un guide pour mener l’entretien pharmaceutique et une fiche de suivi de cet entretien (qui constitue un support d’échanges avec le patient) ont ainsi été mis au point. « Le questionnaire, élaboré à partir des documents de référence établis par l’ANSM, constitue une trame d’échanges avec le patient, expliquent les signataires de l’avenant. Il aborde dans ce cadre l’ensemble des points qui apparaissent incontournables pour un suivi optimal du patient. Il doit ainsi être considéré comme un fil conducteur de l’entretien et non comme un verbatim précis des questions à poser. » Ces documents doivent être déjà arrivés dans la plupart des officines.
Entre 1 000 et 1 500 euros par an.
Mais la grande nouveauté du dispositif est que le pharmacien est rémunéré pour assurer ce suivi, à condition qu’il réalise, pour chaque patient, au moins deux entretiens pharmaceutiques au cours de l’année civile de référence, ou au moins un entretien si l’adhésion intervient à compter du second semestre de l’année. « Le pharmacien procède à la déclaration de réalisation des entretiens par télétransmission », souligne l’avenant.
Le versement de la rémunération sera effectué au cours du premier trimestre de l’année suivante, sur la base des entretiens pharmaceutiques réalisés pendant l’année. « La rémunération perçue pour un patient donné est limitée à une seule officine pour l’année civile de référence considérée, indique le texte. Le paiement sera, dans ce cadre, effectué auprès de la première officine ayant déclaré la réalisation d’entretiens pharmaceutiques. » Le montant de cette rétribution est fixé à 40 euros par an et par patients. Selon les syndicats, chaque officine pourrait ainsi bénéficier de 1 000 à 1 500 euros par an. Un revenu supplémentaire à ne pas négliger.
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