Dans plusieurs départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), des pharmaciens ont décidé de ne plus réaliser de tests Covid pour protester contre la baisse de prix.
Dans la Drôme et en Ardèche, la baisse de prix des tests antigéniques entérinée le 1er avril (de 20 euros à 16,50 euros) aura été celle de trop. À l'initiative de Sonia Jouve, vice-présidente de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), un mouvement de grève a démarré la semaine dernière. Des officinaux adhérents de son syndicat mais aussi de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ont décidé de s'unir pour afficher leur mécontentement. « Dans ces deux départements, les trois quarts des pharmaciens qui faisaient encore des tests ont décidé d'arrêter », affirme Olivier Rozaire, président de l'URPS Pharmaciens et de l'USPO de la région AURA. À son tour, il a invité les confrères et consœurs de son département, la Loire, à en faire de même. Puis, des pharmaciens de Haute-Savoie, de l'Isère ou encore du Puy-de-Dôme ont embrayé. « Nous avons lancé un appel aux pharmaciens de la région pour qu'ils arrêtent de tester. Ceux qui ont décidé de suivre orientent les patients vers les laboratoires, les médecins ou les infirmières. » Selon Olivier Rozaire, ce mouvement de grève « aura un impact non négligeable sur le testing dans les jours à venir ».
Peur que de nouvelles baisses soient appliquées tôt ou tard, agacement au sujet des différences de prix selon les professionnels de santé, incompréhension vis-à-vis de la stratégie actuelle contre le Covid… les motifs de colère sont nombreux pour Olivier Rozaire. « Il y a eu une démultiplication phénoménale du nombre de tests, notamment parce qu'il fallait tester les enfants cas contact 3 fois par semaine, mais est-ce de la faute des pharmaciens ? Peut-être aurait-il été préférable de faire moins de tests mais de les faire mieux. Ainsi, le coût pour la Sécurité sociale aurait été moins élevé et la rémunération de l'acte serait restée avantageuse pour les professionnels », estime-t-il.
Si la contestation semble monter sur le terrain, hors de question de lancer un appel à la grève au niveau national. Président de l'USPO, Pierre-Olivier Variot ne veut pas entendre parler de ce terme. Il invite simplement les pharmaciens à « ralentir » et à ne faire des tests que dans la mesure de leurs possibilités. De son côté, Philippe Besset, son alter ego de la FSPF, a « du mal à imaginer que des pharmaciens puissent laisser tomber leur patientèle ». S'il dit comprendre parfaitement l'exaspération de la profession, il veut rappeler que l'enjeu se situe bien au-delà de cette dernière baisse de prix. « Ce qui est important c'est de pérenniser ce modèle de testing et de faire entrer les outils de lutte contre le Covid dans le droit commun ».
Si Olivier Rozaire rejoint Philippe Besset sur ce dernier point, il regrette vivement que les représentants nationaux des syndicats de pharmaciens ne se mobilisent pas davantage contre cette dernière baisse de prix. « La base est excédée et je trouve dommage que le national ne nous écoute pas davantage. Ce que je constate c'est que des pharmaciens de terrain s'interrogent réellement sur ce que font les syndicats pour défendre leurs intérêts », avertit Olivier Rozaire. Il annonce que le mouvement de grève lancée dans la région AURA durera « jusqu'au week-end de Pâques ».
D'ores et déjà, une baisse du nombre de tests Covid est observée depuis quelques jours au niveau national. « Après une hausse continue des tests les dernières semaines, une décroissance se met en place passant sous la barre des 4 millions de tests réalisés sur 7 jours glissants », explique en effet la Direction générale de la Santé en se basant sur le nombre de tests réalisés entre le 28 mars et le 4 avril. « Ce ralentissement s'explique peut-être par la baisse de prix mais aussi, vraisemblablement, par une baisse de la demande. On voit que le nombre de tests PCR est en diminution lui aussi », commente Pierre-Olivier Variot. Plus catégorique, Philippe Besset analyse cette baisse du dépistage comme une preuve du reflux de l'épidémie. « La baisse de prix ne joue aucun rôle là-dedans », affirme-t-il.
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