L'heure n'est pas encore au bilan. Mais, « manifestement, les pharmaciens s’intéressent au bilan partagé de médication, car les confrères participent aux sessions de formation », relève Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ce qui montre, à ses yeux, que les officinaux ont l’intention de se lancer dans cette nouvelle mission.
Plusieurs Unions régionales de professionnels de santé (URPS) proposent d’ailleurs de les accompagner via des formations ou des outils pratiques (voir ci-dessous). Plusieurs groupements ont aussi décidé d'aider leurs adhérents pour la réalisation de bilans, tels Pharmactiv ou le groupe PHR. En partenariat avec le Comité de valorisation de l'acte officinal (CVAO), Pharmacie Référence Groupe a ainsi édité un guide complet rappelant l’ensemble du dispositif. « La France vieillit et les patients âgés ont besoin d’un accompagnement, expliquait récemment au « Quotidien » le président du CVAO, Jean-Michel Mrozovski (notre édition du 12 février). S’ils ne le trouvent pas en pharmacie, ils iront le chercher ailleurs, et une fois les habitudes prises il sera pratiquement impossible de revenir en arrière. Le bilan de médication est une opportunité pour concrétiser une vision proactive et valorisante de la profession. »
Un objectif de 20 bilans par office et par an
Outil de lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse, le bilan de médication s’adresse aux patients âgés d’au moins 65 ans présentant au moins une affection de longue durée. Mais aussi aux personnes de plus de 75 ans sous traitement comportant au moins cinq molécules ou principes actifs pendant six mois ou plus. Et ceux-ci semblent demandeurs. « Quand nous le proposons à nos patients, nous avons peu de refus en retour », remarque Philippe Gaertner, qui a déjà une cinquantaine de malades inclus dans ce dispositif. Ce qui est déjà plus de deux fois l'objectif de 20 patients par officine fixé par l’assurance-maladie pour cette année. « Ce nombre est parfaitement atteignable. Toute officine, quelle que soit sa taille, est en capacité de le faire », assure le président de la FSPF. Pour y parvenir, il suffit, selon lui, d’inclure environ un patient par semaine d’ici à la fin de l’année, en tenant compte de la période estivale. Mais attention, pas question pour autant d'abandonner les entretiens pharmaceutiques. « Il faut mixer bilans et entretiens, explique Philippe Gaertner. Les entretiens, qui portent sur une molécule, un traitement particulier, sont une porte d’entrée vers le bilan. » En menant ces bilans, le président de la FSPF a pu constater que les malades ont parfois une mauvaise compréhension des traitements qui leur sont prescrits. Une anecdote l’a marqué : « Un patient, qui avait une ordonnance de furosémide, pensait que ce médicament était destiné à traiter son problème de prostate, et il avait tendance à ne pas le prendre tout le temps. Maintenant qu’il a compris qu’il s’agissait en réalité d’un traitement pour son insuffisance cardiaque, je crois qu’il le prend régulièrement. » Et il conclut : « Il y a un véritable intérêt à expliciter les traitements aux patients afin d’améliorer l’observance. »
Ces bilans peuvent aussi représenter une nouvelle source de revenus pour les pharmaciens. En effet, les officinaux sont rémunérés 60 euros par patient la première année, 20 euros les années suivantes en cas de continuité du traitement, 30 euros en cas de nouveaux traitements. Rien que cette année, si l’objectif des 20 bilans est respecté, un pharmacien pourra ainsi gagner 1 200 euros supplémentaires.
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