Organisées chaque année à l’initiative des Drs Didier Poivret (Metz) et Christelle Sordet (Strasbourg), les « journées régionales d’ETP en rhumatologie du Grand Est » associent réflexions pratiques et théoriques sur la promotion de l’ETP, exemple s’il en est de coopération entre les médecins et les pharmaciens. Dans plusieurs hôpitaux, les deux professions élaborent ensemble des outils éducatifs, avec par exemple, à Thionville, un « tableau ETP » sur l’ostéoporose, constitué de magnets à choisir puis à fixer. En Moselle, des « équipes mobiles » de libéraux, associant médecin, pharmacien, infirmière et diététicienne s’apprêtent à lancer des réunions décentralisées d’ETP sur le rhumatisme inflammatoire dans des petites villes.
Actions innovantes
Au-delà de la seule rhumatologie, ces rencontres fortement suivies permettent de faire un point plus global sur les progrès de l’ETP. Au niveau officinal, le groupement IFMO, qui participe à l’enseignement de l’ETP à la faculté de Strasbourg, a développé un « jeu de l’oie » sur lequel les patients posent leurs médicaments pour avancer, ainsi que plusieurs outils destinés à renforcer l’observance. Comme l’explique Xavier Schneider, pharmacien à Truchtersheim, près de Strasbourg, et président d’IFMO, plus de 200 pharmaciens alsaciens sont déjà formés à l’ETP et souhaitent développer cette activité, y compris à travers les réseaux de professionnels libéraux de la région, qui portent surtout sur l’obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Toutefois, les médecins généralistes s’avouent souvent moins bien formés à l’ETP que les pharmaciens, ce qui peut entraver les projets communs. À l’inverse, les médecins déjà « convertis » à l’ETP insistent sur l’importance du rôle des pharmaciens, dans ce domaine comme dans la prévention en général : « la politique de prévention devrait commencer à la pharmacie, parce que beaucoup de patients qui vont à la pharmacie ne viennent pas nous voir, ou alors déjà trop tardivement », relève le Dr Dominique Gras, généraliste à Strasbourg et coordonnateur du réseau de santé « REDOM ».
Mais même isolés, certains pharmaciens peuvent mener des actions innovantes en matière d’ETP et d’observance, à l’image de l’« atelier médicaments » entièrement conçu par une pharmacienne hospitalière, Anne-Christine Ley-Lorrain. Responsable de la pharmacie de la clinique psychiatrique de Novéant-sur-Moselle, elle a passé il y a quatre ans un Diplôme universitaire de formation à l’ETP. Depuis, elle organise tous les mardis des réunions avec les patients, qui apprennent à connaître leurs médicaments, mais aussi à les trier et à mieux les prendre une fois rentrés chez eux, notamment avec des « livrets médicaments » adaptés à chacun d’entre eux. Près de 80 % des patients passent au moins une fois par son atelier, qui propose aussi des activités spécifiques autour du Baclofène. Au-delà de l’intérêt pour les patients, ces ateliers ont changé la vision qu’avait la pharmacienne de son métier : « avant, j’étais seule dans ma pharmacie, au sous-sol de la clinique, et je ne voyais que des médicaments, alors que maintenant, je vois des patients », explique-t-elle se félicitant de cette évolution.
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