L’expérimentation de la vaccination antigrippale à l’officine a irrité la Fédération nationale des infirmiers (FNI). D’autant que le syndicat des infirmiers diplômés d'État libéraux (IDEL) n’a toujours pas digéré que les officinaux puissent assurer le suivi des malades sous anticoagulants oraux.
Pour la FNI, il est « inadmissible que seuls les pharmaciens aient obtenu un rôle dans l’accompagnement des patients sous anticoagulants oraux par AVK, alors que les IDEL sont en premier en contact des patients, à même de connaître leurs habitudes et de les conseiller dans l’optimisation de leur traitement ». Pour les infirmiers, trop, c’est trop.
« Après les médecins qui ont obtenu la vente des vaccins, voici les infirmiers qui revendiquent les entretiens pharmaceutiques AVK, lance un brin ironique Marion-Chantal. Les syndicats l'ont bien cherché avec cette "connerie" de vaccination à l'officine. » « Voilà où on en arrive quand on veut prendre le boulot des autres, estime également Jean-Luc. Je les comprends, moi je serais à leur place, je revendiquerais le droit de délivrer du paracétamol. »
« Voilà ce que ça donne quand on veut tout déréguler, déplore pour sa part Pascal. Uber remplace le taxi, un non diplômé peut ouvrir un salon de coiffure, un bricoleur non qualifié remplace le peintre et le maçon, l'opticien fait l'ophtalmo, le pharmacien remplace l’Infirmière et le médecin, avec son stock de vaccin, remplace le pharmacien, etc. » Brigitte, elle, considère que tout cela relève du principe « diviser pour mieux régner ». Elle juge important d'intégrer un réseau de soins, ce qui facilite les relations entre les professionnels. « J'ai d'excellents contacts avec les médecins et les infirmières de mon secteur, on travaille ensemble plutôt que se tirer dans les pattes », tout en considérant que la vaccination est un acte médical.
Pour Didier, le suivi des patients sous AVK devrait être réservé aux médecins généralistes, cardiologues et biologistes du patient. « Je suis contre l'adaptation des traitements AVK par d'autres que ceux qui sont formés et sont capables de le faire », affirme-t-il. Thilo tient pour sa part à préciser que les pharmaciens ne sont pas censés interférer dans le traitement, ni adapter les posologies, mais prendre le temps d’expliquer aux patients leur traitement et les conséquences sur leur vie de tous les jours. « Notre entretien est basé sur la recherche des facteurs de déséquilibre des patients », ajoute Agnès. Pour elle, pharmaciens et infirmiers sont « complémentaires ». Laurianne estime également que l’explication du traitement, les précautions à prendre et les risques iatrogéniques sont parfaitement de la compétence des pharmaciens. En revanche, elle est d’accord avec le FNI, la vaccination est uniquement du ressort des infirmiers.
Pour sa part, Florence se demande si le rôle du pharmacien n’est pas davantage de préparer les piluliers, contre une rémunération, plutôt que de vacciner. « Nous sommes quand même les spécialistes du médicament et pas de la vaccination », souligne-t-elle. « Comme si on avait des journées pas assez remplies, soupire pour sa part Nadine. On nous rajoute le boulot des autres pour compenser la baisse de notre rémunération avec la vaccination et on nous demande de faire des consultations que nous faisions informellement au comptoir. » Sans parler des délais de paiement. « Que c'est compliqué et long pour se faire payer, indique-t-elle. Est-ce que les médecins accepteraient d'être payés de leur consultation 6 mois après ? »
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