Cette semaine, les commandes de vaccins Pfizer pour les pharmacies sont limitées à 2 flacons. Une aberration, selon certains pharmaciens, qui estiment qu'il leur en faudrait beaucoup plus.
C'est un retournement de situation. Le 30 novembre, le ministre de la Santé exhorte les officinaux à accélérer la campagne vaccinale et assure que les doses nécessaires sont disponibles. Onze jours plus tard, alors que les officines peuvent désormais vacciner le dimanche, un message de la direction générale de la santé (DGS) limite… à 2 flacons de vaccin Pfizer par pharmacie qui vaccine (et 1 flacon par médecin, infirmier, sage-femme et dentiste) les commandes qui pourront être passées cette semaine.
Par ailleurs, seulement un million de doses de Pfizer seront livrées en ville entre le 17 et le 21 décembre et par conséquent, les pharmaciens recevront au maximum trois flacons lors de cette livraison. « Les flacons Pfizer-BioNTech commandés au-dessus de cette limite ont été remplacés par des flacons de vaccins Moderna », précise la DGS.
Un dilemme pour les pharmaciens qui avaient organisé leurs rendez-vous en conséquence depuis les annonces d’Olivier Véran. « On nous demande de vacciner le dimanche… Et on nous annonce une limite à 2 flacons Pfizer pour la semaine. Sérieusement ? On en fait 4 par jour ! », s’insurge Olivier Rozaire, titulaire à Saint-Bonnet (Loire), qui estime pouvoir utiliser jusqu’à 40 flacons hebdomadaires.
Le président de l’URPS Rhône-Alpes s’apprête à réserver en toute logique ces deux flacons aux personnes de moins de 30 ans. Toutefois, il redoute que la situation ne se débloque pas avant janvier. Des semaines difficiles s’annoncent donc pour les pharmaciens qui, comme lui, vont devoir redoubler de pédagogie. Car, sur les 80 % des patients âgés de plus de 30 ans qui se font vacciner dans son officine, bon nombre réclament une dose de Pfizer. « Les annonces médiatiques ont jeté l’opprobre sur le vaccin Moderna que nous avons pourtant administré tout au long de l’été. C’est devenu intenable, il faut désormais convaincre nos patients qui, en cas d’effets indésirables, ne manqueront pas d’incriminer le Moderna », déplore Olivier Rozaire. Le pharmacien diffuse de la documentation sur les bénéfices de la vaccination hétérologue, s’évertue à convaincre et use de patience. Mais l’exercice se révèle chronophage : « On doit y consacrer au moins dix minutes, contre deux minutes en temps normal ! »
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